Les résultats partiels d’une étude toxicologique de grande ampleur suggèrent un lien entre le développement de deux cancers et l’exposition à des radiofréquences similaires à celles émises par les mobiles.
L’usage excessif du téléphone portable peut être néfaste pour la vie de couple, le sommeil ou la concentration. Mais augmente-t-il le risque de développer un cancer ? Une étude toxicologique de grande ampleur menée aux Etats-Unis relance le débat.
Le National Toxicology Program (NTP), programme de recherche associant plusieurs agences publiques américaines, a publié le 26 mai les résultats partiels d’une vaste étude sur le sujet , conduite sur des rats durant deux ans et demi et ayant nécessité 25 millions de dollars. Ils suggèrent un lien entre l’utilisation du téléphone portable et le développement de deux cancers.
Exposition à des radiofréquences de 900 MHz
Des rats ont été exposés à des ondes en laboratoire à raison de neuf heures par jour, par intermittence (10 minutes d’exposition, puis 10 minutes sans exposition, et ainsi de suite) tous les jours de la semaine. Le NTP a étudié les effets de cette exposition à des radiofréquences de 900 MHz, utilisées par deux normes de téléphonie mobile, GSM et CDMA.
L’étude met en avant une « incidence faible » de gliome cérébral et de schwannome cardiaque , deux tumeurs, chez les rats mâles exposés à ces radiofréquences. L’incidence croît avec le niveau de rayonnement reçu par les animaux. Les femelles exposées à un niveau identique n’ont, elles, pas été touchées. Un fait encore inexpliqué par les chercheurs. En parallèle, aucun des rats du groupe témoin, non-exposés aux ondes, n’a développé ce type de cancers.
Des résultats à prendre avec des pincettes
« Etant donné l’usage intensif à tout âge des technologies de la communication mobile, même une faible augmentation (des cancers) due à l’exposition pourrait avoir des implications importantes pour la santé publique », note le NTP dans son compte-rendu. Toutefois, les résultats complets de cette étude sont encore attendus dans les mois à venir et les effets observés sur les animaux ne s’appliquent pas forcément aux humains.
Par ailleurs, les rapports contradictoires sur le sujet se succèdent ces dernières décennies. Plus tôt ce mois-ci, une étude publiée par des chercheurs de l’université de Sydney dans « The International Journal of Cancer Epidemiology » n’a pas trouvé de lien entre mobile et cancers après avoir comparé l’évolution du nombre de cancers cérébraux depuis trente ans et l’essor de la téléphonie mobile.
« Notre étude suit celles déjà publiées aux Etats-Unis, en Angleterre, dans les pays nordiques et en Nouvelle-Zélande, où aucune confirmation de l’hypothèse « les téléphones portables causent le cancer » n’a pu être trouvée », avait souligné Simon Chapman , professeur émérite en santé publique à l’université de Sydney et premier auteur de l’étude.
« Cancérogènes possibles »
En 2011, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé les radiofréquences dans la catégorie des substances « cancérogènes possibles », précisant qu’ « à ce jour, il n’a jamais été établi que le téléphone portable puisse être à l’origine d’un effet nocif pour la santé ». En attendant des études plus poussées, l’OMS avait plaidé pour l’utilisation de « kits mains libres » et la pratique des SMS.
L’absence de lien tangible entre cancer et téléphonie mobile est également mis en avant en France par l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Dans un avis rendu public en octobre 2013 , elle indiquait qu’elle ne pouvait pas « mettre en évidence d’effet sanitaire avéré ».
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