Le Monde avec AFP
La tentative visait le gouvernement de transition mis en place après l’éviction, en mars 2019, du président Omar Al-Bachir, renversé après trente ans de règne sans partage. L’action a été commanditée par le clan de ce dernier.
Une tentative de coup d’Etat a eu lieu au Soudan, mardi 21 septembre dans la matinée, avant d’être « maîtrisée », ont annoncé les autorités soudanaises. Elle a été « menée par un groupe d’officiers des forces armées et de civils issus de l’ancien régime » et « onze officiers et plusieurs soldats ayant participé au complot manqué » ont été arrêtés, a précisé à la télévision d’Etat le ministre de l’information, Hamza Baloul.
Chef de l’armée et du Conseil souverain, Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane s’est lui rendu au campement militaire d’Al-Shajara, au sud de la capitale, soupçonné d’avoir été le point de départ de la fronde. « Si elle avait abouti, cette tentative aurait eu des conséquences destructrices pour l’armée, les forces régulières et le pays », a-t-il déclaré, s’adressant aux soldats.
Les auteurs du complot « ont bien préparé » leur projet, a souligné le premier ministre Abdallah Hamdok dans un discours télévisé. Il a mentionné « la détérioration de la sécurité (…) le blocage de routes, la fermeture de ports et l’incitation continue contre le gouvernement civil », alors que des protestataires bloquent depuis vendredi les infrastructures de Port-Soudan, poumon économique du pays, pour dénoncer un récent accord de paix avec des rebelles.
Cette tentative de coup d’Etat a été condamnée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a mis en garde contre tout ce qui saperait la « transition politique ». Pour sa part, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a encouragé tous les acteurs à « se tenir fermement aux côtés des autorités légales de la transition ».
Une transition politique fragile
La tentative de coup d’Etat visait le gouvernement de transition mis en place après l’éviction, en mars 2019, du président Omar Al-Bachir, renversé après trente ans de règne sans partage. Le Soudan connaît depuis une transition fragile caractérisée par des difficultés économiques et de profondes divisions politiques. Ces derniers mois, le gouvernement a entrepris une série de réformes économiques difficiles pour pouvoir bénéficier d’un programme d’allégement de la dette du Fonds monétaire international (FMI).
Ces mesures comprenant la réduction des subventions et l’instauration d’un flottement contrôlé de la monnaie locale ont été jugées trop sévères par de nombreux Soudanais. Des manifestations sporadiques ont récemment eu lieu dans tout le pays pour protester contre les mesures soutenues par le FMI et l’augmentation du coût de la vie.
Le Soudan a connu plusieurs coups d’Etat au XXe siècle, dont le dernier en date – un putsch militaire avec le soutien des islamistes – a porté M. Bachir au pouvoir en 1989. Emprisonné à Khartoum depuis sa destitution, ce dernier est actuellement jugé pour sa participation à ce même coup d’Etat.
Le titre est de la rédaction
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