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Cameroun : La BICEC tente de sauver son image, après des détournements de 50 milliards de FCFA en 12 ans

Engluée dans un vaste scandale de détournements pourtant sur quelque 50 milliards de FCFA, la Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit (BICEC) tente de sauver son image à travers une communication plutôt difficile à décrypter.

La maison, qui se présente comme «le 1er réseau bancaire au Cameroun», détenu à hauteur de 68,5 % par le groupe français Banque populaire et caisse d’épargne (BPCE) et de 17,5 % par l’État du Cameroun, dans son dernier communiqué, «tient à réaffirmer à ses clients qu’elle est digne de leur confiance, comme elle l’a toujours été».

S’estimant victime des agissements non conformes aux procédures de certains ex-collaborateurs, elle «a porté plainte auprès de la justice camerounaise» et «ne fait aucun commentaire sur la procédure judiciaire en cours», en même temps qu’elle «confirme qu’elle est une institution solide et qui respecte l’ensemble de ses ratios réglementaires».

Cette banque avait déjà usé de la même approche ambiguë le 9 mars dernier, «suite à la parution d’articles de presse faisant état d’opérations financières supposées frauduleuses au sein de la banque et mettant en cause certains collaborateurs». La BICEC indiquait alors qu’«une enquête interne est en cours au sein de la banque sur d’éventuels agissements non-conformes aux procédures. En fonction des résultats de cette enquête, la banque prendra les mesures nécessaires. La banque ne confirme pas le nom de la ou des personne(s) concernée(s) par cette enquête, ni les montants cités par les médias, ni les opérations concernées. La BICEC confirme qu’elle est une institution solide, largement profitable et qui respecte l’ensemble de ses ratios réglementaires. La santé de la banque n’est pas en jeu. La BICEC tient à réaffirmer à ses clients qu’elle est digne de leur confiance, comme elle l’a toujours été. Leur banque étant l’un des leaders du marché bancaire camerounais, sa solidité financière est intacte et largement suffisante pour garantir son avenir».

La réalité est pourtant loin de refléter cette sérénité affichée. Le 8 août dernier en effet, l’ex-directeur général adjoint, Innocent Ondoa Nkou, l’ancien directeur de la comptabilité et de la trésorerie, Samuel Ngando Mbongue, le patron du prestataire Interface, Martin Nyamsi ainsi que le promoteur du cabinet Seaca, Bénoît Ekoka, étaient mis sous mandat de dépôt et écroués à la prison centrale de Douala, la métropole économique.

Le tribunal de grande instance de la ville les accuse laconiquement de «faux et usage de faux». Une expression qui cache un vaste réseau de détournement de fonds, sans doute le plus lourd dossier de ce type au Cameroun, mis en place depuis 2004, mis au grand jour en février dernier et qui a laissé un trou financier de plus de 50 milliards de FCFA.

Début juin suivant, l’assemblée générale de la BICEC constatait que le bénéfice net de la banque a été de l’ordre de 4,5 milliards FCFA en 2015, contre près de 14 milliards FCFA un an auparavant soit une hausse de 9,3% par rapport à 2013. Un bénéfice en baisse de 63% et qui, de facto, entraînait le non paiement du dividende aux actionnaires sur deux exercices au moins.

L’Etat camerounais, qui a par ailleurs investi une cinquantaine de milliards de FCFA dans la restructuration dès 1997, accuse, selon des estimations dignes de foi, des pertes de l’ordre de 15 milliards de FCFA au bas mot en termes d’impôts sur les sociétés et d’impôts sur les bénéfices nets.

A l’origine du scandale, se trouve le prestataire Interface à travers des livraisons diverses ainsi que la maintenance du parc informatique. Le code de procédures de la BICEC prévoit une obligation de bons de commandes dans ce type de transactions. Mais cette pratique, qui vise la traçabilité et la transparence, sera mise à rude épreuve à travers des écritures comptables échappant de plus en plus à l’orthodoxie.

En interne en effet, Samuel Ngando Mbongue et Innocent Ondoa Nkou passent directement des commandes, parfois les plus farfelues, à Interface qui a la charge de recueillir les paiements, avant de les répartir entre les acteurs du réseau.

Secrétaire général du prestataire aujourd’hui à l’étranger, Anatole Antoine Nkolo expliquera qu’«il s’est instauré un tel climat de confiance entre la BICEC et Interface qu’il est très souvent arrivé que, dans des situations d’urgence, nous intervenions sans attendre de recevoir au préalable un bon de commande». Selon lui, «eu égard à la récurrence et au volume de ce type de situation, et en l’absence à la Bicec d’un dispositif fiable (sic) de suivi, il est fort possible que certaines prestations aient fait l’objet de multiples facturations».

En attendant le dénouement du dossier judiciaire, les observateurs ne manquent toutefois pas de s’interroger sur le rôle de Banque populaire dans cette affaire.

Selon les dispositions statutaires en effet, c’est le groupe français qui doit notamment occuper les postes de directeur général, de secrétaire général ou encore de directeur central des risques et conformités, autant d’instances clés dans le contrôle de conformité, et éventuellement pour la veille et l’alerte et qui ne semblent, tout comme le conseil d’administration, n’avoir rien constaté d’anormal dans la gestion de la BICEC pendant plus d’une décennie.

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