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Destruction de mausolées de Tombouctou : 9 à 11 ans de prison requis contre l’islamiste repenti

L’accusation a requis une peine « exemplaire et juste » au troisième jour du procès intenté contre Ahmed Al-Faqi Al-Mahdi devant la Cour pénale internationale (CPI), mercredi 24 août, à La Haye. La Cour prononcera son jugement le 27 septembre.

Poursuivi pour « crime de guerre » pour la destruction de neuf des mausolées de Tombouctou et de la porte de la mosquée Sidi Yahia en juillet 2012, cet ancien membre d’Ansar Dine qui, avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), avait mis la ville en coupe réglée entre avril 2012 et janvier 2013, a plaidé « coupable ».

Il reconnaît avoir fourni les hommes, les armes et supervisé les destructions. Ahmed Al-Mahdi était « le chef d’orchestre de la destruction », a affirmé le substitut du procureur Gilles Dutertre aux trois juges. Pourtant, ce Touareg originaire de Tombouctou « ne pouvait ignorer ce que les mausolées représentaient ».

Avant leur destruction, cet expert en questions islamiques, devenu conseillé des émirs d’Ansar Dine et d’AQMI, avait été consulté. Pendant un mois, il avait surveillé l’activité des habitants autour des mausolées, avait conclu que leurs pratiques, jugées « idolâtres », n’étaient pas conformes à l’islam, mais conseillé de ne pas détruire les mausolées. Iyad Ag-Ghaly, alors chef d’Ansar Dine, en décida autrement.

« En poussière »

« Al-Mahdi est la personne qu’Abou Zeid consultait, même dans la création des organes » de l’occupation à Tombouctou, a rappelé encore le procureur. Il avait « des liens de confiance et d’amitié avec ce chef historique d’AQMI », nommé gouverneur de Tombouctou. C’est Al-Mahdi en personne qui avait pris la tête de la Hesbah, la brigade des mœurs pour réprimer ceux qui fument, écoutent de la musique… Lui qui justifiait sur la place publique les peines infligées par le tribunal islamique. Lui qui, enfin, réduisit « en poussière »le patrimoine de la ville.

Le procureur n’a néanmoins appelé aucun témoin de Tombouctou à venir déposer à la barre devant la cour durant ce rapide procès. Notamment parce que « l’accusé a avoué, a exprimé ses remords et a coopéré ». D’abord en septembre 2015, alors qu’il est détenu au Niger où il avait été arrêté un an plus tôt à bord d’un convoi transportant des armes depuis la Libye. Au cours de son interrogatoire par un enquêteur du procureur, il raconte la destruction des mausolées et « a fourni des informations importantes sur d’autres sujets ».

Détenu dans la prison de la CPI à partir du 26 septembre, il continue de coopérer « dans le cadre des enquêtes menées par le bureau du procureur au Mali ». Prenant en compte la coopération et les aveux, le procureur requiert, pour conclure, une peine de neuf à onze ans de prison. Une décision issue de la transaction engendrée par la reconnaissance de culpabilité de l’accusé. Les juges ne sont néanmoins pas liés par cet accord et peuvent décider d’une peine maximale de trente ans.

Le procureur se trouve donc en position délicate : obtenir une punition à la hauteur d’un crime « contre l’Histoire et la mémoire », contre le patrimoine de l’humanité, qui est « ce que nous sommes, le prolongement de nous-mêmes », et dont la destruction « nous transforme en voyageur sans bagages, des êtres sans âmes, sans espoirs, sans mémoire », a conclu le procureur.

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