Par Olivier Bilé, président de l’Union pour la Fraternité et la Prospérité
Dans la soirée du vendredi 3 juillet 2015, le président français François Hollande a effectué une visite d’Etat plutôt météorique au Cameroun. A cette occasion, François Hollande et son hôte camerounais Paul Biya ont accordé un échange à la presse, dont l’UFP, parti du Cameroun aspirant à un autre destin, livre sa réaction à l’opinion publique camerounaise à travers le présent communiqué.
1. Graves contradictions discursives à propos du nationalisme camerounais
Lorsque François Hollande reconnaît explicitement la tragique répression à travers les crimes qui furent commis en Sanaga maritime et en pays bamiléké, lorsque au moment de porter son toast dans le cadre du dîner d’Etat, Paul Biya parle du prix fort payé par le Cameroun lors des luttes d’indépendance, cad, par les nationalistes camerounais, lorsqu’on se souvient qu’il ya quelques mois encore, le même Paul Biya laissait échapper le fond de sa pensée et de son ancrage idéologique françafricaniste en affirmant que «si nous avons vaincu le maquis à l’époque des indépendances, ce n’est pas le Boko haram qui va nous dépasser», nous relevons là de graves contradictions discursives qui confondent le régime actuel de Yaoundé tout en ayant de quoi inquiéter l’opinion la plus attentive. Au lieu de ce discours roublard et opportuniste, variant au gré des situations, nous attendons du président et de son régime constance, cohérence et capacité à assumer leurs choix et responsabilités politiques historiques.
2. Elusion du débat et de la controverse grandissante sur la captivité monétaire par le Franc CFA
Au moment où, à travers réseaux sociaux planétaires, médias nationaux et transcontinentaux, le discours du Pr Joseph Tchundjang Pouemi sur la servitude monétaire de l’Afrique du franc CFA a pris une ampleur sans précédent, au moment où la surmédiatisation de ce discours fait partie des motifs de froid diplomatique entretenu entre Paris et Yaoundé, il est navrant de constater l’attitude d’esquive, de dérobade et d’élusion qui a été consacrée à cette vitale et cruciale question qui est du reste au cœur de la problématique coloniale camerounaise à peine effleurée par le Chef d’Etat français. La question de l’autodétermination pleine et entière du Cameroun, notamment dans ses aspects monétaires, loin d’être un sujet facultatif ou périphérique, est désormais un des déterminants majeurs de l’avenir de notre pays. Elle pose par ailleurs et clairement le problème de la nouvelle élite politique, en rupture avec la culture néocoloniale, cad, une élite jeune, moderne, instruite et cultivée, pétrie de valeurs et totalement décomplexée à l’endroit de l’occident, dont notre pays a besoin pour affronter victorieusement les défis de la mondialisation en ce XXIe siècle bien entamé. Nos parents et nos aînés de « l’ancien régime », plutôt souvent favorables aux archaïsmes de la françafrique ainsi qu’à toute la mécanique culturelle et philosophique qu’elle charrie, sont manifestement disqualifiés pour négocier un tel virage en vue de changer profondément le destin de notre pays. La retraite plus ou moins annoncée par lui-même de Paul Biya à l’horizon 2018 peut à cet égard, être considérée comme une perspective salutaire pour la jeunesse et le peuple du Cameroun tout entier.
3. L’autodétermination monétaire, économique et politique du Cameroun dans une relation qui restera féconde et fructueuse avec la France
On pourrait naturellement épiloguer sur d’autres aspects liés à cette visite. Mais cela aurait-il vraiment de l’importance ? Rien n’est moins sûr. Ce qui nous semble utile à retenir c’est que le Cameroun ne vit point ni dans l’acrimonie ni dans le ressentiment à l’égard des dérives et errements du colonialisme et du néocolonialisme français. Il aspire simplement à un autre destin ainsi qu’à une légitime prospérité, lesquels passent notamment par son autodétermination totale et entière sur les divers plans monétaire, économique, culturel et politique dans une relation qui restera, nous le souhaitons, fécondante, respectueuse, fructueuse et mutuellement bénéfique avec la France ainsi que ses autres partenaires étrangers.
Que Dieu bénisse le Cameroun!
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