A 63 ans, le général à la retraite Joao Lourenço s’apprête à incarner le nouveau visage du pouvoir en Angola. C’est le président Dos Santos qui l’a désigné pour lui succéder, en cas de victoire du Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA) aux élections générales du 23 août 2017. L’homme fort du régime a décidé de ne pas briguer un nouveau mandat après 38 ans de présidence.
Joao Lourenço est un fidèle de la première heure du président Dos Santos. Même s’il a déjà occupé de nombreuses fonctions officielles, c’est seulement ces derniers mois que les Angolais ont véritablement découvert ce personnage discret, peu à l’aise sur les estrades. Didier Péclard, spécialiste de l’Afrique subsaharienne à l’université de Genève, le qualifie d’«homme du consensus, qui fait partie du premier cercle du pouvoir».
«Cela fait longtemps que je me prépare à cette fonction et que l’on m’y prépare», avait notamment confié en février le général à la retraite, à l’annonce officielle de sa candidature pour conduire la liste du MPLA aux élections législatives.
Son accession, en 2014, au poste de ministre de la Défense, le sort de l’ombre. Mais c’est lorsqu’il devient vice-président du MPLA, en août 2016, que cet apparachik intègre le cercle étroit des dauphins possibles.
Nourri au marxisme-léninisme, Joao Lourenço, né le 5 mars 1954, à Lobito (ouest), a étudié l’histoire dans l’ex-Union soviétique qui a formé pendant la Guerre froide les jeunes figures montantes de la décolonisation en Afrique. Il rejoint la lutte pour la libération de l’Angola, en 1974, après la chute de la dictature au Portugal, et prend part aux combats qui conduiront à l’indépendance de l’ancienne colonie portugaise en 1975.
L’Angola sombre alors dans la guerre civile et les rivalités entre le MPLA (pro-soviétique), l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) et le Front national de libération de l’Angola (FLNA), pro-occidentaux.
Fils d’un infirmier très engagé politiquement qui fera trois ans de prison, Joao Lourenço voue une loyauté sans faille au MPLA et à son chef, José Eduardo Dos Santos, depuis les années 1970. Il parle portugais, anglais, russe et espagnol, selon sa biographie officielle.
FORÇA FEMININA
Precisamos – e vamos- reforçar as políticas públicas de igualdade de género e apoio à mulher, (…) pic.twitter.com/oO8cy4LtLC— João Lourenço | MPLA (@eusoujoaol) August 21, 2017
«C’est le dauphin idéal de dos Santos», estime Alex Vines, du centre d’études britannique Chatham House. «Il est respecté par les militaires, n’a pas vécu le grand train de nombre d’autres hiérarques et son épouse a une bonne réputation de technocrate qui devrait attirer les suffrages des femmes», ajoute-t-il. Cette dernière, Ana Dias Lourenço, a été ministre de 1997 à 2012 et représentante de l’Angola auprès de la Banque mondiale.
Joao Lourenço, «l’homme du système»
Même constat de la part de Luaty Beirao, rappeur et militant, qui décrit l’ancien officier comme «un militaire, à la mentalité hiérarchique: il donne des ordres, les autres obéissent».
Le candidat du parti présidentiel s’est engagé dans ses discours à «lutter contre la corruption», à «créer des emplois» et à «rendre l’Angola meilleur». Mais ses promesses sont difficilement tenables étant donné le système mis en place par son prédécesseur. José Eduardo dos Santos, 74 ans, a fait récemment adopter des lois qui le protègent de la plupart des poursuites judiciaires et bloquent pour des années tout changement à la tête de l’armée et de la police.
De plus, le fonds souverain de l’Angola est dirigé par un des fils dos Santos, José Filomena, et la compagnie pétrolière nationale Sonangol est tenue par sa fille Isabel, présentée comme la femme la plus riche d’Afrique.
Au pouvoir depuis 1975, le MPLA envisage le scrutin du 23 août comme une formalité. Faute de moyens financiers et d’un accès aux médias, les deux principaux partis d’opposition, l’Unita et la Casa-CE, ne semblent pas en mesure de priver le MPLA de sa majorité absolue au Parlement. Quelque 9 millions d’Angolais sont appelés à voter, alors que la Constitution angolaise prévoit que le candidat du parti vainqueur est automatiquement investi chef de l’Etat.
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