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Ghana : des centres de prières pour des malades mentaux enchaînés

Des centres de prières d’un genre particulier ont pignon sur rue dans le centre du Ghana. Ils sont considérés comme des lieux de «guérison spirituelle» où sont confinés des malades mentaux. De nombreuses personnes y sont enchaînées dans des conditions effroyables. Une coalition d’ONG dont HRW tirent la sonnette d’alarme.

Le Centre de renouveau spirituel et de guérison dans le sud du Ghana. Certains malades menteaux confinés ici sont enchaînés au mur.© Photo/HRW

Dans le camp de prière de Nyakumasi, dans le centre du Ghana où Human Rights Watch s’est rendu en avril 2017, seize personnes ont été libérées par les autorités et transférées dans un hôpital psychiatrique de la région. Elles vivaient enchaînées jour et nuit depuis de longues semaines.

Parmi elles, une fillette âgée d’à peine 12 ans, qui souffrait de déficience intellectuelle. Personne ne connaissait son nom. Une autre fille, âgée de 15 ans, y avait été conduite de force par sa mère.

«Je suis enchaînée ici depuis deux mois. Je n’ai jamais quitté cet endroit. Je me lave, je mange et je me couche ici. C’est ce que je fais tous les jours. Je préfèrerais aller à l’école», a confié la jeune fille aux enquêteurs de HRW.

Dans ces camps de prière privés qui se comptent par milliers, les malades, réels ou supposés, sont enchaînés par les chevilles à des arbres dans des cours ouvertes où ils dorment, défèquent et se baignent, dénonce une coalition d’ONG des droits de l’Homme.

Entre les mains de prophètes autoproclamés

Ils sont plusieurs centaines, voire des milliers, de malades mentaux à être détenus dans ces camps associés aux églises pentecôtistes et évangéliques. Des lieux gérés par «des prophètes autoproclamés» qui opèrent en dehors de tout contrôle du gouvernement. Certains vivent dans ces camps de prière depuis cinq ans.

Enchaînés et confinés dans des espaces restreints qu’ils ne peuvent quitter sans une autorisation spéciale, les malades ne reçoivent aucun traitement médical. Ils sont forcés de prendre des concoctions à base d’herbes ou sont privés de nourriture ou d’eau pendant des jours, rapporte HRW.

Halte aux chaînes

Une coalition d’ONG dont HRW appelle le gouvernement ghanéen à ordonner la cessation de cette pratique sur l’ensemble du territoire, et d’investir plutôt dans des services d’aide médicale et sociale au sein des communautés.

«Enchaîner quelqu’un en raison d’un trouble de santé mentale, réel ou supposé, n’est pas une façon décente de traiter un autre être humain. Les personnes atteintes d’un handicap psychosocial doivent jouir des mêmes droits et de la même dignité que quiconque», a déclaré Dan Taylor, directeur de MindFreedom, une ONG ghanéenne des droits de l’Homme.

HRW appelle le gouvernement ghanéen et ses partenaires internationaux à s’assurer que ceux qui sont libérés de leurs chaînes puissent avoir accès à des soins de santé mentale et à une aide au logement.

En 2012, le pays comptait quelque 2,8 millions de personnes souffrant de maladies mentales. Sur une population de près de 26 millions d’habitants. Malgré l’adoption d’une loi sur la santé mentale, 97% des patients qui auraient besoin de soins n’ont pas accès aux services psychiatriques.

«Loin des regards de la société»

En moyenne, les pays africains consacrent moins de 1% de leurs budgets de santé à la santé mentale, contre 6 à 12% en Europe et en Amérique du Nord, rapporte Afrique Renouveau. L’organe du département de l’information de l’ONU explique que la santé mentale ne figure pas dans la liste des priorités des gouvernements africains.

«Les malades mentaux qui errent dans les rues des villes surpeuplées d’Afrique sont pauvres et sans emploi et donc considérés comme vagabonds. Le vagabondage étant un crime dans ces pays, nombre d’établissements de santé mentale font office de prison, où des jeunes vagabonds sont enchaînés, loin des regards de la société», écrit Afrique Renouveau.

Troubles bipolaires, schizophrénie… il n’est pas concevable que des milliers de personnes souffrant de déficiences mentales soient confinées dans des lieux insalubres sans pouvoir contester leur internement, alerte HRW.

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