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Côte d’Ivoire : ce que Simone Gbagbo a dit devant ses juges

Priorité pour l’ex-première dame au deuxième jour de son procès : dénoncer point par point les chefs d’accusation.

La cour d’assises d’Abidjan juge depuis mardi l’épouse de l’ex-président Laurent Gbagbo, âgée de 66 ans, pour crimes contre l’humanité, crimes contre les prisonniers de guerre et crimes contre les populations civiles, commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3 000 morts en cinq mois. Simone Gbagbo est citée, selon l’accusation, pour son implication dans les tirs d’obus sur le marché d’Abobo, un quartier pro-Ouattara (l’actuel président ivoirien), dans la répression sanglante des femmes d’Abobo et pour sa participation à une cellule de crise qui planifiait et organisait des attaques, à travers des milices et des forces armées proche du régime. Mme Gbagbo comparaît alors qu’elle purge déjà une première peine de 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’État », prononcée l’an dernier. Voici ses arguments face aux juges.

Sur le procès :

« Monsieur le président, je suis devant cette cour par la volonté du pouvoir et pour des crimes que je n’ai pas commis », a-t-elle lancé. « On m’accuse de faits qui ne sont pas établis » et pour lesquels « on affirme mon implication directe ». « Ce sont des affirmations graves sans preuves, il n’y a que des contre-vérités, une déformation éhontée de la vérité », a martelé l’accusée, soulignant qu’on lui donnait « trop de pouvoir, même au-delà de celui de mon mari ».

Sur plusieurs tentatives de viol sur la personne de Simone Gbagbo :

Mme Gbagbo a en outre affirmé devant la cour mercredi avoir réchappé à une tentative de viol lors de son arrestation le 11 avril 2011, en compagnie de son mari. « Moi même, je suis arrivée à l’hôtel du Golf (quartier général d’Alassane Ouattara) les fesses à l’air, ma nudité exposée, j’ai subi plusieurs tentatives de viol en plein jour (…), et tout cela en présence des soldats français qui filmaient », a-t-elle affirmé, jetant un froid dans la salle.

Sur le vainqueur de la présidentielle de 2010 :

« Ma présence ici, répond au profond respect que j’ai pour le peuple ivoirien. Ce peuple pour qui j’ai mené, les mains nues, le combat pour la démocratie. Et les rassurer qu’ils ne se sont pas trompés en votant massivement pour le président Laurent Gbagbo en 2010. Oui, car c’est effectivement lui qui a gagné les élections de 2010. Je considère donc que le débat sur le vainqueur de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire est clos avec la décision du Conseil constitutionnel ; et que monsieur Laurent Gbagbo est le vainqueur des élections présidentielles de 2010 en Côte d’Ivoire. »

Sur la crise post-électorale :

« Contrairement à l’arrêt de la chambre d’accusation, la crise postélectorale est plutôt née du refus de monsieur Alassane Ouattara, aidé par les autorités françaises, très efficaces quand il s’agit de mobiliser ladite communauté internationale, de reconnaître la victoire de monsieur Laurent Gbagbo. »

Sur le rôle de la France :

« J’ai constaté une ingérence des autorités françaises dans le débat ivoirien. Cela s’est manifesté entre autres, par la lettre du président Sarkozy au président de la commission électorale indépendante. De quoi se mêle-t-il ? Cela s’est aussi manifesté par les bombardements des aéronefs français, qui n’ont jamais eu pour but de protéger les populations civiles, mais d’assister la rébellion dans ses attaques contre l’armée ivoirienne et les institutions de la Côte d’Ivoire, puis donner directement le coup final du 31 mars au 11 avril 2011. Puis les autorités françaises n’ont malheureusement fait qu’accentuer la crise postélectorale. »

Sur la marche de la RTI le 16 décembre 2010 :

La fameuse marche de la RTI n’était pas une marche pacifique, mais bien un mouvement armé planifié par les forces rebelles depuis le Golf Hôtel. Dans leurs différentes tentatives d’arracher le pouvoir à Laurent Gbagbo de toutes les manières possibles. En effet, des preuves attestent bien de cela et au cours de ce procès, ma défense produira les vidéos prouvant que la marche de la RTI organisée par monsieur Alassane Ouattara et ses collaborateurs, dont monsieur Soro Guillaume et les commandants de zones, était bel et bien une attaque armée planifiée. Certaines des forces de l’ordre commises à la sécurisation de cette marche y perdront la vie, sauvagement assassinées par des manifestants armés venus du Golf Hôtel, Q. G. de monsieur Alassane Ouattara.

Sur la marche des femmes d’Abobo du 3 mars 2011 :

Selon l’arrêt de la chambre d’accusation, des femmes qui manifestaient calmement pour réclamer le départ du président élu, Laurent Gbagbo, ont été violemment attaquées par un char de l’armée. Je suis particulièrement touchée par les violences faites aux femmes et ne peut que déplorer, toutes les agressions physiques qu’elles ont pu subir.

Le procès doit durer un mois et voir défiler à la barre une cinquantaine de témoins qui permettront peut-être de juger si oui ou non Simone Gbagbo est coupable des crimes dont on l’accuse.

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