Poursuivi pour « apologie de crime » et « menaces », l’auteur d’origine camerounaise a plaidé non coupable. Mais son procès a directement été renvoyé au 19 janvier 2018.
Le ministère public camerounais a finalement sollicité et obtenu le renvoi du procès de l’écrivain d’origine camerounaise Patrice Nganang au 19 janvier 2018. Poursuivi notamment pour « apologie de crime » et « menaces », il a plaidé, vendredi 15 décembre, « non coupable » lors de la première audience de son procès à Yaoundé. C’est son avocat, Me Emmanuel Simh, qui l’annonce, à l’issue d’une session qui fut très rapide.
Le procès s’ouvrira le 19 janvier 2018
L’objectif de la justice camerounaise est clair : il dit vouloir faire venir des témoins dans le cadre de ce dossier. Et ce, alors même que les infractions qui ont été notifiées ce vendredi à l’écrivain ne sont plus les mêmes que celles pour lesquelles il avait été arrêté le 6 décembre dernier. La principale accusation de menaces de mort proférées sur sa page Facebook contre le président Paul Biya a disparu.
Son avocat a réagi en affirmant : « Je ne sais pas de quels témoins il s’agit dans une affaire où on critique un post sur Facebook. Je ne sais pas ce que les témoins viendront dire d’autre puisque les éléments qu’on lui reproche sont tous contenus dans ce post. » Il est reproché à l’écrivain « les faits d’outrage à corps constitués, notamment d’avoir écrit que les forces armées camerounaises sont mendiantes et indigentes parce qu’elles demandent des bières aux gens », a expliqué son avocat. « On lui reproche (aussi) des faits d’apologie de crime et de violence et de menaces », a-t-il précisé. Pour l’avocat de l’écrivain, auteur de Temps de chien (Serpent à plumes), le parquet essaye de « mettre de côté » le chef de l’État alors que Patrice Nganang a été arrêté le 6 décembre sur la base d’une « note » du patron de la police indiquant qu’« on l’arrête pour enquêtes sur les propos écrits contre le président de la République ».
Une procédure viciée ?
Pour Me Simh, la procédure a « un caractère purement politique (…) contre quelqu’un qui a des positions connues et tranchées contre le régime de M. Biya ». Silencieux depuis quelques jours, le gouvernement avait pourtant confirmé par la voix de son porte-parole qu’il s’agirait plutôt de menaces contre le président Biya contenues dans la publication de l’écrivain sur Facebook. « Faites-moi confiance et je ne blague pas, je l’ai devant moi, lui, Biya, et j’ai un fusil, je vais lui donner une balle exactement dans le front. Je le dis depuis Yaoundé, où je suis », avait écrit Patrice Nganang le 3 décembre sur le réseau social.
Interpellé le 6 décembre à Douala, capitale économique du Cameroun, alors qu’il devait embarquer pour Harare, il a été placé en prison dans la nuit de jeudi à vendredi après une période de garde à vue. L’enseignant en littérature à l’université de New York disposait lors de son interpellation d’un passeport camerounais et d’un autre américain, selon des sources concordantes.
La police estime qu’il n’a pas le droit à un passeport camerounais puisqu’il a pris la nationalité américaine, a rapporté la presse locale. La Constitution du Cameroun ne prévoit pas de double nationalité, mais des médias locaux ont souligné que la plupart des hommes influents du Cameroun disposeraient de plusieurs passeports.
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