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Crise anglophone au Cameroun : le bilan des victimes de la répression du 1er octobre s’alourdit

Les violences survenues depuis le 1er octobre dans les régions du sud-ouest et du nord-ouest du Cameroun ont fait des dizaines de morts et des centaines de blessés, alors que plusieurs dizaines de personnes restent emprisonnées. 30 décès ont été signalés nominativement au REDHAC, suite aux tirs à balles réelles et à l’usage excessif de gaz lacrymogènes par les forces de défense et de sécurité. La FIDH, la MHDC et le REDHAC appellent les autorités à mettre un terme à la répression, à faire la lumière sur les violences survenues ces derniers jours et à en poursuivre les auteurs.

Les violences survenues lors de la répression des manifestations entourant le 56ème anniversaire de la réunification du Cameroun le 1er octobre 2017 ont fait des dizaines de morts dans le nord ouest et le sud ouest du pays. 30 décès ont été nominativement signalés au REDHAC.

Les décès des derniers jours ont été causés par des tirs à balles réelles et un usage excessif de gaz lacrymogènes. Ces derniers conduisant à des décès par asphyxie. Les quatre premières victimes signalées au REDHAC remontent aux violences du 28 septembre à EKONA dans le sud-ouest, lors de fouilles organisées par les forces de sécurité en prélude aux manifestations annoncées pour le 1er octobre.

La grande majorité des décès date du 1er octobre à Bamenda, Buea et Limbe dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays, lorsque des cortèges de manifestants désarmés ont été dispersés par les forces de défense et de sécurité par des tirs à balles réelles. En outre, la répression a touché de nombreuses localités, dont Mamfé, Tombel, Kumba et Akwayafé. Les forces de l’ordre y auraient fait des irruptions brutales dans des propriétés privées, battant et arrêtant de nombreuses personnes.

Par exemple, le dimanche 1er octobre, dans le village Akwaya, situé dans une zone très enclavée dans le département de la Manyu, une dizaine d’hommes en tenue et lourdement armés ont fait irruption au domicile de Paul Aya Abine, Magistrat à la Cour Suprême du Cameroun. Après avoir cassé la porte principale, ils ont jeté des gaz lacrymogènes, et saccagé son domicile en tirant les coups de feu. Ayant constaté son absence, ils se sont dirigés au domicile de sa sœur Sophia AYAH. Ils sont entrés après avoir tiré sur la porte, fouillant et saccageant son domicile. D’autres maisons du quartier furent ensuite saccagées et pillées.

Lors des arrestations et détentions, des témoignages font état de traitements inhumains et dégradants par les forces de l’ordre et les militaires. Des dizaines de personnes seraient par ailleurs toujours portées disparues.

« Il est inacceptable que des manifestations pacifiques soient dispersées par des balles. La violente répression en cours ne réglera pas les questions posées par les mouvements de contestation de la minorité anglophone. Elle risque au contraire d’exacerber les tensions, radicaliser les positions, et mener à une escalade de violence. Il est urgent que des enquêtes soient immédiatement diligentées sur la répression sanglante des derniers jours et que les responsables soient traduits en justice ». »

Paul NSAPU, Secrétaire général de la FIDH

Malgré un calme relatif depuis les violences de dimanche dernier, plusieurs personnes continueraient de faire l’objet d’arrestations et d’actes d’intimidation. Les tensions en cours ne se limitent pas aux régions du sud-ouest et du nord-ouest. A Yaoundé, dans des quartiers majoritairement peuplés par des anglophones, des fouilles et arrestations dans des domiciles privés auraient été conduites sans mandat. Un décret a été pris par les gouverneurs de ces deux régions imposant à l’ensemble de la société civile des restrictions aux libertés de mouvement, d’expression, de réunion et de manifestation. L’accès à internet a été de nouveau suspendu. Malgré l’expiration de ces mesures administratives, la tension persiste.

Depuis une année, les régions du nord ouest et du sud ouest du Cameroun sont l’objet de mouvements de contestation réclamant une meilleure prise en compte des droits et spécificités culturelles de la minorité anglophone (20% de la population). Cette dernière s’estime marginalisée par le pouvoir central. Faute de dialogue et face aux arrestations et répressions, certains mouvements réclament désormais le retour au fédéralisme ou l’accès à l’indépendance. Jusqu’à présent, le gouvernement est resté sourd aux nombreux appels invitant les différentes parties à un dialogue inclusif, favorisant la fuite en avant vers les violences.

« Face aux tensions des dernières semaines et la flambée de violences du 1er octobre 2017, il est impératif pour les manifestants, les leaders politiques ou communautaires et les médias d’éviter la propagation des propos haineux et incendiaires, qui ne feraient qu’envenimer la situation. Seuls le dialogue, l’apaisement et la retenue peuvent constituer un cadre favorable de discussion et de résolution de la crise actuelle, dans le respect des droits fondamentaux protégés par la constitution du Cameroun »

Maximilienne NGO MBE du REDHAC
Source :

Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme FIDH

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