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Liberia : l’héritage en demi-teinte de la première cheffe d’État africaine Ellen Johnson Sirleaf

Les femmes politiques du Liberia vouent un respect quasi unanime à la présidente Ellen Johnson Sirleaf, qui achève son second mandat dans quelques jours, mais beaucoup estiment que le « plafond de verre » fissuré par la première cheffe d’État africaine est encore loin d’être totalement brisé.

A 78 ans, Mme Sirleaf, à qui la Constitution interdit de se représenter à la présidentielle du 10 octobre, peut se targuer d’avoir maintenu une paix fragile dans ce pays d’Afrique de l’Ouest qui sortait tout juste d’une terrible guerre civile lorsqu’elle a accédé au pouvoir à la surprise générale en 2005.

Mais « Maman Ellen », comme elle est surnommée dans son pays, est la première à admettre que ses deux mandats n’ont pas permis d’assurer une représentation paritaire des femmes dans la vie politique du Liberia.

« Nous n’avons pas travaillé suffisamment fort pour la parité », a-t-elle récemment admis dans une interview à la chaîne américaine CNN. « Cela m’attriste car je représentais une brèche dans le plafond de verre en Afrique ».

Seuls trois des 30 sénateurs actuels et 16% des candidats aux élections présidentielle et législatives d’octobre sont des femmes. Des chiffres qui n’ont pratiquement pas bougé depuis 2005.

Le nombre d’adolescentes enceintes et de violences envers les femmes reste extrêmement élevé, tandis que moins de la moitié des Libériennes savent lire et écrire.

– Rester dans la course –

« Quel que soit le nombre de femmes qui vont gagner ou perdre, il faut que les femmes restent dans la course et dans le paysage politique », insiste l’ex-mannequin reconvertie dans l’aide à l’enfance, Macdella Cooper, qui à 40 ans est la seule femme en lice pour la présidentielle, face à 19 candidats masculins.

Comme d’autres femmes candidates contactées par l’AFP, Macdella Cooper admire le cran de la présidente sortante, mais elle estime que le pays a besoin d’un dirigeant plus à même de renforcer l’économie tout en maintenant la paix.

« Il y a 15% des citoyens qui vivent très bien, mais les autres sont livrés à eux-mêmes », regrette-t-elle.

Deux féministes libériennes ont fait récemment polémique en accusant Mme Sirleaf d’avoir « échoué » à défendre la cause de la place des femmes dans la vie politique.

« Je pense que Sirleaf est antiféministe quand il s’agit de politique », a déclaré à l’AFP Robtel Neajai Paily, co-auteur avec le militant Korto Reeves Williams d’une tribune remarquée.

Elle regrette en particulier qu’Ellen Johnson Sirleaf soit restée sourde aux appels pour que 30% des postes dirigeants dans les partis politiques soient réservés aux femmes, alors que celles-ci ne possèdent généralement pas les larges moyens financiers dont disposent nombre de leurs rivaux masculins.

Pour une femme, entamer une carrière politique est particulièrement ardu dans un pays où le viol a longtemps été une arme de guerre.

« Celle qui voudrait se présenter à une élection à 30 ans est peut-être la même qui a dû abandonner l’école primaire parce qu’elle a eu un enfant après avoir été violée », souligne Korto Reeves Williams.

Et seule la capitale, Monrovia, dispose d’un tribunal traitant des violences faites aux femmes, laissant celles vivant en milieu rural dépourvues d’un accès à la justice, relèvent aussi des personnalités critiques des manquements de la présidente.

– ‘Les règles du jeu’ –

Mme Sirleaf est toutefois loin d’être jugée seule responsable du manque de participation des femmes au débat public.

Selon l’ONU, des « traditions bien établies » dans le pays limitent le rôle des femmes aux tâches ménagères.

La sénatrice Jewel Howard-Taylor, ancienne épouse du dictateur libérien Charles Taylor (1997-2003), estime que sa candidature à la vice-présidence pâtit de la présence d’une femme à la tête de l’Etat depuis 12 ans.

« Beaucoup pensent que parce que nous avons une femme présidente, tout est résolu », a-t-elle déclaré à l’AFP lors de sa campagne avec son colistier, l’ancienne star du foot George Weah.

« +Mais que veulent les femmes de plus?+, entend-on souvent », explique celle qui estime que le fait d’être une femme est l’objet de plus de discussions que son rôle d’ancienne « première dame » d’un dictateur.

« La politique est un jeu, avec ses propres règles, que les hommes apprennent bien avant nous », relève aussi l’ex-épouse de Charles Taylor pour expliquer les difficultés des femmes à se lancer en politique.

Avant de présider le Liberia, Charles Taylor y avait déclenché en 1989 une des plus atroces guerres civiles du continent africain.

Il a été condamné par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) en 2012 à 50 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis dans ce pays voisin du Liberia.

Avec AFP

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