Vingt morts en trois semaines, de Michel Tournier à Glenn Frey en passant par Edmonde Charles-Roux, de nombreuses personnalités du monde du spectacle et de la littérature ont tiré leur révérence. La liste de ceux qui nous ont quittés ne cesse de s’allonger.
On n’a jamais vu un début d’année si meurtrier dans le domaine de la culture. Une hécatombe. Jour après jour, des monstres sacrés de la musique et du cinéma ont rejoint les étoiles, les uns après les autres. Alors que l’année 2016 n’a commencé que depuis trois semaines…
● Edmonde Charles-Roux (1920-2016):
Ex-présidente de l’Académie Goncourt, la romancière est morte le 20 janvier, à l’âge de 95 ans. Edmonde Charles-Roux avait remporté le prix Goncourt en 1966 pour Oublier Palerme puis avait été élue membre de l’Académie Goncourt en 1983, avant d’en devenir présidente en mars 2002. Elle est alors la deuxième femme à occuper ce poste après Colette. La romancière s’était illustrée aussi par ses activités de résistante pendant la guerre. Elle est notamment pour avoir participé à la rédaction de la série Les Rois maudits qui a stimulé en France le goût pour les romans historiques.
● Ettore Scola (1931-2016): grand maître du cinéma italien
Réalisateur de chef-d’œuvre mettant en scène Marcello Mastroianni ou encore Sophia Loren, Ettore Scola, est décédé le 19 janvier, à Rome. Trois films ont particulièrement marqué sa longue carrière, riche d’une trentaine d’œuvres cinématographiques: Nous nous sommes tant aimés, qui avait rencontré un grand succès international en 1974 ; Affreux, sales et méchants, prix de la mise en scène à Cannes en 1976 ; et Une journée particulière en 1977, avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni, deux illustres exemples d’acteurs qui ont joué sous sa direction.
● Michel Tournier (1924-2016): le père de Vendredi
L’écrivain est décédé, le 18 janvier à l’âge de 91 ans, chez lui à Choisel, il est l’un des grands auteurs français de la seconde moitié du XXe siècle. Élu en 1972, juré Goncourt, membre du comité de lecture de Gallimard, il publie beaucoup: Le Vent Paraclet (1977, essai), Le Coq de bruyère (1978, nouvelles), Gaspard, Melchior et Balthazar (1980, roman), Gilles et Jeanne (1983, roman), La Goutte d’Or (1986, roman) etc. Les livres pour enfants le passionnent. Michel Tournier adapte un Vendredi pour la jeunesse, qui devient un classique et écrit au total une quinzaine de livres pour jeunes. À l’annonce de son décès, le président François Hollande a loué l’«immense talent» de Michel Tournier, «un grand écrivain, un écrivain européen, dont l’œuvre a traversé le XXème siècle et marqué l’histoire de la littérature.»
● Leila Alaoui (1982-2016): photographe des identités culturelles
Photographe et vidéaste, la jeune femme a été grièvement blessée au cours de l’attentat à Ouagadougou , alors qu’elle réalisait un reportage dans le cadre d’une mission pour l’ONG Amnesty International. Elle est décédée le 18 janvier au Burkina Faso, à l’âge de 33 ans. Issue d’une double culture, française et marocaine, elle portait un intérêt tout particulier aux identités culturelles et à la migration. Des réfugiés syriens au Liban aux immigrants marocains prêts à tout risquer pour rejoindre l’autre rive de la Méditerranée, un regard suffit parfois pour se plonger dans l’histoire des sujets photographiés.
● Glenn Frey (1948-2016): gentleman des Eagles
Guitariste et membre fondateur du groupe emblématique du rock californien des années 1970, celui qui avait composé Hotel California a succombé à une pneumonie le 18 janvier, à l’âge de 67 ans. Don Henley et Glenn Frey, les leaders du groupe, n’ont jamais bénéficié du capital sympathie de figures comme Neil Young, Roger McGuinn et David Crosby, pionniers du country-rock californien. On sait à quel point les conflits d’ego ont émaillé la vie de ce collectif pendant toute son existence: «De toute façon, le groupe n’a jamais été conçu comme une démocratie», avouait Glenn Frey dans les années 1970.
● Gottfried Honegger (1917-2016): figure emblématique de l’art moderne
L’artiste suisse est décédé le 17 janvier à son domicile de Zurich, à l’âge de 98 ans. Il est l’un des premiers artistes à avoir recours à l’ordinateur pour développer ses recherches plastiques, au début des années 70. Gottfried Honegger réalise de nombreuses sculptures en acier, en granit, en béton. Ces pièces les plus récentes sont ouvragées en tôle laquée. Ce matériau lui permet de jouer avec le volume et de choisir des couleurs vives et joyeuses. L’été dernier, le Centre Pompidou à Paris avait d’ailleurs consacré une rétrospective dont plus d’une cinquantaine d’œuvres étaient exposées.
