Un premier bilan s\u00e9v\u00e8re. Dans son rapport annuel rendu public jeudi, Amnesty International d\u00e9plore que la France ne joue pas le r\u00f4le exemplaire qu\u2019elle devrait. Certes, dans le sombre panorama mondial dress\u00e9 par l\u2019organisation, l’Hexagone n\u2019est pas le th\u00e9\u00e2tre des pires violations. Mais elle pourrait faire plus, y compris sur son propre territoire. \u00abEmmanuel Macron avait port\u00e9 des messages forts en mati\u00e8res de droits humains. Neuf mois apr\u00e8s son \u00e9lection, force est de constater que ce discours ne s\u2019est pas traduit dans les faits\u00bb<\/em>, juge la directrice de l\u2019action d\u2019Amnesty International France, Catherine Gaudard.<\/p>\n Il y a d\u2019abord les droits des exil\u00e9s. Le projet de loi asile et immigration, pr\u00e9sent\u00e9 mercredi en Conseil des ministres, en est l\u2019illustration\u00a0: \u00ables r\u00e9fugi\u00e9s sont prot\u00e9g\u00e9s tandis que les migrants sont \u00e9loign\u00e9s\u00bb<\/em>, analyse Gaudard, regrettant \u00able discours r\u00e9ducteur et n\u00e9faste\u00bb<\/em> qui oppose les premiers aux seconds. L\u2019organisation critique aussi l\u2019externationalisation de la politique migratoire europ\u00e9enne \u00e0 des Etats tiers, comme la Libye, sans exiger de garanties sur le respect des droits humains. Ces politiques migratoires, \u00abdestin\u00e9es \u00e0 emp\u00eacher l\u2019arriv\u00e9e \u00e0 nos fronti\u00e8res de r\u00e9fugi\u00e9s\u00bb<\/em>, sont tout simplement \u00abd\u00e9sastreuses\u00bb<\/em> pour la pr\u00e9sidente d\u2019Amnesty France, C\u00e9cile Coudriou.<\/p>\n Le nouveau pr\u00e9sident fran\u00e7ais d\u00e9\u00e7oit aussi l\u2019ONG par les atteintes continues aux libert\u00e9s publiques, au nom de la lutte contre le terrorisme. Et ce alors que Macron avait pris des engagements fermes pendant la campagne, notamment sur l\u2019\u00e9tat d\u2019urgence. Le 1er<\/sup>\u00a0novembre, l\u2019ex\u00e9cutif a lev\u00e9 cet \u00e9tat d\u2019exception, mais en a inscrit dans le droit commun une version l\u00e9g\u00e8rement \u00e9dulcor\u00e9e. Perquisitions administratives, assignations sur un territoire et fermetures de lieux de cultes sont entr\u00e9es dans l\u2019arsenal ordinaire des forces de l\u2019ordre, critique Amnesty.<\/p>\n Bien s\u00fbr, la situation est autrement plus pr\u00e9occupante ailleurs\u00a0: aux Philippines, o\u00f9 le pr\u00e9sident Duterte est engag\u00e9 dans une sanglante guerre contre la drogue, en\u00a0Birmanie, o\u00f9 le \u00abdiscours de haine contre les Rohingas et le syst\u00e8me s\u2019apparentant \u00e0 l\u2019apartheid sont tels qu\u2019ils correspondent \u00e0 des crimes contre l\u2019humanit\u00e9\u00bb<\/em>, selon C\u00e9cile Coudriou. Ou encore en Egypte et en Chine, dont les r\u00e9gimes multiplient les atteintes aux droits humains.<\/p>\n Mais sur ces sujets aussi, la France ne s\u2019implique pas assez, consid\u00e8re l\u2019ONG. Amnesty note ainsi avec satisfaction le \u00abvolontarisme\u00bb<\/em> affich\u00e9 par Macron, qui a abord\u00e9 la question des droits humains avec Poutine ou Erdogan\u2026 tout en relevant une attitude bien diff\u00e9rente lorsque des int\u00e9r\u00eats commerciaux hexagonaux sont en jeu. C\u2019est le cas de l\u2019Egypte, important client des armes tricolores depuis\u00a02015, et de son pr\u00e9sident Sissi, \u00e0 qui Macron a dit ne pas vouloir donner des le\u00e7ons. \u00abIl est difficile de voir une ligne claire dans la politique de Macron\u00bb<\/em>, regrette Catherine Gaudard.<\/p>\n \u00abEn Egypte, il est av\u00e9r\u00e9 que le r\u00e9gime r\u00e9prime la population, il y a un risque que les armes fran\u00e7aises soient utilis\u00e9es\u00bb,<\/em> poursuit-elle. De m\u00eame au Y\u00e9men, ravag\u00e9 par la guerre dans laquelle s\u2019est engag\u00e9e la coalition dirig\u00e9e par l\u2019Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, tous deux acheteurs d\u2019armes fran\u00e7aises. \u00abLe trait\u00e9 sur le commerce des armes [auquel la France est partie, ndlr] impose de prendre en compte le risque de violation des droits humains dans les transferts d\u2019armes\u00bb<\/em>, insiste Gaudard. Interrog\u00e9e sur ces ventes \u00e0 Riyad et Abou Dhabi, la ministre des Arm\u00e9es, Florence Parly, affirmait r\u00e9cemment que ces armes \u00abn\u2018\u00e9taient pas cens\u00e9es \u00eatre utilis\u00e9es\u00bb<\/em>\u2026<\/p>\n Seule note d\u2019espoir pour Amnesty\u00a0: les mobilisations spontan\u00e9es pour d\u00e9fendre les droits humains. Par exemple en France, o\u00f9 des cord\u00e9es citoyennes se sont constitu\u00e9es pour assister les migrants dans les Alpes. L\u2019organisation rappelle n\u00e9anmoins que certains, C\u00e9dric Herrou ou la responsable d\u2019Amnesty Martine Landri, sont poursuivis par les autorit\u00e9s fran\u00e7aises pour ces \u00e9lans de solidarit\u00e9.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Dans son rapport annuel rendu jeudi, l’organisation non-gouvernementale dresse un panorama sombre des droits fondamentaux dans le monde. Et n’\u00e9pargne pas la France. Un premier bilan s\u00e9v\u00e8re. Dans son rapport annuel rendu public jeudi, Amnesty International d\u00e9plore que la France ne joue pas le r\u00f4le exemplaire qu\u2019elle devrait. Certes, dans le sombre panorama mondial dress\u00e9 […]<\/p>\n","protected":false},"author":323,"featured_media":34930,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[43],"tags":[229,1044,76],"yoast_head":"\nAtteintes continues aux libert\u00e9s publiques<\/h3>\n
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