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Cameroun : la situation du gaz de Logbaba

Ils contestent la non-application des directives du chef de l’Etat ainsi que le mépris des dirigeants de Gaz du Cameroun (Rodeo). Ils ont investi la voie publique hier, mercredi 20 juillet 2016, en signe de protestation.

Ndogpassi II, lieu dit Centrale à Gaz du Cameroun. Il est 6h30mn lorsque le reporter arrive sur le lieu de la manifestation déjà noir de monde. A 100m exactement à l’entrée de la Centrale à gaz, fuyant les représailles des éléments du Bir, les jeunes sont assis à même le sol, pancartes en mains. On peut y lire l’essentiel de leurs frustrations.

Ici, pas moyen de passer selon qu’on est, soit en voiture ou en motocyclette. Même les cyclistes sont obligés de porter leurs engins à deux roues sur la tête pour passer. Les habitants du quartier devant se rendre au travail hier sont obligés de se plier en quatre pour passer. Situation difficile pour les employés de Gaz du Cameroun qui, eux, devaient vaquer à leurs occupations. Il fallait stationner plus loin et battre le pavé à la hussard. Sur les pancartes des manifestants, on pouvait lire : « Gaz du Cameroun : recrutement familial ; Non au tribalisme ; Carrière de sable fermée, jeunesse au chômage ; Nous en avons marre des promesses depuis 6 ans ; Au secours M. le président de la République, la jeunesse de Ndogpassi souffre ».

Le nœud du problème
A l’origine de cette manifestation des riverains de Ndogpassi, un sentiment de rejet, doublé de mépris et de frustration. Même si au cours des échanges on pouvait déceler de la tension, ces derniers ont dit manifester dans le calme et la paix. Les habitants affirment en avoir marre des promesses d’emploi non respectées lors du discours d’inauguration de la centrale en 2012 par le chef de l’Etat. Pour M. Fangwa Victor, porte-parole des manifestants : « Gaz du Cameroun ne se soucie pas de la situation des riverains. Ils ont fermé notre carrière de sable qui nous pourvoyait en argent et qui nous permettait d’envoyer nos enfants à l’école. Aujourd’hui, nous sommes sans emploi, mais avec des charges. Lors de l’inauguration de cette centrale à gaz, le président de la République avait affirmé solennellement que 80% de la main-d’œuvre irait aux riverains. Aujourd’hui, les recrutements se font tous les jours, mais la population riveraine n’en profite pas. »D’après lui, l’effectif de Gaz du Cameroun est aujourd’hui à 180 employés. Sur les 180, seulement 06 sont des riverains. Pourtant les recrutements se font en catimini tous les jours.
A Gaz du Cameroun, on se montre serein. Une source que nous avons pu joindre au téléphone et qui a requis l’anonymat affirme que : « nous ne sommes pas au courant de cette manifestation. Les riverains ont adressé des correspondances au chef du village, au directeur général de Gaz du Cameroun et au sous-préfet de Douala 3ème. Une étude est en cours pour remédier à cette situation. Nous sommes étonnés que les jeunes soient assis avec des pancartes à l’entrée du site et empêchent nos véhicules d’en avoir accès. Ces jeunes doivent savoir que les emplois ne vont pas se créer juste pour leur plaisir. Gaz du Cameroun est conscient de leur situation, mais reste fidèle à ses principes : à compétence égale, priorité aux riverains. » Voilà qui est clair.

Mesures d’intimidation
Arrivés sur les lieux de la manifestation, le commissaire du 14ème arrondissement qu’accompagnaient ses éléments, tente une entrée en force. Rien n’y fait. Les jeunes restent assis. La tension monte. Le commissaire durcit le ton. « Nous avons adressé des correspondances au sous-préfet, au chef du village et au directeur général de Gaz du Cameroun. Le commissaire n’est pas dans son rôle quand il vient nous intimider. Nous ne voulons pas faire de casse. Nous voulons simplement faire connaitre nos droits pacifiquement. Le président de la République avait dit ici même en 2012, que la priorité devait revenir aux riverains. Malgré plusieurs négociations, nous sommes marginalisés et délaissés », fulmine Siegfried Toba, riverain. Pour le commissaire de police, pas de négociation. « Les gens ont occupé la voie publique et par conséquent, doivent la libérer, car empêchent les citoyens de vaquer librement au travail », instruit-il. Et de gronder : « que les jeunes aillent manifester là où ils seront entendus, mais non pas sur la voie publique au risque de paraitre comme des hors-la-loi ».

L’arrivée du sous-préfet M. Njoya Zakariaou apaise la tension. Une ouverture au dialogue est faite. La libération de la voie publique peut enfin suivre. Le chef de terre rappelle qu’il est important de respecter les forces du maintien de l’ordre, car force restera toujours à la loi. Non sans appeler au sens de la responsabilité et du dialogue.

Au moment où nous quittions les lieux, une concertation devant réunir huit représentants des manifestants, le directeur général de Gaz du Cameroun, le Commissaire du 14ème, ainsi que d’autres représentants se tenait dans les services du sous-préfet. C’est dire que le dialogue est vraiment ouvert et que la situation des jeunes connaîtra des jours meilleurs. On ne perd rien à attendre.

Cheikh Radykhal Epanda (Cp)

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