Le CODE tient à porter à la connaissance de l’opinion nationale et internationale les nouvelles menaces qui pèsent sur les défenseurs des droits humains au Cameroun, et en particulier sur Mme Maximilienne Ngo MBE, directrice exécutive du Réseau des Défenseurs des Droits Humains en Afrique Centrale (REDHAC).
En effet, dans le contexte de l’agression des forces obscurantistes et sanguinaires des Boko Haram contre les populations camerounaises, un climat de recherche des soutiens intérieurs et extérieurs aux Boko Haram sévit actuellement au Cameroun et commence à mener à une chasse aux sorcières dangereuse pour la démocratie et les droits humains.
Outre le vote d’une loi proprement liberticide par le régime toujours dictatorial de M. Biya, au motif évidemment noble, de la lutte contre le terrorisme, voici que des citoyens et acteurs de la société civile se mettent à désigner des boucs émissaires dénichés on ne sait sur quelles bases et par quelles preuves.
C’est ainsi que Mme Ngo MBE a été, sans aucun fondement, nommément désignée par des hommes politiques, journalistes et activistes comme étant une complice des puissances occidentales, européennes et étatsuniennes, pour soi-disant « déstabiliser le Cameroun ». Ne s’arrêtant pas là, certaines de ces personnes, dont M. Jules Njawé, trahissant ainsi les idéaux paternels, ont appelé à brûler les locaux – et sans doute leurs occupants – du REDHAC et souhaité une fin identique à celle de l’opposant russe récemment assassiné, jouant sans doute sur le fait que cet opposant était l’implication, fut-elle justifiée, de la Russie dans la guerre civile ukrainienne.
Le CODE dénonce avec fermeté de telles dérives qui dénotent d’un manque de maîtrise de soi en temps de crise. Que l’on ne soit pas d’accord sur des sujets de société ou des thématiques défendues par certains défenseurs des droits humains est une chose somme toute normale dans une société plurielle, mais que l’on instrumentalise ces désaccords pour en faire une chasse aux sorcières au point d’appeler à brûler des locaux ou à attenter à la vie d’autrui, dans un contexte d’émotion explosive comme c’est le cas en ce moment au Cameroun, est totalement inadmissible !
Le CODE ne peut pas tolérer qu’on appelle à commettre des exécutions extrajudiciaires qu’il dénonce justement, depuis plus de 10 ans, de la part du régime dictatorial RDPC-Biya.
Le CODE tient à rappeler l’énorme travail de qualité que réalise le REDHAC pour que la situation des droits de l’Homme au Cameroun soit connue de tous et pour que les autorités soient contraintes de l’améliorer. Pour rappel, la dernière contribution du CODE à la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies, en février 2012, avait largement emprunté aux travaux du REDHAC.
Quelles que soient les éventuelles divergences sur des sujets sociétaux, le CODE réaffirme sa solidarité avec les défenseurs de droits humains au Cameroun en général et avec Mme Ngo MBE en particulier, pour leur travail salutaire réalisé dans des conditions difficiles et dangereuses.
Le CODE appelle donc les acteurs de la société civile et politique camerounaise à garder leur calme en cette période troublée, et à ne pas céder aux raccourcis des boucs émissaires. Il appelle chacune et chacun à garder raison et à éviter d’amplifier les faits liberticides commis par le régime RDPC-Biya et qui n’ont rien à voir avec la lutte contre le terrorisme ou contre les agressions extérieures.
Fait à Bruxelles,
Le 06/03/2015
Patrice Ndjoumi,
Secrétaire exécutif
Guillaume Tene Sop: Secrétaire à la communication
Moïse Essoh: secrétaire aux relations internationales
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