La proposition faisait débat, et avait franchi les frontières suisses, les Suisses l’ont rejeté. Appelés à voter dimanche sur une proposition controversée de la droite populiste UDC d’expulser automatiquement les criminels étrangers, même pour des infractions mineures, les Suisses l’ont largement rejeté ce dimanche, à 58,9%, selon les résultats définitifs. Ce vote intervenait alors que plusieurs pays européens ont durci le ton vis-à-vis des migrants, après l’arrivée de plus d’un million de réfugiés sur le continent l’an dernier.
Il y a six ans, les Suisses avaient accepté, à 52,9 %, une autre initiative de l’Union démocratique du centre (UDC, premier parti suisse) demandant le renvoi des criminels étrangers. Mais le Parlement avait ensuite ajouté une clause, permettant aux juges d’éviter l’expulsion automatique des condamnés dans certains cas.
«A l’encontre de l’état de droit»
Cette fois, ils étaient consultés sur une initiative beaucoup plus dure réclamant « le renvoi effectif des criminels étrangers ». « Cette initiative allait à l’encontre de l’état de droit, elle aurait muselé les juges. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes mobilisés dans cette campagne », a expliqué Cristina Gaggini, une responsable de l’organisation economiesuisse, qui représente les milieux économiques.
Le texte présenté par l’UDC, auquel s’opposait le gouvernement, le Parlement et tous les autres partis nationaux, demandait le renvoi automatique de tout étranger ayant déjà été condamné au cours des 10 dernières années, qui serait reconnu coupable d’avoir commis des infractions mineures comme des « lésions corporelles simples » ou d’avoir participé à une rixe.
Coup d’arrêt pour l’UDC
Ce refus net des Suisses marque un coup d’arrêt pour l’UDC qui a fait ces dernières années de l’immigration son sujet phare. Le parti, connu pour ses campagnes contre l’immigration et l’Union européenne, a notamment bousculé le jeu politique suisse avec des campagnes pour interdire la construction de minarets et contre ce qu’elle a appelé « l’immigration de masse ».
Cette fois, les « excès » de l’initiative ont été vivement dénoncés par les opposants à l’initiative, qui ont mené une campagne virulente. Une affiche a fait particulièrement polémique : celle transformant l’emblème suisse – croix blanche sur fond rouge – en croix gammée et comparant la date du 28 février à celles de la nomination de Hitler comme chancelier allemand en 1933 et de l’introduction de l’apartheid en Afrique du Sud en 1948.
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