Derrière l’équipe de France, c’est pour eux que le stade Pierre-Mauroy vibre le plus fort. Dès qu’ils entrent sur le parquet, les décibels grimpent : une bordée de sifflets salue l’arrivée des Espagnols. Le football a son France-Allemagne, le rugby son France-Angleterre, le basket a maintenant son France-Espagne. L’ennemi favori des Bleus du basket est clairement identifié par le public, qui devrait s’animer davantage ce soir que pour une éventuelle finale face à la Serbie ou la Lituanie. Tous les joueurs français en conviennent : il aurait été dommage que cet Euro ne propose pas de France-Espagne.
Cette demi-finale sera la septième opposition en compétition officielle en autant d’années, dont six en match à élimination directe. Les Bleus ne prennent que ces derniers en compte : jusqu’ici, ils ont perdu trois matches pour deux victoires. Ils se doivent une troisième victoire d’affilée avant de trancher, aux Jeux olympiques de Rio de 2016, le litige entre deux générations : celles de Tony Parker et Pau Gasol.
« Je n’ai pas de haine contre eux », disait le meneur français mercredi. « C’est juste un exemple pour nous, ils étaient là où j’avais envie d’être. »
Les joueurs ont généreusement nourri la bête
Comme dans toute rivalité entre deux équipes, il y a une part de construction médiatique visant à ramener le vague amateur de sport devant le téléviseur ou dans les kiosques. Mais les joueurs, aidés par le hasard des tirages au sort, ont généreusement nourri la bête. Même le placide Vincent Collet, sélectionneur de l’équipe de France, avait les yeux qui brillaient mardi soir lorsqu’il évoquait la future demi-finale, après la qualification contre la Lettonie.
La rivalité a même traversé l’Atlantique. Lors des playoffs NBA au mois d’avril, Nicolas Batum avait écrit à destination de ses coéquipiers des Portland Trail Blazers, avant un match face aux Memphis Grizzlies de l’Espagnol Marc Gasol, le message suivant pour les motiver : « On ne perd pas contre des Espagnols. » Le même Batum, hier :
« Dans un France-Espagne, tous les moyens sont bons pour faire tomber l’autre. Il faut utiliser tous les coups possibles… dans le respect des règles bien sûr. »
Dans un France-Espagne, tout est plus. La défense est plus dure, les courses plus nombreuses, les paniers plus précieux, les rebonds plus disputés, les manifestations du banc plus explosives. Et forcément, la victoire est plus belle.
@JeuneGuillou
guillou@lemonde.fr
Clément Guillou
Journaliste au Monde
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