Une vidéo datant de mai 2011, dans laquelle l’actuel Premier ministre béninois et candidat à la présidentielle du 28 février évoque les relations entre l’Afrique et l’Europe, crée un début de polémique à Cotonou. Décryptage.
La vidéo circule depuis le 19 janvier sur les réseaux sociaux. Elle est tirée d’une intervention de Lionel Zinsou le 21 mai 2011 lors d’un séminaire de l’Union pour un mouvement populaire (UMP, parti créé en 2002 et renommé Les Républicains en 2015) sur « Les valeurs et la mondialisation ». Il évoque pendant un long moment les relations entre l’Afrique et l’Europe. Zinsou y déclare notamment que « l’Afrique appartient à l’Europe ». Ce passage, repris en boucle sur les réseaux sociaux, crée un début de polémique. Est-elle fondée ?
L’actuel Premier ministre béninois et candidat à la présidentielle du 28 février est alors à la tête du fonds d’investissement français PAI Partners. Il s’adresse à un public français et intervient dans un contexte où, en France, la montée en puissance de la Chine sur le continent inquiète. Devant son auditoire, Zinsou se veut rassurant. « L’Afrique est le seul continent sur lequel la France a un excédent commercial, dit-il. L’Europe et la France ont un atout : l’Afrique pense en français ou en anglais, elle achète des marques européennes et c’est totalement naturel. »
L’Afrique « n’appartient pas encore aux Africains »
Puis, il poursuit : « Mais il y a quelque chose de plus important, c’est que l’Afrique appartient à l’Europe. Elle n’appartient pas à la Chine ou à l’Inde. Et, chose un tout petit peu plus préoccupante, elle n’appartient pas encore aux Africains. »
Zinsou étaye son propos par le fait que les pays ayant investi le plus de stock de capital sur le continent sont la Grande-Bretagne et la France, la Chine n’arrivant qu’en 7e position derrière la Grèce et le Portugal. « Qui possède les mines ? Qui possède le pétrole, les produits agricoles, l’immobilier ? C’est l’Europe », continue le banquier franco-béninois.
Il conclut son allocution par ce commentaire, qui pourrait être moins apprécié d’un point de vue africain : « Les présidents français ont un don pour donner à penser aux Africains que la France est toujours le porte-parole et le défenseur de l’Afrique. Il faut jouer de ça parce qu’il y a beaucoup plus d’Africains qui parlent le français que de Français. »
Vincent Duhem
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