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Chantage présumé du roi Mohamed VI du Maroc: le point sur l’affaire des deux journalistes

Traquenard ou chantage scandaleux ? Alors que le Maroc accuse deux journalistes français d’avoir voulu faire chanter le roi Mohammed VI, les journalistes dénoncent un « piège »… tout en reconnaissant un «accord financier».

Le déroulé des faits

Selon les dires de l’avocat du royaume marocain, l’approche des journalistes s’est déroulée en trois temps. Le 23 juillet 2015, Eric Laurent contacte une première fois le cabinet royal marocain en indiquant qu’il prépare un livre. Une première rencontre est organisée à Paris avec un représentant du Maroc. Le rendez-vous a lieu le 11 août au bar du Royal Monceau entre l’avocat et le journaliste Eric Laurent, venu seul, dévoile le JDD. Mais selon l’hebdomadaire, l’avocat aurait caché dans sa poche un smartphone en mode enregistrement. Le 20 août, le pouvoir marocain dépose plainte contre les deux journalistes pour « chantage, extorsion de fonds et association de malfaiteurs ». Dernier rendez-vous : le 27 août, pendant lequel les journalistes se seraient engagé à ne rien écrire contre le royaume marocain… contre 2 millions d’euros. Eric Laurent et Catherine Graciet sont mis en examen dans la nuit de vendredi à samedi 29 août pour chantage et extorsion de fonds. Ils ont été laissés libres sous contrôle judiciaire.

Que dévoilent les enregistrements ?

Ce dimanche, le Journal du Dimanche dévoile des enregistrements clandestins qui prouveraient que les journalistes ont bien conclu un deal financier de 2 millions d’euros pour abandonner leur projet de livre à charge. Dès le premier rendez-vous, Eric Laurent aurait exigé une manne d’argent contre son silence : « Je veux trois. – Trois quoi, Trois mille ?, interroge l’avocat. – Non, trois millions. – Trois millions de dirhams ? – Non, trois millions d’euros », aurait déclaré Eric Laurent. Lord d’une deuxième rencontre, le 21 août toujours au Royal Monceau, l’avocat aurait tenté d’en savoir plus que ces « informations gênantes » et sur le degré d’implication de Catherine Graciet. Eric Laurent lui aurait alors assuré qu’elle était au courant « pour les 3 millions » et d’accord avec leur deal. Enfin, l’enregistrement du 27 août prouverait que les deux journalistes auraient demandé deux millions d’euros, un chacun, et une avance contre la garantie qu’ils ne publieraient pas cet ouvrage. Le JDD assure avoir eu accès à un document dans lequel les journalistes s’engagent à ne plus rien publier sur royaume du Maroc « directement ou indirectement ». En contrepartie,ils auraient touché une avance de 40.000 euros chancun, en petites coupures. Mais à la sortie du palace, les deux journalistes sont interpellés.

Qui sont les deux journalistes ?

Eric Laurent, 68 ans, est à la fois grand reporter (il a collaboré avec France Culture et Le Figaro Magazine notamment) et spécialiste de politique étrangère. Auteur de deux ouvrages sur les Bush, mais aussi de La face cachée du 11 septembre et en 2006 de La face cachée du pétrole, le journaliste connaît bien le Maroc. Il a publié en 1993 un livre d’entretiens avec l’ancien monarque Hassan II, père de l’actuel roi. Début 2012, il a écrit, déjà avec Catherine Graciet, un livre accusateur contre Mohammed VI, « Le roi prédateur ». Un ouvrage qui jetait la lumière sur la façon dont le monarque marocain se serait enrichi sur le dos de ses sujets. Un livre interdit au Maroc. Mais les deux journalistes souhaitaient donner une suite à cet ouvrage avec un nouveau livre sur le sujet qui devait paraître en janvier ou février 2016.

Catherine Graciet, journaliste spécialiste du Maghreb, a, elle, travaillé au Maroc pour le Journal hebdomadaire. Elle avait également publié avec le journaliste Nicolas Beau Quand le Maroc sera islamiste en 2006.
La défense des deux journalistes

Chantage ou pas ? C’est toute la question de cette affaire rocambolesque. Via son avocat William Bourdon, Eric Laurent a contesté samedi toute infraction. Certes, il a bien cherché un « accord financier » avec le Maroc autour de son livre, mais sans chantage. Il a au contraire dénoncé un « traquenard » et une « manipulation » de Rabat, assurant qu’il réclamera un non-lieu. De son côté, l’avocat de Catherine Graciet assure au JDD que sa cliente « a été au rendez-vous pour voir, en tant que journaliste et nie » tout chantage ou extorsion de fonds.

Un contexte tendu

Cette affaire rocambolesque intervient alors que les relations, souvent passionnées, entre le royaume chérifien et la France connaissent une embellie, après plus d’un an de brouille provoquée par une autre affaire judiciaire, une enquête française portant sur des accusations de torture à l’encontre du chef du contre-espionnage marocain.

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