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Présidentielle au Gabon : les jeunes, cible numéro un des candidats

Les moins de 30 ans se sentent délaissés par les politiques. Pour les convaincre d’aller voter, les candidats multiplient les promesses.

Les candidats en lice pour la présidentielle du 27 août le savent : aucun d’entre eux ne remportera le scrutin sans avoir auparavant convaincu un maximum de jeunes électeurs. Les chiffres laissent peu de place au doute : selon un dernier recensement, les moins de 25 ans comptent pour plus de 60 % de la population gabonaise.

Côté candidats, le contraste est saisissant. Les Gabonais devront départager quatorze hommes dont la moyenne d’âge frôle les 60 ans. Peu étonnant, dès lors, qu’un grand nombre de jeunes – et, a fortiori, de jeunes femmes –, s’estiment peu représentés.

Manque d’ambition et de représentation

À Libreville, ce manque de visibilité a conduit une partie d’entre eux à tirer un trait sur leurs rêves. Ce que certains appellent « le syndrome du nanisme » : en clair, ils ont de trop « petites » ambitions. « Les jeunes Gabonais pensent qu’il faut avoir au moins 50 ans pour prétendre à un mandat électoral ou devenir entrepreneur, explique Marion Barrault, étudiante de 23 ans en droit public. Mais nous devrions avoir des responsabilités dès maintenant car nous représentons l’avenir de ce pays » assure la trésorière de la Ligue nationale de la jeunesse, mouvement proche de Dieudonné Minlama Mintogo qui, à 48 ans, est l’un des plus jeunes candidats en lice.

Un point de vue qui fait consensus et transcende les clivages politiques. « Les jeunes ne sont pas bien représentés car notre modèle politique n’est pas adapté à notre démographie », renchérit Brice Laccruche-Alihanga, auteur de L’Or jeune et directeur de la Compagnie nationale de navigation intérieure et internationale (CNNII). Président de l’Association des jeunes émergents volontaires (AJEV), soutenant Ali Bongo Ondimba, le trentenaire prône l’instauration d’un « quota progressif et non contraignant » afin de faire élire des jeunes au Parlement, mais aussi de les porter à la tête des entreprises.

Une génération autonome

Avec plus d’un chômeur sur trois chez les 15-24 ans selon la Banque mondiale, ce plafond de verre prend aussi racine dans les difficultés d’insertion professionnelle des jeunes diplômés. La fonction publique, principal employeur des nouveaux venus sur le marché du travail, a diminué ses recrutements à mesure que les cours du pétrole s’effondraient.

Malgré les crispations économiques, certains jugent au contraire le moment propice au décollage du secteur privé. C’est le cas de Jeff Boundamas, 29 ans, à la tête de la start-up Jobs Conseil. « Avant, quand nous terminions nos études, nous étions presque automatiquement orientés vers l’administration. Aujourd’hui, les jeunes ont plus d’opportunités, car le secteur privé se développe et les petites entreprises créent de plus en plus d’emplois », assure le chef d’entreprise.

Nous n’attendons plus autant de l’État qu’avant

Un avis partagé par Anouchka Fatima Ntoutoume, qui dirige Fat Wear, entreprise spécialisée dans la confection de vêtements professionnels. « Nous n’attendons plus autant de l’État qu’avant. Nous considérons que c’est à nous, les jeunes filles entrepreneuses, d’aider les autres à sortir du chômage en créant de l’emploi », renchérit la trentenaire, membre – comme Jeff Boundamas – de G-Lab, l’un des rares espaces de coworking de la capitale.

Dans leurs locaux de Montagne Sainte, près du bord de mer, l’espace fonctionne comme une pouponnière pour accompagner les entrepreneurs dans le domaine des nouvelles technologies : le wifi, tout comme les conseils pour la création de l’entreprise, y sont gratuits.

Une formation aux nombreuses lacunes

Car au sein de cette communauté, tous s’accordent sur un constat : la formation professionnelle et l’entreprise ne sont pas suffisamment mises en valeur par le système éducatif, malgré les concours et les incubateurs récemment fondés pour encourager les jeunes tentés de monter leur société. « La plupart des PME en situation d’échec ont des problèmes de mauvaise gouvernance due à un manque de formation », analyse Jeff Boundamas.

Peu de candidats font la sourde oreille à ces demandes. Constructions d’écoles, gratuité de l’enseignement… Les promesses se multiplient. « Nous allons investir énormément dans l’éducation et la formation professionnelle », affirmait ainsi fin juillet à Jeune Afrique Ali Bongo Ondimba, en quête d’un second mandat. Reste à savoir si la jeunesse sera sensible à ses arguments ou si elle optera pour un autre camp. À moins qu’elle ne décide, comme certains observateurs ne le craignent, de s’abstenir de voter.


Les enfants de la « crèche »

Ils sont l’élite montante. Promus par Ali Bongo Ondimba (ABO) aux plus hautes fonctions de l’État, ces jeunes managers sont pour la plupart issus de la « crèche », pépinière de dirigeants qui a éclos au sein du cabinet présidentiel. Le plus jeune n’a que 31 ans. Diplômes de l’université Paris Dauphine, de l’ESCP Europe et des Ponts et Chaussées en poche, Ismaël Ondias Souna a été nommé en octobre 2015 directeur général de la Caistab.

Ingénieur de production pétrolière formé à l’université de Leeds (Royaume-Uni), Arnauld Engandji Alandji, 40 ans, a lui été porté en octobre 2015 à la tête de la Gabon Oil Company, tandis qu’Olivier Mouckocko, 42 ans, passé par l’Université des sciences et technologies de Lille, est depuis avril 2016 le patron de la Seteg. ABO a également confié les clés de la zone économique spéciale (ZES) de Nkok à Sedji Armel Mensah, un ingénieur en électromécanique formé au Canada. Un autre quadra de caractère, Tanguy Gahouma Bekale, dirige pour sa part l’Agence gabonaise d’études et d’observation spatiale (Ageos). On peut également citer Paul Mapessi, 47 ans, directeur général de la Société nationale du logement social (SNLS).  G.D.

Claire Rainfroy

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