« Il est plus cher d’envoyer l’argent en Afrique que partout ailleurs dans le monde », a déclaré le directeur exécutif par intérim de l’Institut africain pour les envois de fonds (IAEF), Amadou Cissé.
C’était au cours d’un panel intitulé « abaisser les coûts de transferts de fonds : le rôle du gouvernement et des banques centrales », organisé à Addis-Abeba, en Ethiopie, dans le cadre de la Semaine du développement africain. En 2015, les migrants africains ont envoyé plus de 6 milliards de dollars en Afrique.
Les coûts actuels des transferts d’argent en Afrique sont de l’ordre de 8,52%, contre une moyenne mondiale globale de 7,3%. Ce coût élevé fait que certains migrants choisissent des envois d’argent par des canaux non officiels, a expliqué Amadou Cissé. Une pratique rend difficile le travail des banques centrales dans la traçabilité du flux des transferts d’argent, annihilant ainsi toutes possibilités pour les gouvernements africains de titrer un maximum de profits de « ces importants revenus », a-t-il ajouté.
Pour Hailu Kinfe, consultant à l’IAEF, la réduction des coûts de transferts d’argent en Afrique est devenue une urgence. Soutenant que l’Afrique pourrait ainsi épargner 1,4 milliard de dollars « si on parvenait à fixer à 5% le taux de transfert des envois sur le continent ». Ce qui suppose, selon lui, un meilleur système de contrôle du circuit du marché des envois d’argent par des pays africains.
A ce jour, seuls le Nigeria et l’Egypte présentent des statistiques fiables des flux de transferts d’argent, a-t-il indiqué. Les envois de fonds des migrants demeurent la plus grande source d’entrées de capitaux étrangers en Afrique.
La migration : opportunités et défis
Pour le commissaire chargé des Affaires sociales de l’Union africaine (UA), Mustapha Kalokoh, la migration en Afrique offre davantage d’opportunités que de défis. Selon lui, les flux migratoires sont beaucoup plus importants à l’intérieur du continent qu’en dehors. Il pense que la migration est un phénomène qu’il faut gérer « correctement », compte tenu de nombreux avantages qu’elle peut induire pour les populations.
En effet, les envois de fonds des migrants ont constitué depuis 2006, la plus grande source d’entrée de capitaux étrangers, derrière l’Investissement direct étranger (IDE). Les envois de fonds vers l’Afrique ont quadruplé entre 1990 et 2010, atteignant près de 40 milliards de dollars en 2010, soit une moyenne de 2,6% du Pib de l’Afrique. Mustapha Kalokoh invite les dirigeants africains à mettre en place des programmes innovants pour rendre plus attrayant le continent.
Il s’est félicité à ce propos de l’adoption par l’UA de l’Agenda 2063 dont des « volets essentiels visent à optimiser les ressources humaines du continent ». Sur la population totale de migrants en Europe, près de 12% viennent d’Afrique, soit environ 31 millions d’Africains. Aujourd’hui, force est de constater une diversification des destinations des migrants, notamment vers la Chine et vers les pays du Golfe. Mais ont aussi noté une forte tendance du retour vers l’Afrique, ces dernières années, de migrants attirés par l’embellie économique sur le continent.
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