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Cameroun: pourquoi je suis Donkeng et je ne marcherai plus le 28 février

Hier matin, un journaliste m’a contacté, me disant que la famille Donkeng n’était pas d’accord avec la campagne ‘Je suis Donkeng !’ que j’ai lancé ici le 11 janvier 2015 après avoir parlé au téléphone avec Cosmas Donkeng, le père du premier officier camerounais mort au front dans la lutte contre Boko Haram. L’histoire de Kevin Joseph Donkeng, écrivain jadis et officier mort si jeune, à 26 ans à Kolofata, parce que jeté au front sans préparation, m’avait et me coupe toujours le cœur. Son histoire a coupé également le cœur de nombreux citoyens camerounais qui, de New York, Washington à Dubaï, Paris, Yaoundé, Bertoua ou Douala, y compris ses propres camarades militaires au front, à Kawara dans l’extrême Nord, ont fait de son nom un symbole historique. Dans mon élan cependant, je n’avais pas pris l’accord de la famille Donkeng, ni ne l’avais informée sur les données de la campagne qui s’est au fond dessinée en chemin elle-même, tous les jours et de manière quasiment autonome. Ce caractère autonome, mais effectif de la campagne a généré un certain nombre de malentendus. J’ai appelé ce matin une fois de plus le père de Kevin Donkeng, pour clarifier ces malentendus. Je l’ai écouté, et l’ai évidemment compris.

Je ne saurais jamais faire une action publique sans l’accord de la famille dont je défends le fils, car quelque soit ma douleur, elle ne fait qu’écho à celle du père, de la mère, des frères et des sœurs, bref, de la famille éprouvée. Une campagne publique n’est pas un substitut à la famille ; elle est l’expression publique de sa douleur. C’est dans ce sens, et uniquement dans ce sens qu’elle devient politique, car c’est ainsi qu’elle bâtit une communauté. Parce que mes prises de positions publiques qui sont aussi exprimées sur le t-shirt ‘Je suis Donkeng’ sont la source du malentendu sur cette définition mienne de la politique, qui elle, est l’essence de la campagne que je mène autour du nom Donkeng, je ne participerai pas, et le Tribunal Article 53 ne participera pas, à la grande marche qui est annoncée par le collectif ‘Unis pour le Cameroun’ à laquelle je m’étais associé, marche qui aura lieu le 28 décembre 2015 à la Poste centrale de Yaoundé. J’espère ainsi donner à la famille de l’officier décédé, la garantie de ma bonne foi, tout comme l’assurance que l’action dont Donkeng porte le nom, veut fondamentalement attirer l’attention sur les soldats blessés qui sont à l’hôpital militaire de Yaoundé, tout comme les aider à rester en vie.

En 29 jours de vente effective du t-shirt ‘Je suis Donkeng !’, nous avons cependant pu déjà accumuler la somme de 1.440.625 Fcfa ! Mieux, le nom Donkeng a été à l’avant-garde de plusieurs gestes de respect nécessaire des autorités camerounaises envers nos soldats morts, blessés ou actifs au front, gestes qui jusque-là manquaient cruellement dans la scène publique. Il demeure donc la sentinelle d’une république invisible qui, à travers internet s’est manifestée de manière active pour nommer et soutenir individuellement nos soldats morts au front, quelque soit leur grade ou leur tribu, dans notre bataille collective contre le terrorisme. À cause de sa patience silencieuse, je remercie la famille Donkeng, et lui promet ici d’arrêter également avec la vente du t-shirt qui porte le nom de son fils. Je remercie aussi tous ceux qui dans les coulisses insondables de Facebook, ont rendu cette campagne possible – ils se reconnaitront. L’action qui porte le nom Donkeng avait cependant un but précis, fondé sur ma promesse de rendre un compte public de la campagne, et en mai 2015, lors de mon voyage au Cameroun, de remettre l’argent collecté à l’hôpital militaire de Yaoundé, en m’assurant que cet argent sera utilisé dans le but effectif de remettre sur pieds les soldats blessés au front. Le compte public sera rendu dans les prochains jours. Le but de la campagne demeure, évidemment, et je le remplirai en mai, comme promis, avec la fierté qui m’a fait être moi-même le premier à mettre mon propre argent, jusqu’ici la somme la plus élevée, dans le fond Donkeng, et pour constituer la chaine de solidarité qui a eu lieu, à porter en premier le t-shirt ‘Je suis Donkeng !’ Oui, je suis Donkeng, mais ne marcherai pas le 28 février.

Nous sommes ensemble !

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