L’ex homme fort de Ndjamena proteste contre la légalité du tribunal
L’ancien chef de l’Etat tchadien a refusé à nouveau de se présenter à la barre lundi 7 septembre, à la reprise de son procès pour crimes contre l’humanité devant un tribunal spécial africain à Dakar, au Sénégal, après quarante-cinq jours d’interruption.
L’audience a rapidement été suspendue par le président de la Cour, le Burkinabé Gberdao Gustave Kam, pour faire comparaître de force l’accusé qui se trouvait au dépôt du tribunal. « L’accusé ne veut pas venir à la salle d’audience », avait annoncé le procureur Mbacké Fall à l’ouverture de l’audience, demandant au tribunal d’« user des prérogatives du code de procédure pénale pour faire comparaître l’accusé ». Comme au premier jour du procès, le 20 juillet, un huissier a été envoyé à Hissène Habré pour « sommation à comparaître immédiatement ».
Le procès devant les Chambres africaines extraordinaires (CAE), tribunal spécial créé en vertu d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), a été ajourné de quarante-cinq jours dès le lendemain de son ouverture pour permettre aux avocats commis d’office pour la défense de prendre connaissance du dossier. L’ex-chef de l’Etat refuse de se défendre devant ce tribunal, qu’il récuse, et rejette tout contact avec ses trois avocats commis d’office. En détention depuis deux ans au Sénégal, où il avait trouvé refuge en décembre 1990 après avoir été renversé par l’actuel président tchadien, Idriss Déby Itno, Hissène Habré est poursuivi pour « crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture ». Il encourt entre trente ans de prison ferme et les travaux forcés à perpétuité. La répression sous son régime (1982-1990), exercée en particulier par la très redoutée Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), sa police politique, a fait 40 000 morts, selon les estimations d’une commission d’enquête tchadienne.
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