Michel Combes cumule les millions… et les polémiques. Selon les informations duJournal du Dimanche, le PDG d’Alcatel-Lucent, qui quitte l’équipementier français lundi après son rachat par Nokia, pourrait toucher sur les trois prochaines années l’équivalent de 13,7 millions d’euros.
Au-delà d’une retraite chapeau de 50.000 euros par an, celui qui prendra la tête de Numericable-SFR mardi selon Le Figaro, devrait toucher 4,5 millions d’euros sur trois ans pour une clause de non-concurrence et un million d’euros de stock-options.
Plus étonnant, le directeur général, qui n’est resté que deux ans à la tête d’Alcatel-Lucent, pourrait recevoir 2,685 millions d’actions, soit 8,2 millions d’euros au cours actuel d’ici 2018. Or, pour toucher de bonus, le PDG aurait dû rester trois ans dans les murs. Mais, surprise, fin juillet, le conseil d’administration a levé toutes les conditions d’attribution, révèle l’hebdomadaire.
« C’est un carambar phénoménal ! »
Face à la levée de boucliers, la direction défend cette récompense liée aux performances du patron. Dans un communiqué publié ce dimanche, il assure que Michel Combes « a permis de multiplier par 6 la valeur de l’entreprise et l’a sauvée de la faillite ». Il réfute l’idée qu’il s’agisse d’une « prime liée à son départ », indiquant, pour la partie rémunération en actions, que son versement est soumis à la réussite du mariage avec Nokia.
Encore plus étonnant, Michel Combes semble avoir la mémoire courte. En avril, quand Nokia annonce le rachat d’Alcatel-Lucent, le PDG assurait qu’il renonçait à une indemnité de départ de 2,4 millions d’euros ainsi qu’au paiement des actions qui lui avaient été attribuées en 2013 et 2014. « Innocemment, j’étais resté sur l’idée qu’il renonçait à son parachute doré », grince Stéphane Dubled, coordinateur de la CGT d’Alcatel-Lucent. Car les syndicats n’ont appris ce retournement que par voie de presse samedi soir. « On parle de presque 14 millions d’euros, c’est indécent. C’est un carambar phénoménal ! »
15.000 suppressions de postes
Et l’annonce passe d’autant plus mal que les salariés ont souffert du fameux redressement du groupe qui vaut ces primes au patron. « Il a annoncé 15.000 suppressions de postes dont 700 en France… sans parler des externalisations, critique Stéphane Dubled. Son bilan social, selon qu’on soit actionnaire ou salarié, n’est pas le même. Si le groupe va bien, alors il faut rémunérer grassement tous les salariés. » L’annonce passe d’autant plus mal qu’en avril, la direction a annoncé qu’une partie de la prime sur objectif pour 2014 ne serait pas versée. « Michel Combes tourne les règles à son profit pour obtenir des bonus qu’il n’aurait pas dû recevoir et refuse d’accorder à ses salariés une prime qu’ils auraient dû avoir », résume le syndicaliste.
La polémique relancée
Une polémique qui relance le débat sur les parachutes dorés, vieux serpent de mer. En avril 2015, c’est sur le PDG de Vivarte, Marc Lelandais, qu’avaient plu les critiques : il avait reconnu avoir touché plus de 2 millions d’euros lors de son licenciement… Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, a assuré ce dimanche : « Il faut avoir le sens de la mesure »… sans préciser de chiffre. Mais il demande à Michel Combes de réfléchir à renoncer à ce généreux pactole.
Cet énième esclandre poussera-t-il les politiques à légiférer ? Certains socialistes le souhaitent. C’est le cas du député socialiste Pouria Amirshahi qui appelle à plus de sévérité sur Twitter.
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