Vincent Bolloré attaque sur tous les fronts. Depuis qu’il est président de Vivendi, l’homme d’affaires breton multiplie les acquisitions stratégiques. Après être grimpé au capital de Telecom Italia et Mediaset et s’être attaqué aux pépites du jeu vidéo Gameloft et Ubisoft, Vivendi vient de prendre 15% de la Fnac. Plus que personne, Bolloré sait qu’il faut toucher à tout pour réussir, à l’image de son propre groupe fondé en 1822. Une perquisition portant sur l’octroi de concessions de ports en Afrique vient toutefois d’avoir lieu au siège du groupe.
A partir de la papeterie familiale en difficulté qu’il a reprise dans les années 1980, fabricant du célèbre papier à rouler OCB, Vincent Bolloré a construit un immense conglomérat qui a réalisé 10,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires et dégagé un résultat opérationnel de 1,1 milliard d’euros en 2015. Son groupe emploie aujourd’hui 54.000 personnes dans 155 pays. Une réussite exceptionnelle, mais que fait exactement Bolloré ?
Le transport et la logistique, notamment en Afrique
Bolloré Transport & Logistics est la plus importante filiale du groupe Bolloré, avec un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros en 2015. Dirigée par Cyrille Bolloré, elle rassemble les activités de transport (aérien, terrestre), de logistique pétrolière et de construction de ports et de chemins de fer. Dans ses immenses entrepôts, le groupe stocke des milliers de tonnes de produits agricoles (cacao, café, coton…) ou pétroliers. Présent depuis près de 30 ans en Afrique, Bolloré dispose aujourd’hui du plus grand réseau de logistique intégré du continent, à travers l’exploitation d’une dizaine de ports, de chemins de fer et de routes.
Certaines de ces opérations font aujourd’hui l’objet d’une enquête. Selon Le Monde, la tour Bolloré, siège notamment du groupe Bolloré Africa Logistics, a fait l’objet d’une perquisition vendredi à Puteaux (Hauts-de-Seine) dans une enquête sur les conditions d’octroi des concessions des ports de Conakry (Guinée) et de Lomé (Togo).
Des films plastiques aux batteries électriques
Résultat de la première diversification de la papeterie, Bolloré est l’un des leaders mondiaux des films d’emballage pour l’industrie ou l’alimentaire et le n°1 mondial des films plastiques pour condensateurs et à partir de cette expertise, le groupe a mis au point une technologie de batteries électriques Lithium Métal Polymère et investit depuis longtemps dans le stockage de l’électricité. La filiale Blue Solutions exploite aujourd’hui ces batteries sur des voitures, bus et tramways électriques tandis qu’une autre filiale, IER (spécialiste des terminaux de billetterie et de contrôle d’embarquement), gère les bornes du service d’autopartage Autolib’ en France et à l’étranger.
Des plantations et des vignobles
En reprenant les actifs de la banque Rivaud à la fin des années 1990, Vincent Bolloré a hérité d’une farandole de sociétés holdings dont Socfin, qui gère plus de 180.000 hectares de plantations d’hévéas et de palmiers à huile, situées en Afrique et en Asie du Sud-Est. Une activité qui fait régulièrement scandale, alors que des associations dénoncent les mauvaises conditions de travail des ouvriers voire des accaparement des terres. Le groupe possède également trois fermes aux Etats-Unis et exploite plusieurs domaines viticoles dans le sud de la France, en zone d’appellation Côte de Provence dont le cru classé Domaine de la Croix et le Domaine de la Bastide Blanche.
Les médias et la communication
Le groupe Bolloré détient 60% du capital d’Havas, dirigé par son fils Yannick Bolloré, l’un des premiers groupes mondiaux de publicité et de conseil en communication. Il possède aussi son propre opérateur télécoms et le quotidien gratuit Direct Matin, ainsi qu’une participation dans la société de cinéma Gaumont. En 2005, Vincent Bolloré profite de l’arrivée de la TNT pour lancer les chaînes Direct 8 et Direct Star, qu’il revendra sept ans plus tard à Canal+, filiale du conglomérat Vivendi. Groupe qu’il contrôle aujourd’hui en tant que premier actionnaire (avec 15% du capital) et président du conseil de surveillance.
Des projets en pagaille
Vincent Bolloré ne compte pas s’arrêter là. Chez Vivendi, il semble vouloir réaliser ce que Jean-Marie Messier avait raté : un groupe de médias totalement intégré de la production de contenus à la distribution. Les montées au capital de Telecom Italia, Gameloft et de la Fnac feraient donc partie du même plan. Et si les synergies ne sont pas au rendez-vous, on peut parier que les plus-values boursières le seront.
L’homme d’affaires continue aussi de parier sur la voiture électrique. Blue Solutions va ainsi devenir l’opérateur national de bornes de recharge pour véhicules électriques et hybrides en France. Le groupe va installer d’ici 4 ans 16.000 bornes, soit une tous les 40 kilomètres. De quoi largement doper son business de batteries et de véhicules électriques.
Enfin, en Afrique, le Breton veut construire d’une « boucle » ferroviaire longue de 2.700 kilomètres, qui devrait relier cinq pays d’Afrique de l’Ouest : la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin et le Togo. Un projet à 3 milliards d’euros, qu’il a déclaré vouloir entièrement financer.
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