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Cameroun: retour sur l’inaprivoisable révolutionnaire africain, Jean Marc Ela, décédé en decembre 2008

A Vancouver au Canada le 26 décembre 2008 tombait l’inflexible révolutionnaire africain jean marc Ela, loin de son pays natal et de son continent chéris auxquels il a consenti tant de sacrifices toute sa vie ; un homme comme il faut, un homme-phare dévoué à l’Afrique qui hésite, titube et refuse d’avancer.

Le théologien et sociologue Jean Marc Ela était un homme complètement au service de l’Afrique et de son bas-peuple. C’était un homme très courageux, discret, ouvert, secret, et collé au concret ; un esprit qui, même du fond des situations désespérantes, restait calme et maintenait l’espoir debout telles les épines d’un porc-épic dérangé sur la défensive.

Ses admirateurs se recrutaient parmi les paysans, les citadins, les étudiants, intellectuels, prisonniers, taximen, vendeurs à la sauvette, jeunes, vieillards. Tous ces gens ont bu et rebu à la grande et puissante rivière de son intelligence et de sa sagesse, directement ou indirectement, avec gratitude ou ingratitude.
La jeunesse africaine patriote et progressiste devra continuellement boire au fleuve de ses enseignements, de son mode de vie, de son sens du sacrifice et se mettre au service des autres de façon désintéressée. Si l’Afrique doit chanter d’une seule voix, danser d’un même pied et avancer en ordre, elle doit aussi se ressourcer dans la pensée Elaïenne.

L’Africain patriote et progressiste doit s’inspirer de la vie et de l’œuvre de ce révolutionnaire, doit apprendre à partager, à se respecter et à respecter les autres, doit savoir approcher la différence, fuyant la démesure en toute chose et cultivant l’élévation de soi, la sobriété et la fuite des futilités.

Nos échecs en Afrique –il faut le souligner –sont liés à ce que les Africains, bien que sachant où ils veulent aller, ne se dotent pas des moyens nécessaires et suffisants pour y arriver ; ils trichent et se trichent, ils ne tirent pas de leçons du passé, ils se découragent, se désengagent et se dégagent vite.

Ainsi, la plupart des combats tous azimuts d’édification et de libération entrepris sont toujours si souvent voués au fiasco. L’Afrique n’aura pas de salut aussi longtemps que ses enfants au « front » n’apprendront pas à agir et vivre à la manière Elaïenne.
Regardons le train de vie de nos dirigeants politiques et de nombreux leaders économiques et religieux ; mais c’est scandaleux ! C’est la dérive totale ! Quels enseignements donnent-ils aux jeunes en particulier et à leurs populations en général ?
Regardons nos populations et notre jeunesse africaines ! Comment peut-on développer un continent avec des gens qui ont les yeux et les oreilles toujours tournés vers les choses de l’extérieur, toujours rivés sur ce qui est fabriqué par l’étranger à l’étranger ?

Sur les nouvelles coupes de costumes et de véhicules étrangers les Africains sautent. Sur les produits alimentaires d’ailleurs, ils se précipitent. Sur les produits cosmétiques et biens de consommation divers ils se ruent.

Sur les cultures, les musiques et arts étrangers au détriment des leurs, ils se bousculent. Les vins et champagnes couteux d’ailleurs –véritables gouffres pour les devises nationales –les émerveillent et ils s’y noient. L’exemple ne vient-il pas de ceux qui les gouvernent ?

Mais voyons ! Peut-on développer et se développer sans aimer et valoriser ce que l’on a, ou sans mettre en action son génie pour contourner les biens dispendieux d’ailleurs ?

C’est un tel train de vie, la haine et le mépris de l’autre et le goût d’infliger des souffrances aux autres, que le révolutionnaire africain Jean Marc Ela a passé sa vie à dénoncer et à combattre tout en en prescrivant des voies de sortie claires.
Malheureusement, les autorités de son pays d’origine n’ont pas supporté ses idées progressistes libératrices. Ses appels à la compréhension, à l’humanisme et à la vertu lancés aux pilotes de la violence et de la mort au pouvoir ont reçu plutôt un silence total et pesant quand ça n’a pas été pour susciter des coups et menaces de mort plus ouverts et décisifs à son encontre.

Des années et des années après avoir été persécuté, pourchassé ou poursuivi par une engeance sans scrupule sans conscience au pouvoir, il comprit qu’il n’était plus loin de subir le sort tragique qu’avaient déjà connu Mgr. Yves Plumey, Joseph Mbassi, Engelbert Mveng, etc.

Sous l’assommoir des menaces de mort et de façon impromptue, il se vit forcé par le régime despotique de Yaoundé de se réfugier au Canada le 06 aout 1995.
C’est en novembre 2006 que je revois à Boston ce révolutionnaire africain que j’avais connu en 1991 à l’université de Yaoundé. Quand je le revis, il était –je vais le dire sans ambages –tel un têtard hors de l’eau bouté.

Je l’ai revu, tordu, fondu et fendu par les haches impitoyables de solitude, de nostalgie et d’exil forcé, loin de son Cameroun natal et de son continent ténébreux, bruyant et saignant, qui l’occupait et le préoccupait tant.

Après de fausses rumeurs sur sa mort, le 26 décembre 2008 vint mettre définitivement fin à celles-ci. C’est un autre Baobab africain du Cameroun qui tombait loin du nit natal, exclu par des forces despotiques occultes qui fourmillent en Afrique, emprisonnent, freinent et souvent empêchent les progrès.

Mais, il y a et il y aura toujours assez de ressources à puiser dans la vie et l’œuvre du sociologue théologien et révolutionnaire africain Jean Marc Ela pour rester dans ce combat jusqu’à la défaite totale de ces êtres de nuit qui captent et ingurgitent notre soleil, détournant ainsi le jour africain de poindre.

Avant d’aller se mettre à l’ombre, Jean marc Ela nous a laissé toute la lumière nécessaire pour nous éclairer et éclairer pour sortir de toutes les ténèbres qui nous entourent. Mais encore faut-il que nous ayons la volonté et le courage de nous purifier pour pouvoir la porter et nous mettre en route.

© Correspondance : Leon Tuam

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