Les députés ont voté la loi sur les unions gays, après des mois d’opposition parlementaire et dans la rue.
«Les renvois ? Basta.» Le tweet de Maria Elena Boschi, la ministre chargée des Relations avec le Parlement, avait annoncé mardi la couleur. Après des mois de batailles parlementaires houleuses, c’est en force que Matteo Renzi a fait adopter ce mercredi la loi sur les unions gays, attendue depuis près de deux décennies par les associations homosexuelles. Le gouvernement a posé la question de confiance à la chambre des députés comme il l’avait fait, fin février, au Sénat. Le projet de loi a ainsi été voté par 369 voix contre 193.
En réalité, le jeune président du Conseil savait pertinemment qu’il disposait d’une large majorité mais la discussion autour du projet de loi risquait de s’éterniser dans l’hémicycle. Toute modification du texte aurait, qui plus est, entraîné un renvoi ultérieur devant la chambre haute. Matteo Renzi a donc opté pour l’accélération de l’adoption définitive des unions civiles qui met fin à une anomalie italienne, celle d’être le dernier grand pays d’Europe occidentale à ne reconnaître aucun statut aux couples homosexuels.
Adoption abandonnée
Politiquement, la décision permet aussi au président du Conseil d’envoyer un signal à son électorat de gauche à l’approche de délicates municipales partielles prévues en juin. Et cela alors que la loi sur les unions civiles a déjà été revue à la baisse au cours de son examen au Sénat après l’offensive de l’Eglise catholique, d’une bonne partie de l’opposition de droite et même de certains parlementaires de la majorité de centre gauche.
Au bout du compte, les unions gays qui seront célébrées par un officier d’état civil prévoient entre autres le bénéfice de la pension de réversion, le droit de visite dans les hôpitaux, le partage du nom de famille ou encore l’obtention du titre de séjour pour le conjoint étranger. Mais la possibilité d’adopter les enfants naturels du conjoint a été abandonnée. Ce qui fait dire à l’Arcigay, la principale association de défense des personnes homosexuelles que «le verre est encore à moitié vide».
«En retard de vingt ans»
Le monde LGBT est d’ailleurs divisé. «C’est un jour de fête, ce texte est un premier pas. Nous avons attendu tellement longtemps. Matteo Renzi a été exceptionnel. Il a fait ce qu’il a pu», s’enthousiasme Ivo, un quadragénaire d’Aoste, venu fêter le vote dans le petit quartier gay de Rome, à proximité du Colisée. D’autres, apparemment minoritaires, sont sceptiques, comme Carlo, un jeune étudiant en économie : «Encore une fois, on nous traite comme des gens différents. Nous n’avons pas le même droit au mariage. L’Italie reste en retard de vingt ans sur les autres pays. Et à l’avenir, la droite et le Vatican nous renverrons à la figure les unions civiles pour nous dire que c’est bien assez.»
En réalité, les opposants aux unions gays n’ont pas encore désarmé sur cette première avancée. Les défenseurs de la famille traditionnelle qui avaient fait descendre plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la rue en février à Rome envisagent de réclamer un référendum abrogatif. La hiérarchie catholique fait aussi entendre sa voix. Pour l’archevêque de Monreale, Michele Pennisi, le recours au vote de confiance pour cette«loi injuste» est le signe «d’un fascisme rampant». Quant au candidat du centre droit aux élections de Rome, Alfio Marchini, il a déclaré : «Si je suis élu, je ne célébrerai jamais les unions homosexuelles au Capitole.»
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