C’est une défaite de plus pour le parti de Nelson Mandela. Le Congrès national africain (African National Congress, ANC), au pouvoir en Afrique du Sud, a subi, samedi 6 août, un revers historique aux élections municipales en étant devancé dans la capitale Pretoria par le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (Democratic Alliance, DA), selon les résultats définitifs transmis par la commission électorale.
A Tshwane, la métropole qui englobe Pretoria, selon les résultats publiés à l’issue du dépouillement intégral du vote qui s’est déroulé mercredi, la DA obtient 43,1 % des suffrages, contre 41,2 % pour l’ANC qui détenait jusqu’à présent la majorité absolue dans cette ville.
Cette défaite vient s’ajouter à celle enregistrée vendredi par l’ANC à Nelson Mandela Bay, sixième métropole du pays, où se trouve Port Elisabeth, un bastion de la lutte contre l’apartheid. Là aussi, la victoire revient à la DA (46,7 % des suffrages, contre 40 %).
« Point de basculement »
« C’est un point de basculement pour le peuple d’Afrique du Sud. Cela montre que nous ne sommes pas seulement un parti d’opposition, mais de gouvernement », s’est réjoui, samedi, Mmusi Maimane, leader de la DA.
La DA, qui conserve par ailleurs la ville du Cap avec une écrasante majorité (66 %) – elle la gouverne depuis 2006 –, n’a en revanche pas réussi à devancer l’ANC à Johannesburg. Le parti de Nelson Mandela y a obtenu 44,5 % des voix contre 38,3 % pour la DA. Toutefois, le parti au pouvoir y perd sa majorité absolue et il devra trouver des alliés pour garder le contrôle de la mairie de la plus grande ville du pays.
Ces mauvais résultats sont historiques pour l’ANC, qui gouverne l’Afrique du Sud depuis la fin de la dictature raciale de l’apartheid et l’avènement de la démocratie en 1994.
Au niveau national, la formation reste le premier parti du pays mais accuse un important recul dans les urnes, avec moins de 54 % des voix (8 points de moins qu’en 2011), son score le plus bas toutes élections confondues depuis son arrivée au pouvoir.
A Port Elizabeth comme à Pretoria, les libéraux de la DA n’ont cependant pas obtenu de majorité absolue et ils devront trouver des alliés pour former une coalition.
La gauche radicale faiseuse de roi
Ils pourraient se tourner vers la troisième force politique du pays, les Combattants pour la liberté économique (Economic Freedom Fighters, EFF), un parti de gauche radicale qui participait à ses premières municipales.
Avec 8 % au niveau national et près de 12 % à Pretoria, la formation dirigée par Julius Malema et qui prône la nationalisation des mines et l’expropriation des fermiers blancs va ainsi jouer le rôle de faiseur de roi dans cette élection.
Ses proches ont déjà laissé entendre que les EFF ne s’allieraient pas au parti au pouvoir, ouvrant potentiellement la voie à une étonnante coalition avec les libéraux de la DA, aux convictions politiques pourtant diamétralement opposées.
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