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OMNIPRESENCE DU GROUPE BOLLORE EN AFRIQUE : L’expression d’un néocolonialisme très prégnant

Le siège du groupe français Bolloré Africa Logistics situé en Ile de France  a fait l’objet de perquisition le 8 avril dernier, à la demande de deux juges français et dans le cadre d’une information judiciaire portant sur les conditions d’octroi plus que douteuses des concessions des ports de Conakry en Guinée et de Lomé au Togo. A l’origine des soupçons de « corruption d’argent public étranger » dans l’octroi de la gestion des terminaux à conteneurs de ces deux capitales africaines, il y a l’implication supposée et pour le moins incongrue des plus hautes autorités de la Guinée et du Togo dans le choix de Bolloré comme concessionnaire, après avoir peut-être injustement fait annuler la licence d’exploitation qui avait été octroyée à d’autres concurrents. Le fait que des chefs d’Etat descendent personnellement dans la l’arène pour l’aider à rafler la mise est la preuve, s’il en fallait encore, de l’omnipuissance et de la trop grande influence qu’exerce la multinationale française sur nos dirigeants. Car, il n’y a pas que Alpha Condé et Faure Gnassingbé qui ont succombé à la tentation de privilégier le groupe français qui, en plus de ses arguments sonnants et trébuchants, dispose de réseaux notamment  dans la sphère politique française qui pourraient se révéler indispensables pour la prise et la gestion du pouvoir en Afrique. Le groupe est, en effet, implanté dans 35 pays du continent où il bénéficie d’un quasi-monopole pour l’exploitation des ressources minières et forestières, et où il contrôle le secteur des transports à travers le chemin de fer, la manutention portuaire, les activités de transit et les navires. Le comble, c’est que la majorité des pays où Bolloré fait immensément fortune sont dirigés par des chefs d’Etat en porte-à-faux avec les droits de l’Homme et les règles de la démocratie, donc avec les intérêts des peuples, et même les quelque 20 000 emplois que l’entreprise hexagonale génère n’arrivent pas à lui ôter l’image de « l’arbre qui câche la forêt ». D’ailleurs, il ne peut en être autrement, quand on sait qu’un peuple affranchi et maître de son destin ne peut observer sans broncher tous ces passe-droits et ces pratiques mafieuses qui ont le plus souvent cours dans l’octroi des concessions, pour ne pas dire dans le bradage de leurs ressources naturelles.

Nos hommes politiques caressent le secret espoir de se voir adouber par la France

C’est pour cela que pour agir en toute impunité,  Bolloré a besoin de partenaires pour ne pas dire de complices au plus haut sommet de nos Etats, au grand dam des populations qui croient naïvement aux discours centrés sur la lutte contre la pauvreté et le chômage débités par les groupuscules mafieux qui ne cherchent en réalité qu’à fructifier leurs affaires, en ayant la conscience tranquille. Malheureusement, cette situation de domination économique et même politique qui a des relents de néocolonialisme restera encore prégnante en Afrique, en tout cas, aussi longtemps que nos pays seront dirigés par des roitelets qui doivent leur trône à la puissance financière et à l’entregent de la multinationale française. Dans certains cas, la redevabilité est telle que des chefs d’Etat ultra-nationalistes dans leurs discours, se sont crus obligés d’avouer publiquement leurs relations amicales avec les patrons de Bolloré, sans se soucier de l’aspect ridicule de leurs déclarations et du doute qu’ils pourraient jeter sur la transparence de leur gestion des affaires. Mais, bon, nous sommes en Afrique où l’esprit servile et la mentalité du colonisé n’ont pas encore totalement disparu, plus de 50 ans après les indépendances. Dans les pays occidentaux où la démocratie n’est pas une vue de l’esprit, s’acoquiner avec des hommes d’affaires, fussent-ils riches et honnêtes, peut être préjudiciable, surtout pour les hommes politiques. L’ancien président français, Nicolas Sarkozy, qui avait commis l’imprudence d’aller en vacances à bord d’un yacht affrété par Vincent Bolloré, le patron du groupe éponyme, en avait eu pour son compte. Mais ici, la cupidité et le secret espoir que nos hommes politiques au pouvoir ou dans l’opposition caressent de se voir adouber par la France à travers les multinationales qui sont devenues le visage hideux de la (re)colonisation du continent,   sont si grands que personne ne veut dénoncer les financements occultes et autres soutiens aux dictateurs. Le salut pourrait peut-être venir des sociétés civiles et des mouvements des  jeunes de plus en plus clairvoyants et avisés sur la nécessité de mettre fin à l’appauvrissement moral et économique du continent par des entités peu soucieuses de l’avenir du continent et pour qui « l’argent n’a pas d’odeur ».

Hamadou GADIAGA

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