INTERNATIONAL – Anders Kompass, directeur des opérations de terrain au Haut-Commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme, a été suspendu après avoir fait fuité un rapport interne et confidentiel faisant état de viols sur enfants commis par des soldats français en opération en Centrafrique, affirme ce mercredi 29 avril le Guardian.
À cause de « l’incapacité de l’ONU » à réagir face à ces abus sexuels, cet agent humanitaire aurait donc transmis le dossier aux autorités. Et il s’avère particulièrement explosif. Selon ce document, des enfants -dont un âgé de neuf ans- auraient subi des sévices sexuels de la part de soldats français entre décembre 2013 et juin 2014. Juste après les révélations du Guardian, le ministère de la justice a confirmé que le parquet de Paris a ouvert au mois de juillet une enquête préliminaire portant sur des abus sexuels commis en Centrafrique par des militaires français. Ces investigations ont été lancées après transmission au parquet de Paris par le ministère de la Défense d’un document de travail des Nations Unies, a précisé l’AFP.
Des actes sexuels contre de la nourriture
Les faits se seraient produits dans le camp de M’Poko situé à l’aéroport de Bangui, la capitale du pays. Selon les témoignages que le Guardian a pu consulter, des jeunes garçons accusent les soldats français d’avoir abusé d’eux sexuellement en échange d’argent ou de nourriture. C’est suite à des rumeurs que l’enquête avait été commandée par le bureau du haut-commissariat de l’ONU pour les droits de l’homme.
Le 5 décembre 2013, la France a lancé l’opération « Sangaris » pour aider la Centrafrique à maintenir la paix dans le pays en proie à une guerre civile opposant les communautés chrétiennes et musulmanes. L’armée française avait alors envoyé 2000 hommes sur place. Les soldats incriminés dans le rapport étaient notamment déployés au sein la force onusienne Minsuca, précise le Guardian.
Contacté par Le HuffPost, le ministère de la Défense n’a pas commenté ces affirmations dans un premier temps. Par communiqué, il a ensuite annoncé que seraient appliquées les « sanctions les plus fermes » si les abus sexuels de soldats français « étaient avérés ». En outre, « le ministre de la Défense a pris et prendra toutes les mesures nécessaires pour permettre la manifestation de la vérité », précise le communiqué pointant une éventuelle « atteinte intolérable aux valeurs du soldat ».
Jeudi matin, le 30 avril, la secrétaire d’Etat en charge de la Famille, Laurence Rossignol, a estimé que ces militaires auraient commis « un double crime », si les accusations de viols d’enfants à leur encontre étaient fondées. « Si les faits sont avérés, ces faits seraient extrêmement graves », a déclaré Laurence Rossignol sur Radio Classique et LCI. De son côté, le ministre des Finances Michel Sapin a affirmé sur Europe 1 que « si les faits sont avérés, les sanctions seront d’une très grande sévérité ».
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