Haïti est la première République noire. Elle est née en 1804 d’une population d’ascendance largement africaine. Aujourd’hui elle réclame son retour au giron de l’Afrique en frappant à la porte de l’organisation continentale qui se réunira du 10 au 28 juillet 2016, à Kigali au Rwanda.
Haïti est le seul cas de figure où le terme diaspora s’applique proprement compte tenu de l’ascendance africaine de sa population. Pendant longtemps, les relations entre Haïti et l’Afrique ont été synonymes « d’attraction et de répulsion, de mémoire ravivée et d’oubli savamment entretenu ». Le poète martiniquais Aimé Césaire disait d’Haïti, qu’il est le pays qui, avec l’Afrique, tient dans son esprit, dans son âme, dans son cœur « une place particulière », racines historiques et spirituelles.
Haïti, premier pays noir confronté à la question d’identité et d’indépendance
Haïti sera le premier pays noir à être confronté à ces deux questions, une impulsion intérieure, et une indépendance, « l’homme noir assailli par l’indépendance », disait Aimé Césaire. Ce que connaîtront les pays africains entre 1956 et 1960, les indépendances, Haïti l’a connue en 1801. « Le roi Christophe, c’est l’homme noir aux prises avec la nécessité qu’il y a de bâtir un pays, de bâtir un Etat », aimait rappeler le père de la négritude.
La diplomatie haïtienne manifestera son leadership dans les années 1940 auprès des Nations unies, protestant contre l’invasion de l’Ethiopie par Mussolini et pour hâter le mouvement de la décolonisation. Les indépendances acquises, une partie de l’intelligentsia haïtienne se rend en Afrique pour contribuer à l’édification des jeunes nations, notamment au Sénégal, en Guinée, au Congo-Kinshasa.
L’élite haïtienne en Afrique après les indépendances
Ils seront nombreux, enseignants, médecins, ingénieurs haïtiens à prendre le chemin de Dakar, Conakry, Léopoldville pour contribuer à l’émergence de l’Afrique indépendante. Très récemment encore, en janvier 2014, lors du 22e sommet de l’Union africaine (UA), le gouvernement du président Michel Martelly affichait sa volonté de rejoindre l’organisation continentale.
Le Premier ministre haïtien, Laurent Lamothe déclarait : « Haïti, c’est l’Afrique dans la Caraïbe ». Ajoutant : les Haïtiens restent « des Africains dans leurs âmes, dans leurs cœurs et dans leurs mœurs ». Sans occulter le lien établi par la langue française dans leur culture.
Haïti, c’est l’Afrique dans la Caraïbe
Le retour d’Haïti dans le giron africain est une première qui pourrait intéresser d’autres nations diasporiques, à l’instar de la Jamaïque, Trinidad, Grenade, Cuba. Dans sa chronique au Monde Afrique, Abdourahman Waberi, auteur de ce regard d’Haïti de « retour au pays natal » affirme : « les Etats-Unis d’Afrique seraient ainsi en marche sur le continent et dans ses avant-postes transatlantiques, tout près de la zone d’influence de l’Oncle Sam. Le rêve africain verrait le jour ».
Haïti sera officiellement accueilli comme Etat membre de l’UA en marge du 27e sommet de l’UA qui aura lieu du 10 au 28 juillet 2016, à Kigali au Rwanda, qui a pour thème : « 2016/ Année africaine des droits de l’Homme, avec un accent particulier sur les droits des femmes ». La concrétisation de cette adhésion représente un avantage diplomatique indéniable pour l’UA et pour Haïti. Pour paraphraser Aimé Césaire, c’est la négritude qui se sera mise debout pour la première fois.
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