Au Soudan du Sud, des douzaines de prisonniers sont entassés dans des containers en métal sous une chaleur étouffante, avec un minimum d’eau et de nourriture, dénonce Amnesty International dans un rapport publié le 27 mai.
Des containers de métal en guise de prison. Des douzaines de prisonniers y sont entassés, avec peu d’eau, dans des chaleurs étouffantes. Cela se passe au Soudan du Sud et c’est la deuxième fois en quelques mois qu’Amnesty International tire la sonnette d’alarme sur les conditions de détention dans le pays. Dans un rapport publié le 27 mai, l’ONG de défense des droits de l’Homme ne mâche pas ses mots : ces détenus « risquent de mourir ».
« Au Soudan du Sud, les containers maritimes sont souvent utilisés comme lieux de détention ou comme abris. C’est d’autant plus problématique qu’il n’y a pas d’aération et pas de fenêtre. Compte tenu des températures extrêmes, ces containers sont comme des fours. Il faut ajouter à cela lemanque de nourriture et d’eau et des passages à tabac, ce sont des conditions inhumaines », dénonce Elizabeth Deng, spécialiste du Soudan du Sud pour Amnesty International.
« Délibérément asphyxié plus de 60 hommes et garçons »
Malgré les 23 témoignages recueillis par l’ONG, le gouvernement sud-soudanais nie l’existence de ces prisons clandestines. C’est pourtant une procédure courante au Soudan du Sud. Dans son dernier rapport, Amnesty International avait enquêté sur un site de détention appelé Gorem, à une vingtaine de kilomètres de la capitale Juba. Sur les images satellites publiées par l’ONG, on peut voir quatre containers de ce type, disposés en L, derrière une double clôture grillagée.
En mars 2016, Amnesty accusait dans un précédent rapport les forces gouvernementales d’avoir « délibérément asphyxié plus de 60 hommes et garçons » en les enfermant dans des conteneurs métalliques », en octobre 2015, puis d’avoir « jeté leurs corps dans un champ à Leer », ville de l’État d’Unité.
Des prisonniers « politiques » qui n’ont pas été inculpés
Selon Amnesty International, la plupart des détenus sont des prisonniers politiques, qui n’ont jamais été présentés à la justice. « Selon nos informations, certaines personnes sont détenues car elles sont accusées de liens avec l’opposition, mais elles n’ont pas été inculpées. L’accord de paix prévoit la libération de toutes les personnes qui sont détenues à cause du conflit. Tous ces gens doivent être libérés », poursuit Elizabeth Deng.
L’accord de paix signé en août 2015 n’a pas mis fin à la guerre civile dévastatrice qui frappe le pays depuis fin 2013. Fin avril, le chef rebelle, Riek Machar, a toutefois regagné Juba en avril dans le cadre d’un accord de paix, pour former un gouvernement d’unité nationale avec le président Salva Kiir.
Mais les combats se poursuivent dans diverses parties du pays, alimentés par des milices locales qui ne s’estiment pas tenues par l’accord de paix. Les deux camps ennemis sont accusés de massacres ethniques, de viols de masse, de torture, ainsi que de recruter et tuer des enfants.
Avec AFP
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