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Cameroun : handicapées, elles recyclent des déchets plastiques

Réunies au sein de l’Association des filles et femmes handicapées pour l’intégration totale au développement (Afhalitd), elles ont décidé ne pas vivre dans la mendicité

Protéger l’environnement en subvenant à leurs besoins, elles font d’une pierre deux coups. « Nous ne voulons pas rester au bord de la route pour quémander de l’argent aux passants. Nous voulons gagner convenablement notre vie », explique Marie-Louise Noubissi, présidente de l’Association des filles et femmes handicapées pour l’intégration totale au développement (Afhalitd). Une association qui aide les handicapées à gagner leur « indépendance financière ».

Sur la table couverte par une nappe immaculée, des porte-monnaies, chapeaux, porte-clés, sacs à mains et petites nappes brodées aux couleurs multicolores sont exposés. « Nous avons fabriqué tous ces objets à la main. Nous les fabriquons à l’aide des déchets plastiques ramassés dans les poubelles et dans les rues », confie Marie Mawabo, rencontrée à Douala, capitale économique du Cameroun.

Mawabo a perdu une jambe à la suite d’un accident de la circulation. Avec une quarantaine d’autres femmes handicapées-motrices, elles collectent des emballages plastiques communément appelés « nylons », les recyclent et en font des vêtements, chapeaux, paniers, porte-clés, bijoux….

Réunies au sein de l’Afhalitd, elles ont décidé ne pas vivre dans la « mendicité » comme de nombreux handicapés au Cameroun.

D’après l’enquête par grappes à indicateurs multiples (Mics 2011), 5,4% de la population au Cameroun souffrent d’au moins un handicap. Ces handicapés sont le plus souvent des mendiants visibles dans les grands carrefours, marchés et espaces publics des grandes villes.

« En 2010, deux de nos sœurs se sont formées au cours d’un atelier de recyclage des déchets plastiques. Elles sont revenues former toutes les membres de l’association et depuis, nous fabriquons des objets à l’aide des déchets pour survivre », indique Marie-Louise Noubissi.

Au siège de l’association située dans un quartier périphérique de Douala, ces femmes sont concentrées à la tâche. Certaines, après avoir lavé ces déchets plastiques non biodégradables issus des poubelles, les essuient, les repassent avec leurs mains et les placent sur une surface plane. A l’aide des ciseaux, elles découpent et forment un long fil qu’elles enroulent sur un morceau de bois: ce sont des bobines de « nylons » qu’elles tissent au fur et à mesure, à l’aide d’une aiguille à tricoter.

Henriette Tsingou, a perdu l’usage de ses pieds à l’âge de quatre ans à la suite d’une injection. Longtemps discriminée par sa famille, elle a grandi « à l’ombre de ses frères et sœurs, sans être jamais allée à l’école ». Mais aujourd’hui, grâce à Afhalitd, elle se fait un peu d’argent dans la récupération des déchets.

« Je fabrique des porte-clés, des porte-monnaie, des protège-téléphones que je vends aux clients qui me passent souvent la commande », explique-t-elle, le regard concentré sur la bobine de plastiques qu’elle tisse.

Les prix de ces objets de récupération vont de 500 F (0,8 USD) pour le porte-clé à 4 000 F. Cfa (environ 8 USD) pour un chapeau. Toutefois, trouver la clientèle est la grande difficulté de ces femmes handicapées.

« Nous écoulons nos produits le plus lors des foires et expositions et ce n’est pas assez, déplore Marie-Louise Noubissi. Nous avons besoin d’exposer nos fabrications dans les boutiques et supermarchés pour attirer plus de clients ».

Pour joindre les deux bouts, certains sont obligés de coudre des vêtements, de vendre des condiments et vivres frais dans les marchés de Douala. « Notre rêve est de recycler les déchets, de protéger l’environnement et de faire de l’argent pour nourrir notre famille », précise Marie Mawabo.

Le principal problème des membres de l’Association des filles et femmes handicapées pour l’intégration totale au développement reste le moyen de déplacement. En dehors des voitures et chaises roulantes, ces handicapées n’ont pas de voitures. « Pour prendre un taxi, nous pouvons mettre plus de quatre heures parce que les conducteurs trouvent que nous leur faisons perdre du temps. Nous avons besoin d’une voiture qui pourra nous transporter à chaque fois pour nous amener au siège de l’association », implore Henriette.

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