La ville de Johannesburg pourrait passer aux mains de l’opposition. A l’issue des élections locales qui se sont tenues il y a trois semaines, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC, est arrivé en tête mais n’a pas obtenu la majorité absolue. Et d’autres formations se sont rangées derrière le candidat du principal parti d’opposition pour faire barrage au mouvement du président Zuma. Verdict ce lundi 22 août lors du conseil municipal.
Vrai suspense à la mairie de Johannesburg. Le Congrès national africain (ANC), le parti de Jacob Zuma, pourrait perdre le contrôle de cette ville au profit d’une coalition de l’opposition. Le conseil municipal se réunit ce lundi 22 août, avec la prestation de serment des conseillers élus, qui procèdent ensuite à l’élection du maire.
L’ANC est arrivé en tête du scrutin, avec plus de 44 % des votes. Mais il n’a pas obtenu de majorité absolue, et quasiment tous les partis d’opposition ont promis de se rallier derrière un candidat unique de l’opposition pour faire barrage aux sortants. Le parti du président risque donc la déconvenue.
Le nouveau maire pourrait ainsi s’appeler Herman Mashaba, candidat de l’Alliance démocratique (DA), principal parti d’opposition en Afrique du Sud. Le maire sortant de l’ANC, Mpho Franklyn Parks Tau, a reconnu lui-même dimanche que son parti risquait de se retrouver bientôt sur les bancs de l’opposition.
Ce sera une élection très serrée. D’autant plus qu’un conseiller ANC est accusé par l’opposition d’avoir tenté d’acheter des suffrages pendant le weekend. Une plainte a été déposée. L’élection ne va pas se tenir à main levée, mais à bulletin secret. Selon certains calculs, l’opposition pourrait l’emporter d’une dizaine de voix.
Mais un coup de théâtre reste tout à fait possible, bien que le parti Combattants pour la liberté économique (EFF) semble prêt à aider lui aussi l’AD à mettre la main sur Johannesburg, affirmant vouloir faire barrage également, même si le leader de ce parti, Julius Malema, a déjà dit publiquement qu’il n’appréciait pas le candidat de la DA dans la ville.
L’ANC se souviendra de ces élections municipales
Julius Malema, leader de gauche radicale dont la formation est arrivée 3e à Johannesburg – ce qui fait de lui un faiseur de roi -, accuse Herman Mashaba de manquer d’expérience politique, et d’être un « anti-Noirs et anti-pauvres ». Cependant, sa demande de le voir remplacé par un autre candidat a été rejetée par la DA.
Le parti de M. Malema a refusé de rejoindre toute coalition, que ce soit la DA, mais aussi l’ANC, auquel il veut à tout prix barrer la route. Le pouvoir de Jacob Zuma est jugé trop éloigné des idéaux de cette formation. Les relations sont extrêmement envenimées entre les deux partis, d’autant que M. Malema est un ancien de l’ANC, expulsé pour indiscipline.
Ce lundi à Johannesburg, un face à face tendu s’est déroulé entre les membres de l’ANC et les EFF. Lors de l’élection du « speaker », un des membres du parti de Malema a montré son bulletin de vote coché avant de le mettre dans l’urne. Et donc, il y a eu une plainte. Le vote a été interrompu pendant quasiment 45 minutes durant lesquelles les se sont disputés.
Si Johannesburg tombait entre les mains de l’opposition, ce serait une première en Afrique du Sud. Lors des municipales, il y a trois semaines, l’ANC a déjà perdu sa majorité absolue dans une vingtaine de villes. Mais là, ce serait la troisième grosse municipalité à tout bonnement connaître l’alternance, après Port Elizabeth et Pretoria, la capitale.
Le parti historique de Nelson Mandela perdant Johannesburg et Pretoria dans la même élection ? Ce serait tout un symbole. L’opposition, elle, se retrouverait alors aux commandes de la ville la plus riche d’Afrique du Sud, la capitale économique du pays.
Reste que la tâche serait alors ardue pour l’actuelle opposition, qui risquerait notamment d’être rapidement confrontée à la résistance du syndicat des travailleurs municipaux Samwu, affilié à la Cosatu, et toujours fidèle à l’ANC.
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