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RD Congo : quelques détails sur le gouvernement nommé à la fin du mandat de Kabila

Le président Joseph Kabila a nommé dans la nuit de lundi à mardi un nouveau gouvernement en RD Congo. Et ce malgré les coups de sifflets entendus au même moment à Kinshasa pour lui rappeler que son dernier mandat était arrivé à son terme.

Une fois de plus, Joseph Kabila a pris tout le monde de court. Alors que certains de ses proches confiaient, quelques heures plus tôt, que la publication du nouveau gouvernement ne saurait intervenir avant la fin des négociations directes entamées avec le Rassemblement de l’opposition – des pourparlers censés reprendre le 21 décembre -, le chef de l’État congolais, dont le second mandat constitutionnel est arrivé à son terme lundi 19 décembre, a signé le même jour l’ordonnance nommant les membres de la nouvelle équipe gouvernementale.

Mais c’est dans la confusion la plus totale que cette ordonnance présidentielle a été annoncée peu avant minuit sur la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC). Sa lecture à la télévision publique a coïncidé avec des tirs à l’arme automatique entendus dans certains quartiers populaires de la ville de Kinshasa, où des riverains n’ont pas attendu minuit pour signifier au président Joseph Kabila, par des coups de sifflets et autres tintamarres, que son dernier quinquennat est arrivé à échéance.

Un gouvernement au masculin

Qu’à cela ne tienne, le gouvernement qui sera dirigé par le Premier ministre Samy Badibanga est composé de 67 ministres dont trois vice-Premiers ministres et sept ministres d’État. Tous des hommes. Dans l’ensemble, 60 ministères sont occupés par des hommes !

L’on ne compte que quatre ministres (Wivine Mumba Matipa au Portefeuille, Marie-Louise Mwange au Genre, Enfants et Famille, Martine Ntumba Bukasa au Développement durable, Marie-Ange Mushobekwa aux Droits humains) et trois vice-ministres (Nathalie Mbul Asung au Commerce extérieur, Ngoma Bishumu à l’Économie, Maguy Rwakabuba à la Santé) de sexe féminin.

« Appliquer l’accord du 18 octobre »

« C’est un gouvernement des ténors toutes tendances confondues de l’accord du 18 octobre, chargé de l’appliquer », commente Michael Sakombi, cadre de la Majorité présidentielle (MP).

Le directeur de cabinet sortant au ministère en charge des Relations avec le Parlement considère que la nouvelle équipe gouvernementale est « très hétéroclite dans sa diversité mais homogène stratégiquement car issue du moule laborieux des assises du dialogue de la Cité de l’OUA sous la facilitation d’Edem Kodjo ».

« Il y a cependant un risque que ce soit un gouvernement sans soutien suffisant de la communauté internationale », prévient un élu de l’Union pour la nation congolaise (UNC, parti de Vital Kamerhe). Pour lui également, Joseph Kabila « devrait attendre la conclusion du deuxième round du dialogue » avant cette nomination. « J’ai l’impression que ça ne sera pas du tout durable », estime le député.

Le grand retour de She

Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique.
Léonard She Okitundu, rapporteur de la Majorité présidentielle (MP) au dialogue national, le 15 septembre 2016 à Kinshasa. © Gwenn Dubourthoumieu pour Jeune Afrique.

En attendant, Léonard She Okitundu, 70 ans, signe son grand retour aux Affaires étrangères. Le sénateur de Sankuru, ancien employé de Caritas Suisse, avait en effet déjà occupé ces fonctions dans le passé. Seulement, aujourd’hui, il est aussi le premier des trois vice-Premiers ministres nommés : sur le plan protocolaire, il précède Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire général adjoint du PPRD, parti de Kabila, à l’Intérieur et Sécurité, et José Makila, ancien gouverneur de l’Équateur, aux Transports et Communication.

