Le président du Conseil européen Donald Tusk a appelé ce jeudi, à Athènes dans le cadre d’une tournée dans les Balkans, les migrants économiques à ne pas venir en Europe tout en dénonçant les décisions «unilatérales» de certains pays membres de l’UE, à quatre jours d’un sommet UE-Turquie crucial sur la crise migratoire.
Cet appel pressant de Donald Tusk intervient alors que plus de 10 000 migrants sont toujours bloqués à la frontière de la Grèce avec la Macédoine et que le flux migratoire se poursuit risquant de provoquer une crise humanitaire. «Ne venez pas en Europe. Ne croyez pas les passeurs. Ne risquez pas vos vies et votre argent. Tout cela ne servira à rien», a déclaré le président du Conseil européen à l’issue d’un entretien avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
Des décisions qui « portent atteinte à l’esprit européen de solidarité »
« Ni la Grèce, ni aucun autre pays européen ne pourront continuer à être des pays de transit. (…) Les réglementations de Schengen seront à nouveau appliquées », a-t-il prévenu. Mercredi, en Slovénie, Donald Tusk avait estimé qu’un retour aux dispositions de la zone Schengen, incluant des contrôles rigoureux à ses frontières extérieures, était une condition «préalable» à une solution à la crise des migrants.
Toutefois, il a critiqué jeudi les actions «unilatérales» de certains pays membres de l’Union européenne qui ont imposé des quotas à l’entrée de leurs territoires. «Des décisions unilatérales sans une coordination préalable, même si elles sont compréhensibles dans un contexte national, portent atteinte à l’esprit européen de solidarité», a-t-il affirmé.
130 000 migrants arrivés en Europe en 2016
La Grèce a à plusieurs reprises protesté contre ces restrictions, surtout contre l’Autriche, un pays qui les a initiées selon Athènes avant d’être suivi par d’autres pays sur la route des Balkans. La fermeture partielle des frontières sur cette route, empruntée par les réfugiés qui veulent rejoindre l’Europe du Nord, a piégé des milliers de personnes en Grèce, faisant planer, selon l’ONU, la menace d’une crise humanitaire imminente.
Incapables d’apporter une réponse coordonnée, les Européens n’en finissent plus de se déchirer alors que les flux sont loin de diminuer avec plus de 130 000 migrants arrivés en Europe depuis début janvier selon le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), après un million l’an dernier. La quasi-totalité sont passés par la Grèce, principale porte d’entrée dans l’Union, à partir des côtes turques où continuent d’affluer des demandeurs d’asile fuyant la Syrie, où un fragile cessez-le feu entre jeudi dans son sixième jour.
700 millions d’euros d’aide humanitaire
La Grèce, qui abrite actuellement plus de 25 000 migrants, a évalué ses besoins à 480 millions d’euros pour gérer, le cas échéant, l’accueil de 100 000 réfugiés au total. «La Grèce ne peut pas gérer toute seule» le fardeau migratoire, a réitéré Alexis Tsipras tout en déplorant «la faiblesse» de l’UE à gérer le flux migratoire.
Pour aider ses Etats membres en première ligne sur la route des migrants, comme la Grèce, l’UE a proposé mercredi une aide humanitaire d’urgence de 700 millions d’euros. «La Grèce paie un prix élevé pour une situation qu’elle n’a pas créée», a relevé Donald Tusk.
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