L’assaut a été donné ce mardi 14 février à Kinshasa lors d’une opération de police contre le domicile du chef de la secte Bundu dia Kongo, un groupe mystique sécessionniste, accusé par les autorités de troubles dans l’ouest du pays. Le chef spirituel de cette secte a menacé le pouvoir en place dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux. Muanda Nsemi met en doute la nationalité du président Joseph Kabila et demande aux non originaires du Kongo Central de quitter cette province. Le mouvement, qui a vu le jour en 1969, est basé sur deux axes, l’abolition des frontières issues du colonialisme et la réhabilitation de l’héritage spirituel et historique des grands ancêtres.
Au départ un mouvement dit culturel du peuple Kongo, Bundu dia Kongo apparaîtra vite comme une organisation politico-mystico-religieuse. Bundu Dia Kongo, littéralement « Union des Ba Kongo », voit le jour en 1969. Son chef spirituel, Muanda Nsemi Ne Makandala a une «vision».
C’est en 1986 que le prophète installe le mouvement au Zaïre et Muanda Nsemi apparaît devant tous, le Makongo dans la main. Le livre sacré ou la Bible de BDK. Le mouvement jusqu’en 2006 mange son pain blanc. Cette année-là, il est même reconnu par la Constitution, avant d’en être retiré en 2007, après les événements sanglants de Matadi, Boma et Moanda.
BDK incarne la résistance, la résistance contre l’étranger. Il puise ses sources lointaines au 15e siècle, quand les Portugais deviennent envahissants. Le messianisme de Bundu Dia Kongo repose sur deux axes : l’abolition des frontières issues du colonialisme – et pour BDK, le Kongo c’est la RDC, le Congo Brazzaville, une partie de l’Angola et du Gabon – cet empire qu’il faut restaurer ; et la réhabilitation de l’héritage spirituel et historique des grands ancêtres.
Le rêve des Etats-Unis d’Afrique
Le mouvement n’est pas seulement tourné vers le passé. Sa vision de l’avenir pour le continent est la création des Etats-Unis d’Afrique. Un large fédéralisme ancré sur l’ethnie. Paradoxe : le prophète de BDK, qui n’est pas un prêtre ou un pasteur, mais un chimio-physicien, rejette toute forme de modernité.
Muanda Nsemi est devenu un leader politique, élu deux fois député national. Mais la cohabitation avec les institutions du pays n’a toujours pas été aisée. Ses adeptes sont souvent accusés de xénophobie par le pouvoir à cause des revendications qui prônent la promotion sociale des citoyens dans leur province d’origine.
Interdit comme parti politique, après la répression de la police à Luozi et dans d’autres contrées de la pronvice du Kongo Central il y a quelques années, Bundu dia Kongo a laissé la place à Bundu di Mayala. Mais Muanda Nsemi a gardé la main sur les deux organisations. A une époque, c’était même le grand amour entre ce chef spirituel et le régime. On l’a vu battre campagne en faveur du pouvoir en place, il a même participé au dialogue facilité par Edem Kodjo.
Mais vraisemblablement, Muanda Nsemi n’a pas trouvé son compte à la formation du nouveau gouvernement. Son parti a seulement obtenu un poste de vice-ministre pour son parti. Le leader de BDK a donc choisi de reprendre sa liberté en s’exprimant avec véhémence sur des questions politiques de l’heure.
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