Une manière sans doute pour Joseph Kabila de récompenser l’un des artisans du dialogue de la Cité de l’OUA ayant abouti à l’accord du 18 octobre. Ces derniers mois, She Okitundu faisait même partie du conseil restreint de six stratèges, le « C6 », régulièrement consulté par le chef de l’État congolais. Il a notamment été plusieurs fois dépêché à Bruxelles, Paris et Washington pour convaincre l’opposant emblématique Étienne Tshisekedi de participer aux pourparlers mais aussi pour y mener des missions de plaidoyer en faveur du régime en place.

C’est à She Okitundu, réputé modéré au sein de sa famille politique, que revient désormais la charge difficile de réconcilier le régime de Kinshasa avec ses partenaires traditionnels européens et américains, farouchement hostiles au maintien de Kabila au pouvoir au-delà de son dernier mandat constitutionnel.

Exit Tshibanda, Boshab, Kin-Kiey Mulumba

Avec ce retour aux affaires de She Okitundu, Joseph Kabila se sépare de Raymond Tshibanda, chef de la diplomatie congolaise depuis huit ans. Le soldat Tshibanda est-il écarté pour n’avoir « pas vu se creuser l’abysse avec l’Occident, ou Kabila envoie-t-il un message de restart avec les partenaires occidentaux par l’intermédiaire du droit-de-l’hommiste Okitundu » ? s’interroge un observateur des arcanes politiques en RDC.

Kabila écarte également Évariste Boshab, ancien secrétaire général de son parti, et Tryphon Kin-Kiey Mulumba, initiateur de « Kabila désir ». Désormais anciens vice-Premier ministre de l’Intérieur et ministre en charge des Relations avec le Parlement, ces deux caciques de la MP se sont pourtant érigés ces dernières années en fervents défenseurs d’un troisième mandat en faveur de Kabila…

Difficile cependant de penser à une sanction ou à une désapprobation du chef lorsque l’on sait que d’autres figures, Ramazani Shadary et Yves Kisombe (vice-ministre aux Affaires étrangères) notamment, défenseurs du même projet, ont fait leur entrée au gouvernement.

Après près de 10 ans au ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnelle, Maker Mwangu n’est pas, cette fois-ci, reconduit.

Pas de vice-primature pour l’UNC de Kamerhe

Longtemps pressenti Premier ministre, Vital Kamerhe ne se contentera lui que de trois  portefeuilles ministériels attribués aux membres de son parti. Mieux placé de tous, son ancien directeur de cabinet Pierre Kangudia, aujourd’hui secrétaire national de l’UNC en charge des relations avec les partis, hérite du ministère d’État de Budget.

Le député Aimé Boji, beau-frère de Kamerhe et secrétaire permanent de la direction politique de l’UNC, atterrit lui au Commerce extérieur. Alors qu’un autre fidèle, Édouard Kiove Kola, est nommé vice-ministre de la Justice.

Quelques arrivées et maintiens à signaler

Azarias Ruberwa, ancien vice-président de la République lors de la transition « 1+4 », est gratifié du poste de ministère d’État chargé de la Décentralisation et des Réformes institutionnelles. Adepte d’une « opposition républicaine », l’ancien chef rebelle a toujours participé aux pourparlers convoqués par le pouvoir, « concertations nationales » de septembre 2013 et dialogue de la cité de l’OUA entre autres.

Plusieurs autres ministres ont été soit maintenus, soit permutés. Lambert Mende par exemple garde la communication et les médias, Alexis Thambwe-Mwamba la justice, Henri Yav les finances, Martin Kabwelulu les mines. Modeste Bahati ne cède pas non plus l’économie. Idem pour Crispin Atama à la défense ou Aimé Ngoy Mukena aux hydrocarbures.

Très proche de Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat, Michel Bongongo passe quant à lui du budget à la fonction publique. Au sein de la même famille politique, d’un vice-ministère à un autre, Franck Mwe Di Malila quitte la coopération internationale et l’intégration régionale pour le plan.

Suspendu à titre conservatoire début décembre de son poste de secrétaire national aux relations extérieures de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) pour avoir rencontré le Premier ministre Samy Badibanga, Tharcisse Loseke se voit confier le vice-ministère des Finances. Le conseiller de l’opposant historique Étienne Tshisekedi mordra-t-il à l’hameçon ?

Trésor Kibangula

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