Notre décryptage du dossier complexe de la vente de l’OM, avec les discussions en cours avec trois candidats plus crédibles que les autres et le prix qui a été fixé par Margarita Louis-Dreyfus.
Que ce soit sur les réseaux sociaux, au bistro du coin ou sur la plage du Prado, un seul sujet crée de la tension au sujet de l’Olympique de Marseille : la vente. C’est même devenu une obsession pour certains, qui voient dans la souffrance des supporters de l’OM, une belle opportunité pour se faire de la publicité ou se créer une réputation.
Aujourd’hui, la situation est beaucoup plus compliquée qu’on ne le pense. Comme révélé en exclusivité par BFMTV et RMC Sport le 13 avril 2016, Margarita Louis-Dreyfus a mis officiellement en vente l’OM. Pourtant, le club est à vendre depuis plusieurs mois. Et même depuis plusieurs années. L’officialisation de cette mise en vente a surtout permis à MLD de calmer les tribunes et le ras-le-bol des supporters olympiens. Une situation qui lui a permis de gagner du temps.
« Aujourd’hui, la situation est claire, confie une source proche de l’actionnaire principale de l’OM. Si Margarita pouvait vendre le club demain, elle le ferait. Mais elle ne veut pas laisser le club à n’importe qui. Elle ne veut pas que le nom Louis-Dreyfus soit associé à une faillite de l’OM. C’est pour ça que ça prend plus de temps. » Notre enquête sur ce dossier capital pour l’avenir du club marseillais.
– Un mandat pour Rothschild, mais un marché bloqué
La vente de l’OM est gérée par la banque d’affaire Rothschild. Le clan Louis-Dreyfus lui a confié à un mandat général de vente depuis plus de cinq ans. Au sein de cette entité qui domine le marché français des banques d’affaires, des spécialistes sont chargés de trouver un acheteur et de conclure la meilleure opération possible pour l’actionnaire de l’OM. Même si MLD a choisi la meilleure banque, la situation n’est pas simple.
« Depuis plusieurs années, on fait le tour du monde pour trouver un acheteur à l’OM. C’est extrêmement compliqué, avoue un intermédiaire de la banque Rothschild. On cherche, mais on ne trouve pas. De plus, le marché du football européen, en dehors du marché anglais, est bloqué. La situation du Milan AC est un bon exemple. Aujourd’hui, les mécènes comme Robert Louis-Dreyfus et Silvio Berlusconi n’existent plus. Donc on se tourne vers des fonds ou des associations de mécènes. »
– Des discussions avec trois candidats plus crédibles, mais pas encore de « short list »
MLD a très mal vécu l’épisode Jack Kachkar en 2007. Un épisode qui a marqué son mari aussi. Elle ne veut pas mettre en danger le futur de l’OM. Son envie : que le repreneur assure la pérennité du club et que son nom ne soit pas lié à une chute de l’OM. Selon nos informations, MLD et surtout son avocat russe Igor Levin discutent plus activement avec trois candidats, dans la dizaine qui sont venus se renseigner. La première discussion est liée à deux mécènes associés en affaires, qui résident à Dubaï mais qui n’auraient aucun lien avec l’émirat. Ces deux mécènes, qui ne sont d’ailleurs pas émiratis, sont représentés par Pablo Dana.
Le deuxième intérêt, comme annoncé par RMC Sport fin avril, provient d’un fonds d’investissement ayant un lien avec un Etat, afin d’en faire la publicité. Un autre groupe d’investisseurs, représenté par un membre influent dans le monde des affaires, est intéressé. Un groupe qui serait plus solvable que les autres. L’avocat russe de Margarita Louis-Dreyfus, Igor Levin, a rencontré à plusieurs reprises les intermédiaires de ces trois intérêts. Des rendez-vous sont encore prévus, notamment fin mai à Paris, en compagnie de différents intermédiaires. Pourtant, la même question se pose dans l’entourage de MLD : pourquoi cela ne va pas plus vite ?
Un entourage qui confirme fermement que l’OM n’est pas vendu ou dans la situation d’être vendu très rapidement. Pour l’instant, Margarita Louis-Dreyfus n’a pas choisi les trois candidats qui feront partie de la « short list », alors qu’un grand nombre ont transmis des offres dérisoires. Elle veut les mettre en concurrence à la fin des recherches, afin de créer de la rivalité et être sûre de leurs offres et de leur envie de pérenniser l’OM.
