Comme le dit justement l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé: « Les APE sont une véritable agression de l’Union Européenne contre les peuples d’Afrique, les PME/PMI, les paysans… »
Décidément, les oripeaux dont on a essayé d’habiller le pillage de l’Afrique depuis l’esclavage et la colonisation ont du mal à rejoindre les poubelles de l’histoire. Les héritiers du commerce triangulaire et de l’exploitation coloniale du continent noir, menés au détriment de son développement, ne désarment pas et s’obstinent à tenter d’imposer aux Africains leurs diktats mercantiles.
Car cet accord de libre-échange, tel que le suggère l’UE, n’est plus ni moins qu’un gigantesque marché de dupes !
Cette ouverture béante des frontières africaines aux produits européens est une hérésie. « Les A.P.E. constituent la dernière tentative de l’Europe pour continuer à aggraver le sous- développement de notre continent… » Affirme sans ambiguïté le bureau Afrique de la Confédération Syndicale Internationale (C.S.I.). La commission économique pour l’Afrique des Nations-Unies prévient : « Les A.P.E. risquent de réduire l’espace politique de l’Afrique.. » Les produits manufacturés européens continueront à inonder les marchés africains, alors que les pays, qui, par malheur, ratifieront ces accords, paieront des droits d’entrée exorbitants pour leurs produits dans l’espace de l’Union européenne. C’est inadmissible ! C’est révoltant ! Cette manière de faire ne peut que perpétuer « l’affaiblissement du processus d’intégration économique régionale » comme le regrettent les pays de l’A.C.P. (Afrique Caraïbes Pacifique).
LES SECTEURS AGRICOLE ET INDUSTRIEL DES PAYS AFRICAINS EN DANGER DE MORT
L’Europe industrielle et agricole « fait son beurre » sur le dos de l’Afrique depuis l’esclavage et la colonisation. C’est une litanie d’échanges déséquilibrés, qui assujettissent les Africains, les avilissent et les maintiennent ad vitam æternam dans un sous-développement insupportable, alors que les potentialités du continent noir sont immenses.
Les anciennes puissances colonisatrices n’ont jamais vraiment voulu procéder à un transfert de technologies favorable aux Africains. Ni créer sur le continent des industries de manufacture. Les matières premières que l’Europe ne possède pas ont toujours été exportées brutes, transformées sur son sol, puis exportées en Afrique, avec, bien sûr, des taxes démesurées. A l’inverse, quelques produits manufacturés africains ont été importés par l’Europe. Au compte-gouttes.
Quant aux agriculteurs, ils sont pris en otage par des accords « exogènes » qui plombent et compliquent l’exportation de leurs produits, les rendant ainsi dépendants de l’aide internationale. L’agriculture européenne, dopée par des subventions de la P.A.C. (Politique Agricole commune) inonde l’Afrique de ses produits agricoles vendus à vil prix, déstabilisant de ce fait un marché aux abois, car les paysans africains ne peuvent les concurrencer. Les Africains, pour leur consommation, se détournent des produits locaux trop coûteux. Face à l’agressivité des marchés européens, la famine qui sévit dans certains pays d’Afrique est aussi la conséquence de ce marché de dupes.
DEMAIN L’AFRIQUE
Les dirigeants africains devraient sortir de leur torpeur sans plus tarder et prendre conscience de la puissance de l’Afrique de demain !
Sa jeunesse impétueuse a une autre vision de son continent. Une vision d’émancipation, basée sur des échanges non imposés mais établis de façon équitable, d’égal à égal. L’Afrique de demain, c’est 2 milliards d’individus. C’est un marché gigantesque qui ne pourra qu’attiser l’appétit des prédateurs étrangers.
Les dirigeants africains ne doivent signer aucun accord déséquilibré de libre-échange avec l’Europe. Il faut un accord juste. L’Afrique ne doit pas demeurer indéfiniment dans un sous-développement entretenu par l’extérieur, alors que ses matières premières attisent les convoitises. Si l’Europe veut imposer à tout prix son accord déséquilibré de libre échange, l’Afrique doit envisager d’autres partenariats.
Le 8 juillet, la Tanzanie a refusé de signer l’A.P.E. concernant l’Afrique de l’est. Il faut que son exemple courageux soit suivi. On sait déjà que l’énorme Nigéria-182 millions d’habitants –manifeste de fortes réticences à entériner l’accord proposé.
Les dirigeants africains doivent se réveiller ! Si non, ils devront rendre des comptes à leur population – et, en particulier à leur jeunesse, avide d’un monde nouveau.
JOSEPH AKOUISSONNE
ANI
Comments
0 comments