● Blowfly (1939-2016): un rappeur hors norme
De son vrai nom Clarence Reid, le pionnier du rap américain s’est éteint le 17 janvier en Floride, à l’âge de 76 ans. Le chanteur aux paroles sulfureuses et aux costumes de super-héros à paillettes est décédé des suites d’un cancer du foie. À l’annonce de son décès, Snoop Dog, Ice-T, Flea ont tous salué leur camarade disparu. Lui qui n’a jamais été numéro 1 devait sortir un album posthume en février.
● Hubert Giraud (1920-2016): l’auteur de l’éternel Mamy Blue
Le compositeur français est décédé le 16 janvier à l’âge de 94 ans. Musicien prolifique il a écrit pour les plus célèbres artistes de music-hall: Yves Montand, Fernandel, Édith Piaf, Luis Mariano, Dalida… Mais il restera pour la postérité, celui qui offrit à Nicoletta, son plus grand tube. En 1971, il adapte en tant qu’auteur, Mammy Blue de Joël Daydé, qui deviendra Mamy Blue en français. Cette chanson fera aussitôt de Nicoletta une des plus emblématiques vedettes des années 70.
● Alan Rickman (1946-2016): de Shakespeare à Harry Potter
Le monde du cinéma perd l’un de ses plus grands acteurs. Alan Rickman est décédé ce jeudi 14 janvier, à l’âge de 69 ans, des suites d’un cancer. Nombreux sont ceux qui s’en souviendront comme l’interprète du très célèbre professeur Severus Rogue, dans la saga Harry Potter, adaptée des romans de J.K. Rowling. Le comédien campera un rôle décisif durant dix ans, entre 2001 et 2011. Il s’est également fait connaître grâce à son rôle de Hans Gruber dans Piège de cristal (Die Hard) réalisé en 1988. Pour ce rôle, l’American Film Institute le classe à la 46e place du classement des 100 plus grands méchants de tous les temps.
● René Angélil (1942-2016): l’homme qui créa Céline Dion
Le mari et impresario de Céline Dion est décédé à 73 ans le 14 janvier. Discret et touche-à-tout, René Angélil, dans l’ombre de sa femme Céline Dion, a toujours veillé à ce que cette dernière ne s’égare jamais trop loin des sentiers de la gloire. Sur son compte Facebook, la chanteuse a annoncé: «C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons que René Angélil, 73 ans, est décédé ce matin à sa résidence de Las Vegas après un long et courageux combat contre le cancer. La famille souhaite vivre le deuil en toute intimité.
● David Bowie (1947-2016): l’icône rock britannique
Le chanteur iconoclaste s’est éteint le 10 janvier. Deux jours avant, il fêtait son 69e anniversaire. L’annonce a été faite via son site officiel et ses comptes Twitter et Facebook. «David Bowie est mort paisiblement aujourd’hui entouré de sa famille à l’issue d’un courageux combat de 18 mois contre le cancer», est-il expliqué brièvement. «Nous demandons à ce que tout le monde respecte la vie privée de la famille durant leur deuil.».En quarante ans de carrière, la star internationale a vendu plus de 140 millions d’albums dans le monde. Son 25e et dernier album, Blackstar, est sorti le 8 janvier, le jour de son 69ème anniversaire, deux jours avant sa disparition. Quelques minutes après l’annonce de sa disparition, les fans pleuraient déjà le roi de la pop, icône visionnaire et protéiforme.
● Otis Clay (1942-2016): légende de gospel et de la soul
Le chanteur américain de soul, blues et gospel, dont la carrière s’échelonne sur des décennies, est décédé à 73 ans. Le natif du Mississippi est mort «de manière inattendue», le 8 janvier, des suites d’une «crise cardiaque» indique sa maison de production Heart & Soul dans un message publié sur les réseaux sociaux samedi 9 janvier. Après avoir fait le bonheur de nombre de groupes de gospel, il enregistra son premier succès en 1967, That’s How It Is (When You’re In Love), sur le label One-derful! Records, plus tard racheté par Atlantic Records avec qui il connaîtra son plus grand hit, She’s About A Mover, une reprise de Sir Douglas Quintet.
