La visite à Moscou du 19 juin 2015, n’a porté que sur la construction d’un gazoduc. Il faut aller plus loin et parler de la dette grecque. Malgré la chute des cours du pétrole et du gaz, la Russie peut prendre en charge une partie importante de la dette grecque. En outre, le niveau de pauvreté où est tombée une grande part de la société grecque, justifie la construction d’un Centre humanitaire russo-grec sur le modèle de celui qui est en Serbie.
En contrepartie de la couverture au moins partielle de sa dette, la Grèce peut autoriser des navires russes à stationner dans le golfe de Laconie. La Russie devrait être sensible à cette proposition : l’avenir du port de Tartous est des plus incertains ; les ambiguïtés saoudiennes et américaines excluent l’ouverture d’une guerre à fond contre Daesh ; les milices kurdes et chrétiennes peuvent au mieux tenir les forces de Daesh à distance de quelques territoires, non l’enfoncer. Daesh, ce sont en 80.000 et 100.000 hommes. Demain, ils seront peut-être 200.000. Ce ne sont pas 3.000 Américains peut-être envoyés comme « conseillers techniques » qui effraieront les forces de Daesh.
Le besoin d’un port en Méditerranée est une nécessité pour la Russie depuis le règne de Catherine et la conquête de la Crimée.
Il convient de rappeler l’intérêt de l’Union soviétique pour la Grèce : à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste grec (KKE) fut avec le Parti communiste français (PCF) et le Parti communiste italien (Partito Comunista d’Italia), financé par Moscou.
Disposer d’un poste d’observation au débouché du Bosphore et d’un poste d’observation sûr pour quarante ans en Méditerranée orientale est de nature à intéresser Moscou. Le golfe de Laconie répond parfaitement à ces fonctions.
En outre, la Grèce dispose de pétrole et de Gaz tant sous les eaux de la Crète méridionale. Lorsqu’en 2013, Putin intervint pour défendre Chypre contre la même troïka, il ne semble pas avoir été payé de retour.
La Grèce peut confier à Gazprom et Rosneft l’exploitation de ses gisements ; les redevances serviront à rembourser l’avance russe ayant couvert le passif grec actuel.
Le retour de Southstream, réseau gazier d’alimentation du sud de l’Union européenne, construit au départ de la Grèce (sa première version serait partie de Russie) et construit par la Russie, serait pour les deux nations dont une valeur essentielle est la religion orthodoxe, une terrible revanche qui mettrait en fureur Berlin, Paris et Washington.
Dr C. GARRIER
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