L’Obs
Dairo Antonio Usuga était à la tête du plus puissant gang de narcotrafiquants de Colombie. Il était devenu le criminel le plus recherché du pays.
Fils de paysan, transfuge de guérilla de gauche en milice paramilitaire d’extrême droite, puis narcotrafiquant le plus recherché du pays, Dairo Antonio Usuga, alias « Otoniel » a été arrêté samedi 23 octobre. Une action à laquelle ont participé dans les jungles du nord-ouest de la Colombie quelque 700 hommes soutenus par 18 hélicoptères.
Ivan Duque, président du pays, s’est aussitôt félicité du « coup le plus dur qui ait été porté au trafic de drogue en ce siècle » en Colombie, « seulement comparable à la chute de Pablo Escobar », avant d’ajouter : « nous n’allons pas nous arrêter là », lors d’un hommage rendu à un policier décédé dans l’opération contre « Otoniel »
Le narcotrafiquant de 50 ans et chef du clan del Golfo a été arrêté en pleine jungle alors qu’il se déplaçait à dos de mule sans téléphone portable et en changeant d’habitation tous les soirs pour ne pas être repéré.
« Cela faisait sept ans que nous étions derrière lui », a précisé samedi le général Fernando Navarro, le chef de l’armée colombienne.
Chef de clan depuis 2012
Cet ancien fils de paysan, devenu le baron de la drogue du pays, était fiché par le département d’Etat américain comme chef d’une organisation « fortement armée, extrêmement violente », et utilisant « violence et intimidation » pour contrôler les routes du trafic de drogue et des laboratoires de fabrication de cocaïne.
Le gouvernement colombien a annoncé dimanche qu’il préparait son extradition vers les Etats-Unis. Les Américains offraient cinq millions pour toute information permettant sa localisation ou sa capture.
Septième de neuf enfants nés d’Ana Celsa David et Juan de Dios Usuga, un couple qui vivait de la vente de bétail, porcs et volailles dans le département d’Antioquia (nord-ouest) « Otoniel » est né le 15 septembre 1971 à Necoclí, dans le nord-ouest de la Colombie. Il avait pris la tête du clan del Golfo après la mort de son frère, Juan de Dios, alias « Giovanni », lors d’un affrontement avec la police en 2012.
Un ancien paysan engagé
Les deux hommes avaient monté un réseau criminel présent dans près de 300 des 1 102 municipalités de Colombie, principalement sur la côte Pacifique, d’où partent la plupart des cargaisons de drogue, en majeure partie vers les Etats-Unis.
A 18 ans, il avait rejoint l’Armée de Libération populaire (EPL), une guérilla marxiste démobilisée en 1991 au bout de vingt-six ans de rébellion. « Ce n’était pas un révolutionnaire. Mais il n’y avait que ça et il est parti avec eux », avait raconté sa mère en 2015 dans un entretien au quotidien « El Tiempo » en 2015.
Mais Dairo Antonio Usuga ne s’est pas démobilisé en même temps que l’EPL. De 1993 à 1994, il rejoint les milices d’autodéfense paysanne de Cordoba y Uraba (ACCU), un groupe paramilitaire d’extrême droite créé pour combattre les guérillas, et lié au trafic de drogue.
L’ACCU faisait partie des milices d’autodéfense unies de Colombie (AUC), démobilisées en 2006 sous l’ex-président de droite Alvaro Uribe (2002-2010).
Le titre est de la rédaction
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