Ce matin, un de mes collaborateurs du Tribunal Article 53 m’a contacté, me disant qu’ils avaient été appelés par le directeur du Foyer du Marin, les informant du fait que des responsables de Amnesty international, en tournée au Cameroun, voulaient les rencontrer, et qu’ils avaient rendez-vous au Foyer du marin. Il s’agit de Gérard Kuissu, coordinateur national du Tribunal Article 53, Benjamin Guifo, Elvadas Kengne, et Akew Sab. Communication de routine, à laquelle il leur était demandé de joindre un journaliste de Le Messager. La délégation d’Amnesty international, était composée de six personnes, trois Allemands, un Anglais, un Belge, et un Nigérian. La rencontre a eu lieu entre 7 heures et 11 heures du soir, au Foyer du Marin, un dîner jovial en fait, au cours duquel la conversation a été agréable, et les échanges amicaux – comme entre des gens polis. Echanges si amicaux en fait que les cinq hôtes d’Amnesty international sont allés se coucher sans se rendre compte que ceux avec qui ils venaient d’échanger, étaient interpellés dès leur sortie de l’Hôtel du Marin, en pleine nuit, par des gendarmes en civil. Il était en effet 11 heures du soir.
Seul le responsable de l’hôtel, témoins de l’enlèvement des quatre activistes du Tribunal Article 53, s’est jeté à leur poursuite, lui qui quelques temps auparavant venait de subir une opération. A la gendarmerie de Bonanjo, son employé a été lui aussi retenu et incarcéré. Pendant ce temps, les quatre activistes subissaient un interrogatoire comme le livre le Cameroun des grandes ambitions ces temps derniers : ‘quelle est votre profession ?’, ‘quel est votre état civil ?’ ; mais les gendarmes voulaient aussi savoir comment ils s’étaient constitués en groupe, quel était l’objet de ce qui les réunissait ce soir, de quoi ils s’étaient entretenus avec les visiteurs d’Amnesty international, si durant le dîner ils avaient parlé des événements qui en Afrique de l’Ouest ont chassé Compaoré du pouvoir. Interrogatoire individuel qui pour Gérard Kuissu avait un chapitre autre : la gendarmerie voulait en effet savoir pourquoi il était allé au Nord, ce qu’il y avait fait et qui il y avait rencontré. Après que les cartes de visite des membres d’Amnesty qu’ils avaient reçues durant le dîner aient été saisies, trois des activistes, furent relâchés, à 1 heure 30 minutes, tandis que Gérard Kuissu sera maintenu en cellule ‘pour complément d’enquête.’ Le tout, alors que les membres de la délégation d’Amnesty, dormaient dans leurs chambres d’hôtel, et n’étaient au courant de rien de ce qui est devenu le quotidien dans le Cameroun des grandes ambitions !
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