● André Courrèges (1923-2016): couturier de l’ère moderne
Le créateur qui a bouleversé la mode s’est éteint le 7 janvier à l’âge de 92 ans. Il était l’icône de la révolution vestimentaire des années 1960: Pantalons, petites bottes plates, robes chasubles, body en tulle transparent, vinyle, mais aussi rose, rouge ou jaune vif. André Courrèges avait travaillé plus de dix ans chez Balenciaga avant de créer sa propre maison de haute couture et avait cessé ses activités professionnelles dans les années 1990.
● Yves Vincent (1921-2016): le colonel des Gendarmes de Saint-Tropez
L’acteur français est mort, mercredi 6 janvier, à l’âge de 94 ans. Il a joué notamment par deux fois, au cours sa longue et belle carrière, un superbe et magnanime colonel de gendarmerie au côté de Louis de Funès et Michel Galabru dans Le Gendarme se marie (1968) et Le Gendarme en balade (1970).
● Silvana Pampanini (1925-2016): premier sex-symbol du cinéma italien
Véritable phénomène de mœurs des années 50, l’actrice italienne avait tourné avec Gabin, Brasseur et Mastroianni, et ouvert la voie à Gina Lollobrigida et Sophia Loren. Elle s’est éteinte le 6 janvier à Rome à l’âge de 90 ans. Ses participations à l’excellent polar de Luigi Zampa Les coupables (1952) et à La strada lunga un anno (1958) demeureront dans les mémoires. Brune pulpeuse, elle a joué aux côtés de Marcello Mastroianni, Jean Gabin, Vittorio De Sica, Vittorio Gassman ou Pierre Brasseur.
● Pierre Boulez (1925-2016): l’étoile symphonique
Le célèbre compositeur et chef d’orchestre français est décédé le 5 janvier 2016 à l’âge de 90 ans. Il était considéré comme le plus grand compositeur-chef d’orchestre de la deuxième moitié du XXe siècle. À 8 ans, il jouait des pièces de Frédéric Chopin, à 15 ans il obtenait son baccalauréat et à 21 ans composait sa Première Sonate pour piano, œuvre encensée et jouée dans le monde entier. Jugeant trop conservateur le monde musical français, Pierre Boulez s’était exilé à Baden-Baden, ville thermale proche de la frontière française, à l’aube des années 1960.
● Robert Stigwood (1934-2016): le mythique manager des Bee Gees
Le producteur musical s’est éteint lundi 4 janvier à l’âge de 81 ans. Son nom n’est pas le plus connu du grand public, mais il a été l’une des personnalités les plus influentes du monde de la musique dans les années 1960 et 1970. Le producteur de musique australien Robert Stigwood, notamment connu pour avoir été le manager des Bee Gees.
● Michel Galabru (1922 -2016): un géant au cœur tendre
Le comédien aux 250 films est mort à 93 ans, le 4 janvier. Il s’est éteint dans son sommeil. L’annonce de sa disparition a attristé la France entière. Il avait mis sa faconde au service de nombreuses œuvres de répertoire et de boulevard, de films très grand public comme la série des Gendarmes de Jean Girault ou plus exigeants comme Le juge et l’assassin de Bertrand Tavernier, qui lui avait valu un César du meilleur acteur en 1977. Son tempérament comique et son physique truculent en faisaient un des acteurs français de théâtre et de cinéma les plus populaires.
● Michel Delpech (1946 -2016): l’homme qui a réconcilié populaire et élégance
Touché une première fois par un cancer de la gorge et de la langue en février 2013, l’interprète de Chez Laurette avait connu ces derniers mois une récidive et était hospitalisé à l’hôpital de Puteaux. Il décède le 2 janvier à 69 ans d’un cancer fatal. Dans ses chansons, il a fait la chronique de la France des années 70, de la nouvelle conception de la famille à l’exode rural en passant par l’écologie, avec Les Divorcés, Le Loir-et-Cher, le Chasseur, Pour un flirt, Wight is Wight ou Quand j’étais chanteur. Devenus des classiques indémodables.
● Vilmos Zsigmond (1930-2016): précurseur du Nouvel Hollywood
Chef opérateur de haut vol, Vilmos Zsigmond s’est éteint le 1er janvier 2016 à l’âge de 85 ans, «d’une combinaison de plusieurs maladies». Le directeur de la photographie qui avait participé à la naissance du Nouvel Hollywood a été consacré en 1977 par l’Oscar de la meilleure photographie pour le film Rencontre du troisième type (1977) de Steven Spielberg. Il avait reçu trois autres nominations pour ses collaborations à Voyage au bout de l’enfer (1979), La Rivière (1985), et Le Dahlia noir (2007).
Comments
0 comments