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Afrique du Sud : vives réactions après l’annonce du retrait de la CPI

Après le Burundi, l’Afrique du Sud a annoncé vendredi 21 octobre son retrait de la Cour pénale internationale. Une lettre a été envoyée mercredi 19 au secrétaire général des Nations unies pour notifier cette décision. Le départ de l’Afrique du Sud de la CPI aura lieu dans un an à compter de la date de réception de cette missive. Le ministre sud-africain de la Justice a motivé cette décision en expliquant que l’adhésion à la CPI est en contradiction avec l’obligation faite à l’Afrique du Sud de respecter l’immunité diplomatique de certains dirigeants. Les réactions sont vives dans le pays.

Les organisations de défense des droits de l’homme parlent d’une seule voix pour dénoncer la décision de l’Afrique du Sud. Pour la South African Litigation Center (SALC) – l’organisation qui avait lancé un recours pour demander l’arrestation du président Omar el-Béchir lorsqu’il se trouvait en Afrique du Sud – cette annonce marque « un triste jour » pour les droits de l’homme, et probablement la fin d’une bataille judiciaire encore inachevée.

Pour beaucoup, la position du pays s’apparente tout simplement à « un déni de justice », « une trahison vis-à-vis de millions de victimes », selon Amnesty International. L’ONG Human Rights Watch regrette d’autant plus cette décision qu’elle vient d’un pays unanimement considéré comme « un leader mondial en matière de justice internationale ».

Quant à l’organisation Lawyer For Human Rights, elle estime que « les victimes ont le droit d’accéder à la justice, comme les chefs d’Etat ont le devoir de s’y plier ».

Vers de nombreuses contestations

Nombre d’observateurs ont immédiatement dénoncé une décision « illégale et inconstitutionnelle », puisque le Parlement a été informé mais pas consulté au préalable. A ce titre, le directeur de l’Institut des études de sécurité de Pretoria appelle la société civile à engager une action en justice contre cette décision qui risque de pousser d’autres pays africains à quitter la CPI, selon lui. Un recours est également envisagé par l’Alliance démocratique.

Le chef des députés ANC au Parlement a lui salué ce retrait de la CPI, devenue selon lui un instrument aux mains de certains pays « qui ont interféré avec son travail pour imposer leur agenda impérialiste ».


Tour d’horizon : la CPI sous le feu des critiques en Afrique ?

Avec deux pays qui franchissent le pas en une semaine, certains craignent que le précédent n’inspire d’autres candidats au retrait du statut de Rome. Accusée de néocolonialisme et de s’acharner sur l’Afrique, la CPI est sous le feu des critiques mais cette volonté de quitter la Cour est-elle si largement partagée sur le continent ?

Que ce soit au nom de la solidarité entre chefs d’Etat ou de l’anticolonialisme, les partisans d’un retrait de la CPI sont certainement ceux qui se font le plus entendre. Mais lors du sommet de l’Union africaine à Kigali cet été, il y a pas eu consensus pour un retrait massif.

Selon Franics Kpatindé, journaliste et professeur à Sciences-Po Paris, les pays imprégnés de nationalisme sont les plus critiques. Le Cameroun, l’Ethiopie ou le Rwanda n’ont par exemple pas ratifié le statut de Rome. Certaines positions sont ambiguës : l’Ouganda est l’un des plus virulents pourfendeurs de la Cour, mais coopère dans les poursuites contre la LRA.

« Il y a une part de rhétorique politique et d’opportunisme », estime Netsanet Belay d’Amnesty International, mais la Cour a encore des soutiens. En tête de liste le Botswana, pays de tradition démocratique, mais aussi la Côte d’Ivoire dont l’ancien président est détenu à La Haye, le Sénégal ou le Nigeria.

D’autres coopèrent sans prendre position, comme la RDC, la Guinée ou le Mali. « Certains n’en pensent pas moins, confie un observateur,mais ils sont trop dépendants de l’aide internationale. »

Le divorce n’est donc pas consommé entre la Cour et le continent. « S’il y avait un vote des Etats, conclut Francis Kpatindé, on arriverait surement à égalité. »

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