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Recyclage : l’Afrique au coeur des vêtements usagés venant d’Europe en passant par l’Inde

Nombre de vêtements usés, venus des pays occidentaux, partent… pour l’Inde, où ils sont recyclés. Avant de repartir… pour l’Afrique. Mais le continent apprécie aussi les vêtements de seconde main. Au point que les importations menaceraient les industries textiles locales.

C’est un exemple de mondialisation peu connu. En anglais, on l’appelle la «Rag Route», littéralement la «Route du chiffon», par référence à la Route de la soie. Les chiffons en question, en l’occurrence des vêtements déchirés ou abîmés, venus d’Europe ou d’Amérique du Nord, sont ensuite envoyés pour recyclage à Panipat, dans l’Etat de l’Haryana (nord de l’Inde), parfois appelé la «ville des tisserands».

Ces milliers de tonnes de vêtements en tous genres représentent entre «15 et 20% des habits usagés qui ne peuvent pas être réutilisés par des magasins de seconde main ou l’industrie du recyclage» dans les pays occidentaux, observe la consultante spécialisée Pamela Ravasio. L’Inde est ainsi le premier importateur au monde de ces produits usagés qui auraient abouti en décharge s’ils n’avaient pas été récupérés. Un marché qui pèserait un milliard de dollars (867 millions d’euros) au niveau mondial.

«Trois tonnes de tissus produisent environ 1,5 tonne de fil», observe le site de la BBC (en français). Un fil utilisé pour fabriquer un tissu de moindre qualité utilisé, dans 90% des cas, pour fabriquer des couvertures. En l’occurrence des couvertures distribuées lors de catastrophes comme au Pakistan, en Tanzanie, au Soudan, à Haïti… Prix de revient d’une couverture: moins de 2 dollars (1,73 euro) pièce.

«L’Afrique est le plus grand consommateur de cette industrie locale» indienne, explique la BBC. Dans ce contexte, des hommes d’affaires, venus de Panipat, «visitent régulièrement les marchés (des) pays africains pour trouver de nouveaux acheteurs».

Un client regarde vêtements à vendre à Mpondwe en Ouganda
Un client regarde des vêtements à vendre à Mpondwe, à 400 km de Kampala (Ouganda), à la frontière avec le Congo. Photo prise le 18 février 2017. © ISAAC KASAMANI – AFP

Seconde main

Mais le continent importe aussi massivement des vêtements en bon état. Et en l’occurrence pas n’importe lesquels. Selon un ouvrage de l’universitaire britannique Andrew Brooks, l’Afrique importe plutôt «des habits à manche courte et des shorts», probablement parce qu’ils sont plus adaptés à son climat. De la même façon, les vêtements chauds sont davantage demandés par l’Europe de l’Est. Tandis qu’à une certaine époque, les chemises blanches partaient davantage au Pakistan en raison d’une forte demande… chez les avocats!

D’une manière générale, la consommation de produits textiles de seconde main est très forte en Afrique. Selon Andrew Brooks, ces derniers représenteraient plus de 80% de tous les vêtements vendus dans des pays comme le Kenya, le Mozambique, le Nigeria, l’Ouganda, le Rwanda, le Zimbazbwe…

Ce qui n’est pas sans conséquences négatives pour les industries textiles de ces pays. Ainsi, rapporte l’universitaire britannique, au Ghana, l’activité aurait perdu les quatre cinquièmes de ses effectifs entre 1975 et 2000. Pour autant, d’autres sources signalent que l’industrie ghanéenne est également menacée par les importations à bas coût venues de Chine, qui arriveraient notamment en fraude.

Quoi qu’il en soit, certains pays ont décidé d’agir contre les importations de vêtements de seconde main pour promouvoir les industries locales. Plusieurs Etats membres «de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est souhaitent bannir totalement les fripes d’ici à 2019», note Le Point.

Le Rwanda, qui importerait chaque année pour 15 millions de dollars de ces textiles, a ainsi décidé de «multiplier par 12,5 et 25% les taxes» sur ces importations. Mais la population, qui recherche ces habits à prix modérés, n’apprécie guère. Et les professionnels doutent «de la capacité de l’industrie locale à satisfaire rapidement la demande». Certains pensent que si le pays ne parvient pas à fournir les consommateurs locaux, on pourrait assister à la mise en place d’un marché noir. Comme quoi, un remède est parfois pire que le mal…

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