Seize mois après la radicalisation de la crise anglophone au Cameroun, certains chefs traditionnels se disent prêts à sortir les sécessionnistes du maquis pendant que d’autres sont plus mitigés.
Les chefs traditionnels anglophones pourraient jouer un rôle déterminant pour l’apaisement ou l’enlisement de la crise qui secoue les régions du Sud et du Nord-Ouest du Cameroun, marquées par une rébellion sécessionniste.
Le nouveau ministre de l’administration territoriale Paul Atanga Nji, lui-même anglophone, s’est laissé dire le week-end dernier à Bamenda que ces dépositaires de la tradition pouvaient ramener à l’esprit républicain les rebelles.
« On a envoyé le ministre de l’administration territoriale pour dire au chef de l’Etat que nous sommes prêts à ramener tous les enfants qui sont dans la brousse, que nous ne sommes pas pour le sécessionnisme, » a déclaré Sa Majesté Yakum Kevin Tebih, chef supérieur du village Bambalan dans le Nord-Ouest. Si ce dépositaire de la tradition s’exprime ainsi, c’est que certains chefs traditionnels sont ouvertement soupçonnés de favoriser la crise par leur comportement.
Cameroun – Paul Atanga Nji: «Les chefs traditionnels doivent apporter le renseignement sur ceux qui sont dans la brousse, qui tuent, qui brûlent, qui violent les jeunes filles, qui tirent sur les forces de défense» https://t.co/ECJiD08PmY
— Actu Cameroun (@actucameroun) March 19, 2018
Divergence chez les chefs traditionnels
D’ailleurs, sous le prétexte du non-respect des textes statutaires de leur association par les membres du bureau, les chefs traditionnels du Nord-Ouest sont désormais divisés en deux associations qui se combattent, et certains analystes soupçonnent les enjeux sécessionnistes en amont et en aval de ce schisme.
L’Union fait la force
Au Cameroun, les chefs traditionnels ont le statut légal d’auxiliaires d’administration. C’est un fait rare qu’ils soient officiellement mis en cause.
Le ministre Paul Atanga Nji leur demande de s’unir à nouveau, avant son retour dans quelques semaines dans le Nord-Ouest. Pendant ce temps, les branches armées de la sécession poursuivent leurs attaques sur le terrain.
Dimanche et lundi, elles ont encore incendié des édifices publics et privés dont la propriété d’un ministre anglophone dans le Sud-Ouest.
Trois autorités administratives sont désormais détenues en captivité, et les forces de sécurité déplorent la perte d’une trentaine des leurs en moins d’un an.
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