Le mandat de Yahya Jammeh a expiré à minuit. Ces dernières heures, la pression s’est accrue sur le président sortant. Pression diplomatiques et pression militaires : l’armée sénégalaise, soutenue par des troupes venues du Nigeria, s’est dit prête à intervenir si Yahya Jammeh ne cédait pas le pouvoir. Quant au chef d’état-major de l’armée gambienne, il affirme que ses soldats ne se battront pas contre d’autres soldats africains.
Depuis minuit, le mandat présidentiel de Yahya Jammeh est terminé, et après un long silence, la situation est en effet en train d’évoluer. Et c’est l’armée sénégalaise, habituellement si secrète qui a ouvert le bal des déclarations. Ce mercredi soir, son porte-parole, Abdou Ndiaye, a indiqué que les troupes étaient déployées le long de la frontière avec la Gambie.
« Nous sommes prêts et attendons l’échéance à minuit. Si aucune solution politique n’est trouvée, nous entrerons en Gambie », a déclaré le porte-parole de l’armée sénégalaise. Aux côtés des troupes sénégalaises, des soldats nigérians sont prépositionnés.
Si une intervention est évoquée se pose la question du mandat, soit des Nations unies, soit de la Cédéao. Sans mandat, il est impossible d’intervenir et quoi qu’il arrive, les forces Cédéao n’ont aucun droit pour intervenir en Gambie avant minuit.
Dakar a présenté au Conseil de sécurité des Nations unies un projet de résolution visant à autoriser la Cédéao à prendre « toutes les mesures nécessaires » pour assurer une passation de pouvoir en Gambie.
L’option diplomatique
La force d’un côté, la diplomatie de l’autre, car visiblement l’option d’un départ de Yahya Jammeh est toujours possible, envisagée et dans ce cadre, un signe est intéressant : l’arrivée à Banjul en fin d’après-midi du président de la Mauritanie. Mohamed Ould Abdel Aziz est proche de Yaya Jammeh.
La Mauritanie ne fait pas partie de la Cédéao, mais a toujours proposé ses services pour résoudre cette crise gambienne. Et la proximité entre les deux présidents pourraient permettre de trouver une solution négociée, pacifique, voire peut-être un départ de Yahya Jammeh. L’avion présidentiel mauritanien a décollé de Banjul vers 23h20, heure locale, pour atterrir 20 minutes plus tard à Dakar.
Par ailleurs, depuis deux jours le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et le chef des services de renseignements extérieur du royaume tentent une médiation. Et la Guinée, elle, a dépêché un émissaire très spécial, Tibou Kamara, conseiller du président Alpha Condé, et qui possède des liens familiaux avec le leader gambien.
Voilà la situation ce mercredi soir : d’un côté la pression des armes, de l’autre un espoir de sortie de crise sans coup de feu. Dans la capitale, on suit donc avec attention les rumeurs d’intervention militaire, les nouvelles de défections ministérielles et la « médiation de la dernière chance » du président mauritanien.
Banjul retient son souffle
Malgré l’état d’urgence sur l’ensemble du territoire en raison d’ « un niveau d’ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent » aucune mesure concrète n’a été annoncée pour l’instant. Les Gambiens sont donc dans l’attente.
Une ambiance « lourde, pesante » c’est ainsi qu’un habitant de Banjul décrivait l’atmosphère régnant dans la capitale mercredi. Pas de couvre-feu ni de déploiement significatif de troupes. Simplement des patrouilles un peu plus fréquentes que d’habitude.
Les témoins parlent aussi de rues désertes et des commerces fermés. Mercredi, 26 0000 gambiens avaient déjà traversé la frontière vers le Sénégal selon le HCR. On voyait également à l’aéroport de Banjul un très grands nombre de touristes occidentaux en attente de rapatriement.
Pour beaucoup la journée sera décisive pour l’avenir du pays. Le président élu Adama Barrow l’a répété : il prêtera bel et bien serment ce jeudi sur le sol Gambien.
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