– Un déficit structurel et de nombreux joueurs sur le départ
L’Olympique de Marseille passera devant la DNCG le 23 juin 2016. Avec un déficit d’environ 25 millions d’euros. Un déficit structurel pour un club qui ne dispute pas la Ligue des champions et qui a surtout connu une grosse baisse de sa billetterie. Comme d’habitude depuis plusieurs saisons, Marseille va combler ce déficit avec la vente de joueurs et sans l’aide de son actionnaire principale. Michy Batshuayi (l’OM devra 35% au Standard de Liège sur son transfert) et Benjamin Mendy vont quitter le club cet été.
Ces ventes vont permettre de combler le déficit et de récupérer une petite somme pour travailler sur le mercato. C’est Vincent Labrune, le président de l’OM, qui passera devant l’instance de la LFP. S’il gère ces dossiers, il est complètement mis sur la touche concernant la vente de l’OM. Le dossier de la cession de l’OM est directement géré par MLD et son entourage. Pour preuve, le président de l’OM avait appris l’officialisation de la mise en vente par une alerte BFMTV. Et Marseille devra reconstruire une équipe compétitive sans Batshuayi, Mendy, Nkoulou, Romao, peut-être Mandanda, ni les joueurs prêtés comme Isla, Manquillo, Fletcher et Lucas Silva…
– Un prix estimé à environ 40 M€
Margarita Louis-Dreyfus sait que vendre l’OM lui permettrait de faire des économies, puisque le club a un déficit structurel. Un constat que les repreneurs intéressés ont fait aussi. Ainsi, une question se pose : que vaut vraiment l’OM ? Moins qu’on ne le pense, si on se réfère à tous les intermédiaires qui travaillent sur le dossier. Selon nos informations, Margarita Louis-Dreyfus estime à environ 40 millions d’euros le prix de l’OM. Un prix qui sera conditionné par le profil de l’acheteur, aussi. Et par les conditions générales autour du club.
« Le stade Vélodrome appartient à la mairie, confie un intermédiaire ayant rencontré Igor Levin. Le club verse 4 millions d’euros pour le loyer. Il n’y a pas d’actif fort au sein du vestiaire qui pourrait valoir 60 millions d’euros. Le club est en déficit chaque année d’environ 25 millions. L’association en charge des équipes de jeunes n’appartient pas encore à l’OM. La seule chose forte, c’est la marque. Et la Commanderie, qui est estimée à 20 millions. C’est vrai que la marque, c’est un élément important, mais c’est immatériel. »
Au sein de son clan, certains conseillent à MLD de vendre coûte que coûte, même pour une somme dérisoire, alors que d’autres, et c’est le cas d’Igor Levin, lui conseillent d’attendre un acquéreur plus fort afin de récupérer une somme d’argent plus importante. Le message est clair : pas de précipitation. Avec pour objectif de vendre avant la fin de l’année 2016.
– Des prospections encore menées par Levin
« J’ai rencontré Levin il y a plusieurs semaines. Il m’a demandé des documents je lui ai transmis. Puis plus rien, c’est incompréhensible » confie un proche d’un candidat à la reprise du club. En ce moment, l’influent avocat russe continue de prospecter, de se renseigner, d’essayer d’aller plus vite que le travail de la banque Rothschild, ce qui a pu provoquer des tensions entre eux.
Mais avec un constat simple, selon l’un des intermédiaires de la célèbre banque : « On est payé grâce aux commissions des ventes. On adorerait vendre l’OM vite. Mais c’est extrêmement difficile. Même les proches de Louis-Dreyfus ne vont pas plus vite que nous. Ça veut dire qu’il y a un problème de fond. Après, on ne sait jamais dans le football. Comme dans le business, ça peut aller vite. »
Si l’OM n’a pas besoin de prendre comme modèle le PSG pour son histoire en Ligue des champions, les supporters marseillais aimeraient connaitre une vente sur le modèle qatari. A l’époque, le PSG avait été racheté en quelques mois.
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