« L’Afrique dispose d’assez de ressources pour passer du statut d’importateur à celui d’exportateur de nourriture », vient de révéler la présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique.
Profitant de la tribune que lui a offerte ce mardi la septième édition du Forum pour la révolution verte en Afrique (AGRF) qui se tient à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, sur le thème « Accélérer la marche de l’Afrique vers la prospérité : contribuer à la croissance des économies inclusives et à la création d’emplois à travers l’agriculture », Agnès Kalibata, présidente de l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), a déclaré en présentant le rapport sur la situation de l’agriculture en Afrique à l’initiative de son organisme que l’agriculture impliquant une transformation inclusive, au-delà des plantations et de l’agro-industrie, serait le chemin le plus sûr et le plus rapide vers une meilleure prospérité sur le continent.
Un rôle déterminant pour les PME et les petites exploitations
Pour Agnès Kalibata, citée par l’agence panafricaine Panapress, l’agriculture va opérer une révolution tranquille en Afrique en se focalisant sur les petites et moyennes entreprises (PME) et les petits exploitants agricoles, qui vont générer des emplois très productifs et une croissance économique durable. Pour réussir, la révolution agricole en Afrique devrait être différente de celles observées dans le reste du monde. Elle requiert une approche inclusive mettant en relation des millions d’exploitations agricoles avec les agro-industries en créant une large chaîne d’approvisionnement des denrées alimentaires et des opportunités d’emplois pour des millions de personnes. Autre point mis en exergue par le rapport : la possibilité pour l’Afrique de nourrir le continent avec des denrées produites sur place pour faire face à la forte demande évolutive. Cet objectif peut être atteint grâce aux petits exploitants agricoles. Actuellement, l’Afrique importe les denrées alimentaires pour satisfaire cette demande, dont le montant des importations est de 35 milliards de dollars par an et qui pourrait atteindre 110 milliards de dollars d’ici à 2025, à moins qu’il n’y ait une amélioration de la productivité et de la compétitivité des secteurs agricole et de l’agro-industrie. Par ailleurs, le rapport relève que le rôle du secteur privé ne devrait pas être négligeable dans la transformation du système alimentaire.
Un partenariat prometteur mis en place avec une dotation de 280 millions de dollars
Le rapport formule des recommandations sur la nécessité pour les gouvernements d’accroître les investissements dans l’agriculture et dans les infrastructures rurales, d’adopter une approche globale pour améliorer l’environnement des affaires de la filière agroalimentaire et de soutenir le milieu financier afin de satisfaire les besoins de financement des PME de la filière agricole alimentaire. Les petits exploitants agricoles sont invités à une meilleure organisation pour être en relation avec une chaîne des valeurs modernes. De même, la mise en place de cadres législatif et réglementaire devrait dynamiser le commerce régional des produits agricoles en contribuant de manière significative à la croissance du secteur de la production alimentaire. Joignant le geste à la parole, 11 pays africains ont mis en place un partenariat pour la transformation agricole inclusive (Piata) pour accroître les revenus et améliorer la sécurité alimentaire de 30 millions de petits exploitants dans 11 pays africains d’ici à 2021.
Doté d’un montant de 280 millions de dollars, le Piata est une initiative des Fondations Bill et Melinda Gates et Rockefeller, mais aussi de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid). Cette collaboration de ces donateurs est en conformité avec la déclaration de Malabo adoptée en 2014 par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine en faveur d’un financement accru pour la transformation agricole dans le continent. Le directeur général du bureau régional Afrique de la Fondation Rockefeller, Mamadou Biteye, a relevé qu’ensemble ils espèrent contribuer à l’atteinte de l’objectif de prospérité de l’Afrique à travers l’agriculture. Quant au directeur exécutif de la division croissance mondiale et opportunités de la Fondation Bill et Melinda Gates, Rodger Voorhies, il a ajouté que le Piata était une plateforme intéressante qui va aider les pays à prendre la bonne direction dans la transformation agricole. Pour l’adjoint principal de l’administrateur du bureau de la sécurité alimentaire de l’Usaid, Sean Jones, ce partenariat offre un mécanisme innovant pour lever les obstacles à l’investissement et atteindre les objectifs fixés dans la stratégie mondiale de sécurité alimentaire approuvés par le Congrès américain. Pour rappel, les pays bénéficiaires sont le Ghana, le Nigeria, le Mali, le Burkina Faso, le Rwanda, l’Ouganda, le Kenya, l’Éthiopie, la Tanzanie, le Malawi et le Mozambique.
Comments
0 comments