Les groupes marocains réussissent à tirer leur épingle du jeu au sein d’un classement dominé par les pays du Golfe.
AttijariWafa Bank, la Banque centrale populaire, BMCE Bank et LafargeHolcim Maroc, ces quatre sociétés marocaines figurent dans le top 100 des entreprises les plus compétitives du Monde arabe, publié par le magazine Forbes Middle East. La présence de trois banques marocaines dans le classement (sur quatre entreprises classées) atteste ainsi de la bonne santé du secteur dans le pays.
La conquête africaine des banques marocaines, une stratégie payante
De tels résultats sont le fruit d’une stratégie employée par les banques du royaume chérifien, celle de la conquête de nouveaux marchés. En investissant le continent africain, où elle est active dans dix-sept pays, AttijariWafa Bank a ainsi vu ses performances financières influer de façon très positive, ce qui explique en partie sa vingtième place dans le classement, au coude-à-coude avec les banques du Golfe.
Un plan de bataille également prévu par la Banque populaire et la BMCE qui comptent développer leurs activités en Afrique, où elles ont réalisé, avec AttijariWafa Bank, un produit net bancaire (PNB) de 14 milliards de dirhams en 2016, soit près de 30 % du total engrangé sur l’année, d’après leurs filiales africaines.
LafargeHomcim Maroc, le leader mondial des matériaux de construction, fait par ailleurs pour la première fois son entrée dans le classement. À noter également, aucune entreprise de télécommunication marocaine n’est présente, alors que le secteur est florissant dans le pays, poussé par les réformes de restructurations engagées ces dernières années. Les secteurs des entreprises marocaines classées sont par ailleurs à l’image des trois secteurs les plus présents dans le top 100.
Une répartition des domaines économiques qui illustre bien la stratégie des pays du Golfe engagée depuis quelques décennies, celle de la diversification de l’économie, indispensable face à la menace de la disparition de la manne pétrolière.
La méthodologie
Pour établir un tel classement, les chercheurs de Forbes ont passé au crible près de 1 300 entreprises, dans 11 pays (l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, le Koweït, la Jordanie, le Liban, et enfin le Maroc, la Tunisie et l’Égypte), et considéré quatre grands facteurs : les ventes, les bénéfices nets, le total des actifs, et la valeur du marché. Le total des valeurs marchandes des entreprises étudiées s’élève en conséquence à 772 milliards de dollars (en avril 2017), ce qui représente une hausse de 12 % par rapport à l’année précédente.
Qui sont les leaders du classement ?
Peu surprenant, les pays du Golfe dominent largement le classement, la première place en terme du nombre de sociétés classées revenant à l’Arabie saoudite, avec 80 milliards de capitalisation et 36 sociétés, suivi par le Qatar et les Émirats arabes unis. L’entreprise saoudienne SABIC culmine à la première place, seule entreprise du secteur de la pétrochimie du top 10, qui compte également quatre autres sociétés du royaume wahhabite.
L’Égypte se maintient, la Tunisie absente
Autre pays du nord de l’Afrique à figurer dans le classement, l’Égypte compte trois entreprises dans le top 100 : Commercial International Bank – 45e –, Global Telecom Holding – 52e –, et Elsewedy Electric, qui fait cette année son entrée dans le top 100 à la 92e place. L’Egyptian Exchange (EGX) a d’ailleurs gagné 75 %, le plus fort taux de progression du Monde arabe pour l’année 2017. Une performance à souligner au vu de la crise économique que traverse le pays, dont la monnaie a été dévaluée à hauteur de 48 % en 2016 suite aux préconisations du Fonds monétaire international (FMI).
Enfin, soulignée par le site tunisien Nawaat, l’absence des entreprises tunisiennes dans le classement et notamment des quatre plus grands groupes du pays, à savoir la SFBT, la BIAT, la Banque de Tunisie et le groupe Poulina. À elles quatre, elles représentent pourtant 33,4 % de la capitalisation boursière tunisienne, et 39,1 % du TUNINDEX. Leur rentabilité n’a pas suffi à atténuer les effets de la grave crise économique que subit l’État tunisien, contraint notamment de recourir aux prêts et à la fiscalité afin d’obtenir les financements nécessaires à l’application du budget 2017.
Comments
0 comments