Des appels pour la reconnaissance de l’excellence
Félix-Roland Moumié est né le 01 Novembre 1925. Il a été assassiné le 3 novembre 1960, soit deux ans après l’assassinat de Ruben Um nyobé, qui devait signifier la décapitation de l’Union des Populations du Cameroun. Il avait donc 35 ans. Mais, malgré les risques, il décide de prendre le témoin et de continuer la lutte. A son actif, il peut compter sur une longue expérience de militant et dirigeant politique. Il vivait en exil, depuis 1957
- d’abord à Kumba (Cameroun occidental), où il a apporté son appui aux partis politiques engagés dans la bataille pour la réunification du Cameroun,
- ensuite au Soudan. C’est ici qu’il va créer un Bureau de liaison avec l’intérieur du pays et surtout avec les pays panafricanistes africains et les pays progressistes européens (bloc de l’Est.
De cette intense activité, l’histoire retient deux choses : d’une part, l’organisation du maquis de l’Ouest, de laquelle émergera rapidement Singap Martin, comme chef d’état- major de l’armée de libération nationale du Kamerun (ALNK), et d’autre part, une activité diplomatique dense, organisée à partir du Soudan. Elle le rapprochera des leaders panafricains, comme Nasser, Nkrumah, Sékou Touré, qui les désigne responsable politique des troupes guinéennes sous la bannière des Nations-Unies au Congo Léopoldville (actuelle RDC), ce qui favorisera une collaboration étroite avec Lumumba. C’est vraisemblablement ceci, qui décidera, si l’on croit la révélation de Lumumba selon laquelle, il se savait condamner à mort depuis que les américains avaient su que Nkrumah lui avait confié son projet panafricain. Il a donc été tué pour qu’il ne continue pas ses deux combats : une véritable indépendance du Cameroun et les Etats-Unis d’Afrique, deux combats qui demeurent d’actualité.
Il est donc assassiné, comme son prédécesseur, dans des conditions effroyables. Néanmoins, lorsqu’il sent ses forces l’abandonner, il pense à préserver son parti : sa documentation est confiée à l’ambassadeur de Guinée en France. C’est ce qu’on désigne responsable chez les révolutionnaires. A titre de comparaison, souvenez-vous que le 6 avril 1984, le Cameroun a vécu un blackout total de la part du gouvernement. Imaginez, ce qui serait arrivé aux populations, si les mutins avaient décidé de s’en prendre à elles, du fait de leur soutien à Biya !
« Il n’est jamais trop tard, pour bien faire », dit le dicton populaire. Les forces patriotiques peuvent critiquer, que dans sa loi de 1991, Paul Biya, en reconnaissant les héros nationaux, ait mis dans le même sac le bourreau –Ahidjo- et les victimes –Um Nyobé, Moumié et Ouandié-. Il ne reste pas moins vrai qu’en prenant cet acte, il a amorce le chemin de la réconciliation du peuple camerounais avec son histoire. Courageusement, il devrait sortir ce geste positif de sa clandestinité, en
- insérant dans les enseignements d’histoire, les éléments élogieux de leur vie, susceptibles de façonner un nouveau modèle de personnalité camerounaise, distinct des dénonciations, du type « cette bataille était perdue d’avance », « avec l’indépendance de 1960, le Cameroun disposait d’autres moyens pour conquérir sa souveraineté économique » etc, qui ne sont que des prétexte à la soumission,
- instituant une journée des martyrs ce qui s’accompagnerait, non seulement de pratiques politiques dénonçant les dérives d’exclusion, mais aussi, dans le pays des places des martyrs, dans lesquelles les cérémonies se dérouleraient,
- organisant une politique de dédommagement des victimes, dont le premier acte serait le retour de leurs restes, pour ceux, qui sont enterrés à l’extérieur du pays,
- condamnant solennellement les comportements déshumanisant, subis par les Camerounais entre les mains des forces de l’ordre.
L’Alliance patriotique profite du 63ème anniversaire de l’Assassinat de Félix-Roland Moumié pour lancer un vibrant appel à toutes et à tous, s’associer à la constitution d’un courant d’opinion contre l’exclusion, responsable de comportements déshumanisants, de violences diverses, de tueries extra judiciaires. Il suffit, pour commencer de diffuser intensivement la présente déclaration.
Fait à Douala, le 3 novembre 2023
Pour le Bureau politique
DIKOUME MBONJO YAGNYE TOM Daniel FOGUE
2ème Vice-Président Président 1er Vice-Président
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