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Au Mozambique : la repopulation des lions du parc de Gorongosa en question

Le Gorongosa Lion Project soigne la soixantaine de lions qui subsistent dans la réserve et essaie de sensibiliser la population locale pour endiguer le braconnage.

Ils sont amputés, ont perdu un membre dans les pièges à loup ou les collets en fil de fer posés par les braconniers. La dizaine de ces carnivores estropiés représente un sixième des lions surveillés dans le parc national du Gorongosa, en plein centre du Mozambique. Ces survivants, récupérés, soignés puis relâchés par le personnel du parc, illustrent l’enjeu de la repopulation des lions dans le pays, presque éteints après la guerre civile de 1976-1992.

Les lions ne sont pourtant pas la cible habituelle des braconniers, qui cherchent plutôt à attraper du gibier comme les antilopes pour la viande, dans une région soumise aux tensions persistantes entre les vieux ennemis de la guerre civile.

Ceux qui survivent à la perte d’un membre peuvent toujours s’accoupler et chasser, bien que la plupart deviennent solitaires. Les femelles ont du mal à élever leurs petits, en partie parce que les risques d’infection sont plus élevés pendant la période stressante de l’allaitement. Enfin, des lions en bonne santé attaquent parfois leurs congénères blessés.

« Un tiers de nos lions a été attrapé »

Il y avait autrefois une population de lions estimée à 200 dans le Gorongosa, réduite à moins de 10 après la guerre. Des pièges en ont tué sept cette année, mais au moins 14 lionceaux sont nés depuis juin et 11 ont survécu jusqu’à maintenant.

« Un tiers de nos lions a été attrapé » par des pièges de braconniers, explique Paola Bouley, qui a co-fondé le Gorongosa Lion Project en 2012. « Nous avons pu en récupérer la majorité, mais beaucoup sont morts. »

Seuls 15 % du parc de Gorongosa, qui s’étend sur plus de 4 000 kilomètres carrés, sont carrossables. Pourtant, les colliers GPS posés sur certains lions transmettent leur position à intervalle de quelques heures, et les équipes anti-pièges parviennent à intervenir rapidement s’ils remarquent des données inhabituelles.

Cette année, les éclaireurs récemment formés du parc ont découvert 9 200 collets en fil de fer et 245 pièges à loup, selon Rui Branco, le chef des rangers du parc.

Ce lion âgé d’un an s’est coincé la patte dans un piège à loup posé par des braconniers dans le parc de Gorongosa, au Mozambique, en 2015.
Ce lion âgé d’un an s’est coincé la patte dans un piège à loup posé par des braconniers dans le parc de Gorongosa, au Mozambique, en 2015. CRÉDITS : PAOLA BOULEY / AP

Les braconniers reconnus coupables payent une amende et peuvent être emprisonnés. De nouvelles lois sont censées faciliter la poursuite des fabricants de pièges et des trafiquants, affirme Rui Branco. Selon lui, des juges se sont rendus dans le parc pour s’instruire sur le braconnage.

Ancienne manne touristique

La sécheresse et les tensions persistantes entre le Felimo, au pouvoir, et le principal parti d’opposition de la Renamo, qui dispose d’une base dans la région du Gorongosa, ont accentué les difficultés des quelques 200 000 habitants installés autour du parc.

Mais de nombreux projets sont en cours pour aider la communauté, et les autorités du parc tentent d’éduquer les enfants sur le rôle que peuvent apporter les lions au retour du tourisme, et aux revenus associés. Cette année, lors d’une cérémonie organisée dans le parc, les chefs locaux ont donné des noms – Tambarare, Muanadimae et Mafambisse – à des lionceaux.

Les lions du parc de Gorongosa attiraient les touristes pendant la période coloniale portugaise, achevée en 1975. L’un des monuments emblématiques du parc est d’ailleurs la « maison des lions », un bâtiment abandonné sur lequel ils avaient pour habitude de grimper.

Le rétablissement de la population des lions de la réserve n’est pas encore certain, bien qu’ils aient à présent une faune abondante à chasser, grâce à la bonne gouvernance du parc.

« Pour sauver les lions sur le continent, il faut comprendre les enjeux de la malnutrition, de la pauvreté des populations, et de la gouvernance locale », annonce Paola Bouley. « C’est là tout ce que nous faisons dans le Gorongosa. »

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